Martin Ajdari (ARCOM) plaide pour la modernisation indispensable de la radio

radio
(©  Eric Nopanen, Unsplash)

Le président de l’ARCOM, Martin Ajdari, a plaidé jeudi pour une accélération du déploiement du DAB+, une adaptation du cadre réglementaire de la radio et un effort collectif pour accompagner la transition numérique du média. Mentions légales, exposition musicale, distribution en ligne, autant de chantiers que le régulateur entend accompagner.

Dans le cadre des Assises de la radio, le président de l’ARCOM, Martin Ajdari, a dressé jeudi un panorama du média aujourd’hui écouté par près de 39 millions d’auditeurs quotidiens, dont 10 millions pour les radios locales. Si pour lui, la radio est un « média de masse, de proximité, de mobilité et d’intimité », il n’en reste pas moins aux prises avec des mutations, notamment celle de la remise en question du modèle traditionnel hertzien linéaire ainsi que la montée de l’écoute via internet (IP), ce qui n’est pas sans conséquences sur l’audience cumulée quotidienne en baisse de 14,5 points depuis 2003, sur la durée d’écoute, en recul de près de 20 minutes par auditeur, ou encore la baisse annuelle moyenne de 2% des recettes publicitaires entre 2012 et 2022.

Dans ce contexte, le président de l’ARCOM a appelé de ses vœux, face à la concurrence accrue, dans la bataille de l’attention, des plateformes numériques, à la modernisation de la diffusion, pointant ainsi le nécessaire déploiement du DAB+ avec pour objectifs d’à la fois augmenter l’offre dans un contexte de saturation de la bande FM mais aussi de garantir l’universalité, la gratuité, la maîtrise de la distribution et la qualité de service. Il en a profité pour rappeler que le livre blanc dédié au média radio publié en juin 2024 avait proposé un calendrier en deux temps : créer un environnement favorable à la transition entre 2025 et  2027 ; puis accompagner la transition jusqu’en 2034. « Je veux souligner (..) que ce calendrier est là pour guider, non pour contraindre, a fortiori dans un contexte économique incertain. Car l’enjeu n’est pas de fragiliser le média radio, mais d’en élargir l’audience », soutient le président de l’ARCOM. Quoi qu’il en soit, M. Ajdari se dit attentif aux annonces récentes de Radio France sur ses « inflexions de la stratégie de diffusion », notamment l’abandon par Mouv’ de sa diffusion en FM au bénéfice du numérique. Les fréquences ainsi laissées vacantes seront « analysées avec attention, au regard notamment des équilibres du marché », relève-t-il. « C’est un mouvement dont on comprend l’intérêt pour l’entreprise (Radio France, NDLR), compte tenu de ses missions, de ses priorités et de ses contraintes ; il pourrait aussi être une étape significative de préparation à la transition numérique du secteur », plaide Martin Ajdari. Pour autant, le déficit de notoriété du DAB+  ou encore le niveau d’équipement de réception des Français en la matière pèsent encore lourd dans la balance de son développement. Le président de l’ARCOM annonce ainsi la création d’un groupe de travail de suivi du livre blanc de la radio, avec la DGMIC et  « Ensemble pour le DAB+ » dont la première réunion se tiendra avant l’été.

Les mentions légales, toujours et encore un sujet

Par ailleurs, Martin Ajdari s’est attaqué au sujet sensible des mentions légales en radio dont «  chacun s’accorde à reconnaître les limites dans leur format actuel ». Mais il faut, selon lui, « ne pas de renoncer à l’objectif de protection du consommateur (…) mais trouver une manière moins pénalisante pour tous d’atteindre » celui-ci. Il souligne par ailleurs le rapport de plusieurs inspections ministérielles qui envisage la suppression de certaines de ces mentions, en la conditionnant à une information suffisante du consommateur en ligne. « Jouer ainsi sur les complémentarités entre les supports me semble une idée très intéressante, j’encourage les éditeurs à approfondir, en étant force de proposition. Nous soutiendrons de notre côté toute initiative législative qui permettra d’alléger ces mentions, sans en rabattre sur les objectifs de politique publique », ambitionne M. Ajdari. Il met cependant en garde et appelle à une certaine vigilance sur la directive sur le crédit aux consommateurs afin d’éviter un alourdissement des mentions légales.

Vers un dispositif des Services d’intérêt général (SIG) étendu à la radio ?

Enfin, pour le président de l’ARCOM se pose le sujet des règles d’exposition de la musique à la radio. Il fait ainsi le constat avec le Centre national de la musique (CNM), de la « nécessité de repenser, ou de mettre à jour », le cadre dans lequel s’organisent la découverte, l’exposition et l’éditorialisation des œuvres musicales, dans tous les médias – TV et radio publics et privés, plateformes numériques gratuites et payantes. « Et de s’assurer que nos dispositifs de soutien et de régulation demeurent pertinents dans un contexte qui a beaucoup évolué », insiste-t-il. Les contours de cette réflexion seront d’ailleurs précisés avant l’été. De même, concernant le sujet de la régulation, Martin Ajdari souligne que le Royaume-Uni a adopté une réglementation protégeant les radios contre les distributeurs tentés de leur faire payer la reprise de leur signal. Avec les enceintes connectées et les systèmes embarqués, « un tel dispositif a du sens », relève-t-il. « Nous sommes prêts à y travailler, dans la perspective de la révision de la directive SMA, qui pourrait aussi être l’occasion d’étudier l’opportunité d’une extension du dispositif des services d’intérêt général à la radio », conclut-il.

À lire aussi

Filtrer par