Martin Bouygues : « je comprends que la fusion TF1/M6 puisse soulever des interrogations »

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Martin Bouygues auditionné en ligne par le Sénat le 18 février 2022

Auditionné en ligne vendredi par la commission d’enquête sénatoriale sur la concentration des médias en France, Martin Bouygues, président du groupe Bouygues, propriétaire du groupe TF1, n’a pas esquivé le sujet médiatique qui va focaliser les regards ces prochains mois : le rapprochement TF1/M6. «Je comprends que cela puisse soulever des interrogations », dit-il. Mais « la télévision fait face à la plus grande mutation de son histoire. Il est indispensable de croitre pour préparer l’avenir », avance-t-il. Si pour lui le modèle économique du petit écran « se grippe », le cercle vertueux d’une audience forte qui créée des revenus publicitaires intéressants qui financent eux-mêmes les contenus, marque le pas. « Le nombre moyen des 25-49 ans devant TF1, en prime time, a baissé de 38% entre 2011 et 2021 » tandis que les recettes publicitaires « stagnent », pointe-t-il. Alors que, parallèlement, les coûts de fabrication des fictions ont progressé, tout comme ceux des droits sportifs. Et de mettre en avant : « la capitalisation boursière de Netflix est 100 fois supérieure à celle de TF1 ». Dans ce contexte, selon le dirigeant, il ne s’agit pas de « grossir pour grossir », mais de faire « pivoter » le groupe audiovisuel privé, ancré dans le territoire national, avec un profil « hybride », fait de linéaire et non-linéaire.

« Xavier Niel ramène tout à des affaires d’argent, son argent »

Martin Bouygues a par ailleurs vivement réagi à l’audition, peu avant la sienne vendredi, de Xavier Niel, patron-fondateur de Free, sur son opposition farouche à cette fusion entre TF1 et M6. « J’ai été un peu choqué », indique-t-il, « M. Niel ramène tout à des affaires d’argent, son argent ». « Il m'a semblé que je devais dans cette opération de rapprochement prendre mes responsabilités. Nous sommes pro-dynamiques dans cette fusion, même si l’on sait que cela ne réglera pas tout », alors que Google vient d’annoncer 65 milliards $ de bénéfice net, soit « 1,5 fois le chiffre d’affaires du groupe Bouygues dans le monde », souligne-t-il.

Interrogé sur la possible hausse notable des tarifs publicitaires du nouvel ensemble que représenterait la fusion TF1/M6, Martin Bouygues étaye son propos : « peut-être, mais nous sommes dans un secteur très compétitif. Les annonceurs iront là où ils auront le meilleur rapport coût/efficacité », ce qui dans les faits, ne laisse « pas beaucoup de marge de manœuvre pour la télévision », note-t-il. Il se dit en outre prêt à mettre en place, à l’avenir, « des synergies avec les futurs champions européens de la TV », dans le cadre d’une vaste consolidation sur le Vieux continent. Mais, concède-t-il, « je suis aussi favorable à ce que l’on garde en France une forte composante de divertissements français ». Enfin, concernant la plateforme de SVOD commune Salto, co-fondée par TF1, M6 et France Télévisions, M. Bouygues précise que « son avenir ne m’appartient pas », ce sera aux dirigeants des groupes audiovisuels concernés de trancher. Néanmoins, selon lui, « Salto est sous la coupe d’une réglementation qui altère son avenir ». Et de souligner que « quand on a les droits pour la France, mais pas pour ailleurs », le développement ne peut se faire qu’en pointillé… Quoi qu’il en soit, le président du groupe Bouygues se dit « le protecteur » de TF1 depuis 35 ans. « Nous nous sommes concentrés depuis toujours sur son avenir. Je ne suis pas là pour sauver la planète ».

L'intégralité de l'audition ici.

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