Les médias en mouvement en juillet-août

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Pendant l'absence de la Matinale de CB News, l'actualité des médias ne s'est cependant pas mise en pause estivale. Petite compilation d'information non-exhaustive qui a retenu l'attention de la rédaction. On y retrouve notamment la redevance TV, TF1, M6, Altice, Paris-Match, RMC Sports, Canal+, Disney+, Radio France, Les Nouvelles calédoniennes, Vivendi, Lagardère, l'ARD ou encore... Carrefour.

► Le Sénat a voté dans la nuit du 14er au 2 août, dans le cadre des mesures de soutien au pouvoir d'achat, la suppression de la redevance TV, au terme d'un débat sur le financement et l'indépendance de l'audiovisuel public. La ministre de la Culture Rima Abdul Malak a annoncé à cette occasion "la volonté du gouvernement de proposer la prolongation d'un an des contrats d'objectifs et de moyens des entreprises de l'audiovisuel public". Cela afin "de prendre le temps nécessaire pour bâtir ensemble la feuille de route de l'audiovisuel public". Le texte prévoit d'affecter à l'audiovisuel public "une fraction" de la TVA, pour un montant d'environ 3,7 milliards d'euros, dans le but de répondre aux inquiétudes sur son financement. Le Sénat a adopté un amendement du rapporteur général Jean-François Husson (LR) pour borner au 31 décembre 2024 cette affectation.

► Dans la droite ligne d'un premier rapport défavorable à la fusion TF1-M6, le duo a proposé de garder des régies publicitaires télévision séparées pendant 3 ans après leur fusion, selon des informations du Figaro du 19 août. Selon le quotidien, cette proposition de régie séparée fait partie des remèdes proposés par les maisons-mères des deux groupes, Bouygues et RTL Group, pour répondre aux problèmes de concurrence posés par le mariage des deux chaînes de télévision. Les remèdes proposés à l'Autorité de la Concurrence sont actuellement en consultation auprès des concurrents de TF1 et M6, qui ont jusqu'au 25 août pour formuler leurs observations. L'Autorité de la concurrence organise les 5 et 6 septembre des auditions sur le projet de fusion, et sa décision finale est attendue pour octobre. Ses services d'instruction ont rendu un avis défavorable, que le collège de l'Autorité n'est pas obligé de suivre. Les régies publicitaires sur le média radio resteraient également séparées. Concernant la production audiovisuelle, les deux chaînes promettent de "limiter la circulation des films français sur les antennes du potentiel groupe". Par ailleurs, Bouygues et RTL Group s'engageraient à prolonger d'un an les échéances des contrats de distribution des chaînes du groupe TF1 et M6, notamment chez Canal+ et les opérateurs télécoms, Orange, Free, SFR.

► Le groupe Altice, qui a obtenu le feu vert de l'Autorité de la concurrence pour le rachat des chaînes TFX et 6ter, s'est engagé à y proposer davantage de programmes inédits, dans un courrier au régulateur des médias, l'Arcom, rendu public le 3 août. Cela fait partie d'une série d'engagements pris par Altice afin d'obtenir l'agrément de l'ARCOM, nécessaire à la finalisation de ce rachat, qui est une conséquence du projet de fusion entre TF1 (propriétaire de TFX) et M6 (propriétaire de 6ter).  Sur le canal 11 de la TNT, celui de TFX, Altice s'engage à diffuser chaque année "un volume minimal de 1.200 heures de programmes en première diffusion sur les chaînes gratuites de la télévision hertzienne". Cela renforce "l'engagement existant, de 456 heures de programmes inédits, diffusés entre 14hH00 et 23H00", poursuit Altice, déjà propriétaire de BFMTV et RMC. Sur le canal 22, celui de 6ter, Altice s'engage à diffuser "un volume minimal de 900 heures de programmes en première diffusion sur les chaînes gratuites de la télévision hertzienne, soit une augmentation de 125% de l'engagement actuel (400 heures)". Autre engagement : Altice "accentuera l'offre d'information" sur le canal de TFX, sans pour autant en faire une chaîne info. En outre, la chaîne consacrera "au moins quatre premières parties de soirée à des émissions autres que de divertissement et dont la diffusion débute entre 20H30 et 21H30". Enfin, Altice "s'engage à maintenir la contribution à la création cinématographique du canal 11 et aux oeuvres d'animation du canal 22".

►TF1 diffusera tous les matches de l'équipe de France masculine, hors Euro et Coupe du monde négociés séparément, comptant pour la Ligue des nations, ainsi que ses matches amicaux et qualificatifs pour l'Euro 2024, la Coupe du monde 2026 et l'Euro 2028. Le groupe TF1 a également annoncé avoir conclu un accord avec la Fédération française de football (FFF) "donnant accès à des images inédites de l'équipe dans la volonté de produire des séries et des documentaires autour des Bleus". TF1 redevient donc le partenaire incontournable de l'équipe de France et de la FFF : "le groupe TF1 est la maison des Bleus !", a résumé dans un communiqué son PDG Gilles Pélisson.

► Le départ de Bruno Jeudy, rédacteur en chef politique et économie de Paris Match (Lagardère News), a été annoncé le 18 août par mail à la rédaction de l'hebdomadaire, selon une information du site d'information Les Jours, confirmée à l'AFP par une source interne à l'hebdomadaire. "D'un commun accord, il a en effet été décidé de mettre un terme à notre collaboration", indique le mail signé par Patrick Mahé et Caroline Mangez, respectivement directeur général et directrice de la rédaction de Paris Match. Ce départ intervient un mois après la polémique qui a secoué l'hebdomadaire à propos de la première page consacrée au cardinal Robert Sarah, l'une des figures de proue des courants conservateurs catholiques. À l'époque, la SDJ de Paris Match avait dénoncé "une ingérence" du groupe Lagardère, avec cette une imposée contre l'avis de la rédaction en chef de l'hebdomadaire.   Bruno Jeudy occupait son poste depuis 2014. Également chroniqueur sur BFM TV, il notamment été journaliste politique au Parisien, au Figaro, au Journal du Dimanche. Dans un communiqué, la SDJ de l’hebdo annonce que le dimanche 21 août ses membres (78 inscrits) ont voté une motion de défiance contre la direction (60 voix pour, 2 contre, 8 ne se prononçant pas). Dans son texte, la SDJ dit avoir appris le renvoi de M. Jeudy avec « stupeur ». Un départ qui « affaiblit considérablement notre rédaction « , ajoute-t-elle, et qui se veut « un avertissement donné à ceux qui veulent exercer leur métier en tout indépendance, sans céder aux pressions éditoriales ».

► RMC Sport va arrêter de diffuser le championnat anglais de football faute d'avoir pu renouveler son accord de codiffusion avec Canal+, qui en détient les droits pour la France, a indiqué la chaîne le 5 août à l'AFP, confirmant une information du journal L'Équipe. "La direction d'Altice Média (le groupe propriétaire de RMC Sport, ndlr) a annoncé ce matin aux salariés" de la chaîne payante "n'avoir pas obtenu l'accord de Canal+ pour poursuivre la diffusion de la Premier League anglaise", a indiqué RMC Sport. Déjà détenteur des droits de la Premier League pour la France les saisons précédentes, Canal+ a acquis l'été dernier ceux pour la période 2022-2025, soit trois saisons. "Auparavant, Canal+ et RMC Sport se partageaient la diffusion de l'intégralité du Championnat anglais mais aussi les 100 millions d'euros du contrat par saison. Pour le nouveau cycle, Canal+ aurait renégocié le contrat à la baisse avec la Premier League sur le marché français (de plus de 20%)", écrit L'Équipe. Selon le journal, la Premier League aurait demandé de revoir à la hausse le montant de ce nouveau contrat en cas de codiffusion. En outre, la Ligue anglaise n'aurait pas autorisé la codiffusion de la totalité des matches, comme auparavant, mais de quelques-uns seulement, croit savoir le quotidien sportif.

► La plateforme Disney+ a attiré 14,4 millions de nouveaux abonnés entre mars et juin, portant son total à 152 millions, a-t-elle annoncé le 11 août. En tout, les plateformes de streaming de Disney (Disney+, Hulu et ESPN+ pour le sport) réunissent désormais 221 millions d'abonnés, soit plus que Netflix, le vétéran du secteur qui a vu son nombre d'abonnés payants baisser à 220,67 millions fin juin.. Lancé fin 2019 sur la scène du streaming, Disney+ capte désormais plus de 45% des utilisateurs américains de services de streaming, derrière YouTube, Netflix, Amazon et Hulu (qui appartient à Disney), selon les chiffres d'Insider Intelligence. Mais les investissements massifs du groupe sont encore loin de rapporter : pendant le trimestre écoulé, les trois plateformes de streaming de Disney ont creusé leurs pertes nettes de 300 millions, à 1,1 milliard de dollars. Le groupe a néanmoins revu à la baisse certains objectifs, tablant sur 215 à 245 millions d'abonnés pour Disney+ en 2024 (y compris ceux de Hotstar, la version indienne du site), soit 15 millions de moins que précédemment annoncé. Disney+ a également dévoilé une nouvelle formule d'abonnement avec publicité, pour les Etats-Unis, à 8 dollars par mois, qui sera proposée à partir de décembre. Celle sans pub passera à 11 dollars, soit 3 dollars d'augmentation. Les prix de Hulu vont monter aussi.

► L'Autorité de régulation de la communication audiovisuelle (ARCOM) a publié le 28 juillet son "avis motivé sur les résultats" de Radio France sur la période 2018-2021. Le régulateur relève "trois réussites majeures" sur la période, et en premier lieu, son "succès d'audience", amorcé dès la saison 2017-2018, qui lui confère le titre de premier groupe radiophonique dans un contexte de "recul persistant" de l'écoute du média radio. Autre point fort : "la démocratisation de la culture, particulièrement pour les jeunes publics" avec une implication "exemplaire" du groupe, salue le régulateur. Radio France a aussi réussi à faire évoluer sa stratégie numérique pour répondre à l'évolution des usages, près de la moitié de la consommation d'audio s'effectuant désormais par internet, ajoute-t-il. Concernant les futurs chantiers pour la radio publique, le régulateur invite à une meilleure collaboration avec l'audiovisuel public, particulièrement France Télévisions, jugeant toutefois "insuffisant" le bilan des partenariats avec France Télévisions en matière d'information régionale. Cette publication amorce le lancement d'un nouveau processus de nomination à la tête de la radio publique, le mandat de l'actuelle présidente Sibyle Veil, en poste depuis 2018, s'achevant cette année. La personne qui dirigera Radio France de 2023 à 2028 sera connue le 16 janvier au plus tard, a indiqué l'ARCOM le 27 juillet. Elle n'a pas encore communiqué son intention de postuler à un deuxième mandat. "Il me semble normal de vouloir connaître le projet pour l'audiovisuel public avant de m'engager. Je me positionnerai d'ici à l'automne", avait-elle répondu fin juin dans un entretien au Figaro. Selon la délibération adoptée par l'ARCOM, les candidatures à la présidence de Radio France devront être envoyées d'ici le 21 octobre à 17H00, accompagnées d'un projet stratégique. La liste des candidatures sera publiée par le régulateur le 26 octobre, puis des auditions se dérouleront à partir du 14 novembre, avant la décision sur une nomination "au plus tard le 16 janvier", prise à la majorité des membres de l'Autorité. Sur le même modèle, la présidence de France Médias Monde, la société en charge de l'audiovisuel extérieur (RFI et France 24) présidée par Marie-Christine Saragosse depuis 2012, sera nommée au plus tard le 23 janvier, a indiqué l'ARCOM dans une seconde délibération. Depuis une loi de 2013 sur l'indépendance de l'audiovisuel public, le CSA (devenu l'ARCOM début 2022) est chargé de nommer les présidents de France Télévisions, Radio France et France Médias Monde.

► Les Nouvelles-Calédoniennes, seul quotidien de Nouvelle-Calédonie, ne seront plus diffusées qu'en version numérique à partir du 1er janvier 2023, en raison de difficultés financières, a indiqué la direction du titre. Le journal, racheté en 2013 par un trio d'actionnaires locaux au groupe Hersant, est confronté à "une baisse constante du tirage, au doublement du prix du papier et à un effondrement du marché publicitaire", a expliqué à l'AFP Yves Delauw, directeur général du groupe Melchior, propriétaire des Nouvelles-Calédoniennes. En procédure de sauvegarde depuis avril 2021, le quotidien sera disponible exclusivement en version numérique du lundi au vendredi à compter du 1er janvier 2023. Avec le soutien du ministère des Finances, des démarches avaient été entreprises pour trouver des investisseurs en Métropole ou dans la région mais elles sont restées vaines. "Nous étofferons toutefois notre offre d'un magazine hebdomadaire ambitieux qui sera livré chaque semaine dans la boîte aux lettres de nos abonnés et dans la plupart de nos points de vente actuels", a présidé M. Delauw. Cette nouvelle stratégie, dont la rédaction a été informée tout début août, va entraîner la fermeture d'une des deux imprimeries du groupe Melchior, qui possède aussi une radio, un titre gratuit, des magazines et qui emploie environ 145 personnes. Selon Nouvelle-Calédonie la 1ère, seuls cinq des 22 salariés de la rotative seront reclassés. Les Nouvelles-Calédoniennes ont été fondées en 1971 et avaient été rachetées en 1987 par l'ancien patron de presse, Robert Hersant.

► Le groupe Vivendi, qui a récemment mis la main sur le groupe Lagardère et le leader français de l'édition Hachette, s'est dit prêt le 28 juillet à céder entièrement sa filiale Editis, numéro deux du secteur, renonçant de fait à un mariage très controversé. C'est un changement de pied pour Vivendi qui aurait préféré conserver sa filiale, acquise fin 2019 pour près de 900 millions d'euros. Mais face à la forte opposition des éditeurs concurrents et des libraires et au probable blocage de Bruxelles face à la constitution d'un acteur trop dominant, le groupe envisage désormais une concession. Le projet présenté devra aussi, pour être mis en oeuvre, être accepté par Bruxelles. Il consiste à distribuer les actions d'Editis aux actionnaires de Vivendi, et à introduire dans le même temps la société en Bourse sur le marché d'Euronext à Paris, a expliqué Vivendi. La méthode rappelle celle utilisée par le groupe en 2021 pour faire remonter 60% de la valeur d'Universal Music Group à ses actionnaires. Mais cette fois, le groupe Bolloré, actionnaire de contrôle du géant des médias, s'est engagé à revendre les actions Editis reçues à un nouvel actionnaire, encore non connu.

► Patricia Schlesinger, présidente de la chaîne de radio et télévision publique allemande ARD, a démissionné le 4 août dernier, à la suite d'accusations liées à l'attribution controversée de contrats de conseil et l'utilisation de fonds publics. Dans l'immédiat, elle reste à la tête d'une des chaînes régionales du réseau ARD, en l'occurrence RBB, la chaîne couvrant la capitale Berlin et la région qui l'entoure. À ce titre, elle avait été nommée en début d'année pour présider l'ensemble du réseau ARD, dans le cadre d'un système de rotation propre à la chaîne publique. Mme Schlesinger fait, selon ARD, l'objet de reproches au sujet notamment de contrats de conseil attribués au sein de RBB, chaîne régionale qu'elle dirige depuis 2016. Selon les médias allemands, il est aussi question de repas à son domicile payés sur le budget de la redevance et d'utilisation privée d'un véhicule de fonction avec chauffeur, d'un rabais important obtenu auprès du constructeur pour cette limousine, ou encore d'une hausse controversée de son salaire de 16%, pour un montant annuel de plus de 300.000 euros.

► Le distributeur Carrefour a annoncé le 19 août avoir décidé de retirer de la vente l'hebdomadaire d'extrême droite Rivarol, qui a été privé de son agrément par la Commission paritaire des publications et agences de presse (CPPAP). "Suite à la décision de la Commission paritaire des publications et agences de presse du ministère de la Culture de ne pas renouveler le certificat d'inscription délivré pour la publication Rivarol au bénéfice du régime d'aide à la presse, Carrefour a pris la décision de ne plus vendre cet hebdomadaire", a indiqué le groupe à l'AFP.a

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