Le MIPTV et Festival Canneseries de retour

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Le MIPTV, deuxième plus grande rencontre mondiale des professionnels de la télévision, revient ce lundi au Palais des festivals à Cannes en format plus court et plus dense, nourri de débats sur l'avenir de la télévision face au numérique. Après deux ans rythmés par la pandémie de Covid-19, "il y a un vrai besoin pour l'industrie internationale de se donner rendez-vous aujourd'hui parce qu'elle a rebondi et que la consommation de contenus n'a jamais été aussi forte", assure à l'AFP Lucy Smith, directrice du MIPTV, dont la 59e édition doit durer trois jours. Rien de tel "qu'un rendez-vous international pour prendre la température et comprendre les tendances du marché", garantit la patronne de l'événement, également aux manettes du Mipcom, pendant automnal du MIPTV et plus important marché international de l'audiovisuel. Comme tout le secteur événementiel, les deux marchés professionnels ont souffert des répercussions sanitaires liées au Covid-19 : le MIPTV avait été ainsi annulé en 2020 et s'était tenu en ligne en avril 2021. Le Mipcom avait eu lieu en octobre 2021, après une édition 2020 en ligne, mais avec une fréquentation largement en-deçà des années précédentes, en l'absence de nombreux participants américains et asiatiques. Il avait accueilli 4.500 personnes contre 13.500 en 2019. Cette année, le MIPTV, qui disposera aussi d'un site en ligne, attend à Cannes quelque 5.000 participants, dont 1.200 acheteurs, venus de 80 pays. Pour les organisateurs, le groupe RX (ex-Reed Exhibitions), ces chiffres demeurent satisfaisants sachant que certains territoires, comme la Chine, ne voyagent toujours pas. Conséquence du conflit en Ukraine, la Russie, renommée dans le secteur de l'animation jeunesse, sera absente du salon. En revanche, près de 80 professionnels ukrainiens sont attendus, notamment sur un pavillon, mis à disposition par les organisateurs. Ces derniers ont également offert l'accès au marché en ligne à plus de 200 autres personnes. "C'est très important que les Ukrainiens puissent continuer à promouvoir leurs contenus et à être entendus", soutient Mme Smith, indiquant que quatre sociétés ukrainiennes seront au cœur d'une conférence lundi après-midi.

Pour son grand retour physique, le MIPTV, qui prévoyait déjà en 2020 de faire peau neuve, va donner à voir les changements entrepris pour coller aux attentes de ses participants en quête d'un "rendez-vous plus efficace, avec un meilleur retour sur investissements et une durée un peu plus concentrée", d'après sa dirigeante. Les deux journées consacrées aux présentations de projets de documentaires et de formats de jeux sont désormais intégrées aux trois journées du salon durant lesquelles distributeurs, producteurs, acheteurs et commanditaires mondiaux de programmes en tous genres réseautent. Rencontres thématiques, ateliers individuels, mentorat, séances en petits groupes : de multiples formats de rencontres sont prévus pour faciliter les affaires, notamment avec les participants du salon Esports BAR, dédié aux sports électroniques, également organisé par RX et qui se déroulera en même temps que le MIPTV. De fait, les enjeux numériques seront au cœur de plusieurs conférences cette année entre métavers, NFT, blockchain et sports électroniques, autant d'univers numériques posant des défis à la télévision, confrontée à une érosion de son audience, séduite par les multiples offres de streaming vidéo. "On se doit d'être sur ces sujets d'avenir et montrer à nos clients, qui sont souvent très concentrés sur leur activité de tous les jours, ce qui se passe un peu plus loin", estime Lucy Smith. Pour cette spécialiste de l'audiovisuel, le secteur "a dû se mettre en pause au début de la pandémie (de Covid) mais a su rebondir et s'adapter". "L'enjeu aujourd'hui est d'arriver à produire suffisamment de contenus de qualité pour remplir les besoins des plateformes, des chaînes, et donc de trouver suffisamment de studios, réalisateurs ou showrunners" pour répondre à la demande.

Le festival Canneseries, aussi...

Parallèlement, depuis vendredi, le festival Canneseries adossé au MIPTV a d’ores et déjà débuté.    Après deux éditions reportées à l'automne en raison de la crise sanitaire, il retrouve son cadre printanier avec des projections, masterclass et autres rendez-vous en "présentiel". Les sériephiles, à peine remis de la programmation pléthorique du concurrent lillois Séries Mania, pourront y découvrir jusqu'à mercredi une sélection plus restreinte mais "de très haut niveau", assure à l'AFP le directeur artistique de Canneseries, Albin Lewi. Parmi 180 séries reçues, dix issues de neuf pays composent la compétition long format, dix la compétition format court, quatre étant en outre présentées hors compétition. Convié gratuitement aux "rendez-vous cannois", le grand public pourra également assister à des rencontres cinq étoiles, avec notamment "l'agent Scully" Gillian Anderson, couronnée du prix "Variety Icon Award". "C'était un rêve pour nous", lance Albin Lewi, évoquant une actrice "qui a tout bouleversé" au début des années 90 avec "X-Files" et reste "omniprésente". "The Fall", "The Crown", "Sex Education"... "Elle est dans toutes les séries qui comptent depuis dix ans". L'étoile montante Sydney Sweeney ("Euphoria") se verra quant à elle décerner un prix par Madame Figaro tandis que l'équipe de la série pour ados "Skam France" sera récompensée du "prix de l'engagement Konbini" mercredi. Le rappeur Soprano, héros d'une série documentaire sur Disney+, des comédiens de "Plus belle la vie" ou encore la réalisatrice Ovidie font partie des autres personnalités annoncées, le créateur de "Squid Game", Hwang Dong-hyuk, devant lui rencontrer les professionnels. Les festivités ont débuté par la projection hors compétition de la superproduction "Halo" (Paramount+), tirée du blockbuster éponyme sur les consoles Xbox de Microsoft et coproduite par Amblin, le studio de Steven Spielberg.  Illustration de l'appétence d'Hollywood pour les jeux vidéo, cette histoire de guerre intergalactique sera diffusée prochainement en France sur Canal+, partenaire du festival azuréen, qui compte aussi deux créations originales sur les quatre proposées hors compétition.   Samedi, les festivaliers ont pu découvrir la mini-série "Infiniti", polar de science-fiction avec Céline Sallette, tourné en Ukraine et au Kazakhstan, deux jours avant son arrivée sur la chaîne cryptée. Et mercredi, Jonathan Cohen, qui avait inauguré l'édition 2020 avec "La Flamme", clôturera cette 5e saison avec sa suite, "Le Flambeau, les aventuriers de Chupacabra", parodie de "Koh-Lanta". Entre-temps, TF1 présentera quant à elle "Visions", polar paranormal avec Louane en vedette.  

Côté compétition, la sélection long format sera soumise à un jury présidé par la créatrice de "Drôle" et "Dix pour cent", Fanny Herrero, entourée des comédiens Anne Marivin, Denis O'Hare, Olafur Darri Olafsson, Sami Outalbali, et du compositeur Daniel Pemberton. "Jeux d'influence, les combattantes", suite de la série d'Arte créée par le documentariste oscarisé Jean-Xavier de Lestrade sur le lobby des pesticides, représentera la France. Elle affrontera deux séries allemandes : "Souls", oeuvre de "science-fiction glaçante", et "Punishment", sorte de "Black Mirror" dans l'univers de la justice, interdite au moins de 16 ans et tirée d'un recueil de nouvelles de Ferdinand von Schirach. Des séries espagnoles ("El Inmortal", sur un caïd des années 80-90), belge ("1985", sur l'affaire des "tueurs du Brabant"), norvégienne ("Afterglow" sorte de croisement entre "The big C" et "This is us") complètent la sélection. S'y ajoutent l'israélienne "The Lesson", où une discussion politique entre un prof et une lycéenne dégénère, la canadienne "Audrey est revenue", sur une femme sortie d'un coma de 16 ans, l'italienne "Bang Bang Baby", "explosion de couleurs" dans l'univers de la mafia, et la danoise "The dreamer", sur l'auteur de "La ferme africaine", Karen Blixen. En octobre, Canneseries avait accueilli 25.000 participants.

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