Nicolas de Tavernost plaide pour une plateforme commune aux chaines TV françaises

Le président du groupe M6 Nicolas de Tavernost a confirmé son soutien à l'idée d'une plateforme en ligne qui regrouperait les contenus des chaînes françaises publiques et privées, défendue par la patronne de France Télévisions Delphine Ernotte Cunci. "Demain, nous pourrions envisager de regrouper MyTF1, France.tv et 6play, sous une même marque, un même portail", a déclaré M. de Tavernost, dans un entretien au Figaro, ajoutant que "M6 rencontrera prochainement les équipes de France Télévisions" pour en discuter. MyTF1, France.tv et 6play sont les portails respectifs des chaînes des groupes TF1, France Télévisions et M6, sur lesquels les téléspectateurs peuvent visionner des programmes en direct ou à la demande. Pour le patron de M6, un portail commun serait avantageux pour le téléspectateur, qui n'aurait plus à jongler entre plusieurs sites, et pour les chaînes dont les programmes gagneraient en visibilité face aux sites comme Netflix et Prime Video d'Amazon, mais permettrait aussi aux participants de faire des économies en mutualisant leurs investissements technologiques. Il fait également valoir qu'un tel projet permettrait aux chaînes françaises, en joignant leurs forces, de capter plus de recettes publicitaires face aux géants américains du Net, les GAFA. "Il y a une vraie valeur ajoutée à l'agrégation de services sur une plateforme commune. Nous aurions plus de données, un meilleur taux de couverture et une force de frappe pour conquérir rapidement des parts de marché face aux Gafa", a-t-il plaidé. La présidente de France Télévisions Delphine Ernotte Cunci avait relancé en novembre l'idée d'une plateforme commune aux chaînes publiques et privées, en proposant la tenue d'"Etats généraux" du secteur et la constitution d'une "équipe de France de l'audiovisuel", capable de "devenir un champion européen qui pèse sur la scène mondiale". Alors que France Télévisions prépare le lancement d'une nouvelle plateforme de vidéo à la demande, intégrant des créations de France TV et de producteurs français, elle avait appelé à "aller plus loin en travaillant de concert avec les télévisions privées, gratuites ou payantes, les opérateurs de télécommunications, les plates-formes existantes et les start-up". Des discussions impliquant France Télévisions, TF1, M6 et Orange en vue de créer un "Netflix à la française" avaient échoué en 2015.

Le groupe M6 demande à Molotov de payer pour ses chaines gratuites

Par ailleurs, le groupe M6 exige que les utilisateurs de la plateforme de télévision en ligne Molotov paient à l'avenir pour regarder ses chaînes gratuites, selon des informations du Figaro confirmées par Molotov. Dans le cadre de la renégociation de ses contrats avec  la plateforme, le groupe dirigé par Nicolas de Tavernost veut faire payer davantage la plateforme, qui permet de regarder la télévision en direct ou à la demande sur ordinateur, tablette ou mobile, et revendique aujourd'hui près de 2 millions d'utilisateurs mensuels. Comme il vient de le faire avec les opérateurs télécoms et Canal+, M6 exige désormais que Molotov rémunère ses chaînes gratuites, M6, W9 et 6Ter. Mais le groupe exige également que ses chaînes sortent du bouquet gratuit de Molotov et fassent partie des options payantes proposées par Molotov, ce qui mettrait le modèle de la plateforme en grande difficulté. Molotov a opposé une fin de non-recevoir à M6, dans un courrier daté de mercredi. "Il n'est pas question de payer pour diffuser des chaînes gratuites. Nous rejoignons en cela le point de vue des opérateurs télécoms", affirme dans le Figaro Jean-Marc Denoual, le cofondateur de Molotov. Comme l'ont accepté certains de ces opérateurs, Molotov cependant est prêt à rémunérer des services additionnels. Autre pomme de discorde, liée au fait que ces chaînes devraient faire partie des options payantes : "Ce qui est étonnant, c'est que de son côté, (M6) continue de proposer gratuitement M6, W9 et 6Ter aux téléspectateurs, via sa plateforme 6play. Cela s'apparente à de la distorsion de concurrence", observe M. Denoual. Molotov demande une médiation et indique avoir déjà "alerté le CSA, l'Autorité de la concurrence et la DGCCRF". Thomas Follin, DG adjoint de M6 en charge des activités de distribution, a expliqué au Figaro que le groupe a "toujours commercialisé (ses) chaînes et services au sein des bouquets payants de télévision des distributeurs". "Il y a 2 ans, Molotov nous a proposé d'expérimenter un modèle Freemium . Nous avons accepté de faire une exception et de les accompagner", explique Thomas Follin. "Deux ans plus tard, la valeur ajoutée que nous en tirons pour nos chaînes thématiques ne justifie pas que nous poursuivions". D'autant plus que M6 et France Télévisions militent pour une alternative à Molotov.

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