Un nouveau mandat pour Delphine Ernotte à la tête de France Télévisions

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(© Thierry Wojciak/CBNews)

Le mystère et le suspense n’auront pas plané très longtemps. Alors que l’ARCOM s’était donnée jusqu’au 22 mai au plus tard pour désigner le nouveau président du groupe France Télévisions, le régulateur a tranché mercredi. Rapidement. Son choix s’est donc porté sur la dirigeante sortante, Delphine Ernotte, en poste depuis 2015 (déjà reconduite en 2020), alors que les auditions des quatre candidats avaient seulement eu lieu lundi et mardi dernier. Elle a donc été préférée à trois autres candidats : Frédérique Dumas, productrice et ex-députée ; Irène Grenet, vice-présidente exécutive de l’Agence de gestion de l’immobilier de l’Etat et ancienne directrice générale adjointe de FranceTV Publicité ; et Jean-Philippe Lefèvre, ancien directeur général adjoint de Falir Production et ancien directeur de l’antenne, de la programmation et des programmes de Public Sénat.

Le régulateur a ainsi choisi de « privilégier la continuité » à la tête du groupe, justifie-t-il dans sa décision, dans un contexte marqué « par des incertitudes majeures ». Il indique en outre avoir fondé sa décision « sur la stratégie numérique présentée » ainsi que sur la volonté de Mme Ernotte de mettre en place des évolutions « opportunes », notamment autour de franceinfo, tout en s’engageant en faveur de la création et dans une offre culturelle qualifiée « d’ambitieuse » par l’ARCOM. Et dans une opération de séduction au long cours des jeunes adultes avec ses programmes « attractifs ». L'Arcom a également mis en exergue « les engagements pris pour viser l'équilibre budgétaire par la maîtrise des dépenses ». Déjà première présidente de France Télévisions à avoir effectué deux mandats, Delphine Ernotte voit son nouveau bail tout de même suspendu à quelques incertitudes liées à la possible création d'une holding chapeautant tout l'audiovisuel public. Le nouveau mandat débutera le 22 août prochain.

Dans son projet, Mme Ernotte avait notamment souligné qu'elle souhaitait donner la priorité à la plateforme france.tv et repenser l'organisation du groupe public autour de cette dernière. Par ailleurs, la dirigeante soutient ardemment le projet gouvernemental de holding commune pour l'audiovisuel public, plusieurs fois repoussé. C'est selon elle une "arme de dissuasion contre la privatisation". Outre France Télévisions, la holding chapeauterait également Radio France (dont la présidente, Sibyle Veil, a été reconduite fin 2022), l'Institut national de l'audiovisuel (Ina) et peut-être France Médias Monde (France 24 et RFI).

En l'état, la proposition de loi stipule que le futur PDG de la holding présidera les conseils d'administration de ses filiales. Le nouveau mandat de la présidente de France Télévisions pourrait donc être écourté, même si le texte peut évoluer jusqu'à son éventuelle adoption définitive. La ministre de la Culture Rachida Dati, qui porte le projet de réforme, a récemment annoncé qu'il serait de retour en juin devant le Parlement. L'année dernière, Mme Dati défendait carrément une fusion des entreprises de l'audiovisuel public mais ce projet avait été suspendu par la dissolution de l'Assemblée en juin.

Un « grand honneur »

Être reconduite à la tête de France Télévisions est « un grand honneur », a réagi mercredi Delphine Ernotte auprès de l'AFP. « Je remercie l'ARCOM de sa confiance », a-t-elle déclaré. Sur la durée du mandat et les possibles changements législatifs, la présidente a indiqué : « Je ne me projette pas du tout, mon sujet c'est France Télévisions (...). La vie, on ne sait jamais comment ça va se dérouler ». « J'ai beaucoup de reconnaissance pour les équipes de France Télévisions » et « j'ai conscience de la responsabilité qui est la nôtre », a-t-elle conclu, en jugeant que la télévision publique était « un enjeu démocratique » dans une période « chahutée ».

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