Un « nouveau » pacte social pour des économies à Radio France

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(© Thierry Wojciak/CBNews)

Moins de vacances et plus de polyvalence, pour faire des économies et investir dans le numérique : c'est le "nouveau pacte social" qu'a proposé lundi la présidente de Radio France à ses salariés.  Arrivée en 2018 à la tête du groupe public après en avoir dirigé les finances, Sibyle Veil a présenté au cours d'un comité d'entreprise extraordinaire ce plan de 60 millions d'euros d'économies (d'ici 2022), soit trois fois plus que prévu jusqu'ici. "Nous devons viser une forte adaptation des savoir-faire et des +savoir-produire+ de la maison", souligne la direction du groupe dans son projet d'entreprise "Radio France 2022", consulté par l'AFP. "Pour continuer à réussir tous ensemble, il faudra avoir le courage de faire des choix". Pour atteindre ce total de 60 millions d'euros, une "réorganisation du temps de travail" devrait permettre d'économiser 25 millions d'euros (soit 6% des charges de personnel). Le groupe veut pousser ses 4.600 salariés à plus de polyvalence et revoir leurs congés à la baisse pour tenter d'avoir moins recours, in fine, à des précaires pour des remplacements.

Un « accord de méthode » signé fin juin ?

A ces 25 millions d'euros s'ajouteraient 15 millions économisés sur des coûts de diffusion et d'autres moyens à redéployer. Radio France devrait également générer 20 millions d'euros supplémentaires via de la publicité, du mécénat mais aussi l'enregistrement de musiques de films ou de livres audio.    La radio publique veut faire vite, car elle négocie son contrat d'objectifs et de moyens avec l'État : un "accord de méthode" préparant les négociations devra donc être signé d'ici la fin du mois de juin.   "Selon ce qu'on arrive à négocier, on pourra évaluer le nombre de départs à la rentrée", a souligné une source interne, mais "la priorité est d'accompagner les collaborateurs en faisant évoluer leurs compétences". Il n'y aura pas de plan de départs mais "un volet d'accompagnement aux départs volontaires", car "des métiers vont s'éteindre". Le groupe compte également multiplier par trois les moyens consacrés aux formations internes. "L'intégrité" des sept radios et des quatre formations musicales du groupe n'est pas menacée, a assuré la direction, alors que la Cour des comptes demandait l'arrêt de la radio jeune Mouv, et que de l'autre côté de la Seine, France Télévisions va supprimer deux chaînes, France Ô et France 4. La direction de Radio France n'a pas souhaité commenter ces annonces lundi, mais Sibyle Veil doit présenter ces orientations mercredi aux salariés du groupe.

Le syndicat SNJ a dénoncé lundi dans ce "pacte" un "chantage". "Nous n'avons toujours aucune des informations indispensables", a déclaré à l'AFP sa représentante Valeria Emanuele. "On nous laisse seulement entendre que ne pas accepter ces remises en cause c'est augmenter le nombre de postes à supprimer pour arriver à 25 millions, soit 285 postes". Le prédécesseur de Sibyle Veil, Mathieu Gallet, avait affronté une grève historique un an après son arrivée en annonçant des restrictions budgétaires et des réductions d'effectifs.

Une plateforme de référence de l’audio

Le but de ces réorganisations est de construire un "équilibre financier durable" pour le groupe, souligne la direction dans son projet d'entreprise, répondant en partie à la Cour des comptes, qui appelait en février Radio France à se réformer pour sortir d'une situation financière "inquiétante".    Le groupe veut aussi devenir "la plate-forme de référence de l'audio en France" en 2022 : en innovant dans les podcasts, en rajeunissant les publics et en travaillant l'offre de proximité, notamment via ses matinales communes avec France 3. Radio France compte proposer à partir de 2020 une offre de "radio personnalisée", accompagnée l'année suivante d'une riche offre musicale et de réédition d'archives sonores. Le groupe prévoit un budget à l'équilibre en 2019 pour la deuxième année consécutive, autour de 650 millions d'euros de chiffre d'affaires, sur fond d'audiences au beau fixe et alors que les énormes travaux en cours à la Maison ronde entrent dans leur dernière phase. Mais il est soumis, comme le reste de l'audiovisuel public, à un plan d'économies réclamé par l'État d'ici à 2022. Outre 20 millions d'euros de baisse attendue des contributions de l'État, le tour de vis supplémentaire vise à compenser 20 millions d'euros d'augmentation des charges (personnel, loyers, financement de la Radio numérique terrestre) et permettre 20 millions d'investissement dans le numérique.

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