La « nouvelle ère numérique » de l’Équipe

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« On ne sera pas les plus gros, mais on sera unique ». Entre pragmatisme et ambition, le nouveau directeur général du groupe l’Équipe depuis mars dernier, Laurent Prud’homme, présentait mardi une nouvelle offre numérique. « Notre marque est à la veille d’un grand tournant, aussi important que notre arrivée sur la TNT en 2012 et la mise en place du format tabloïd pour le quotidien en 2015 », s’enthousiasme-t-il. Car l’enjeu pour le groupe est de taille alors qu’une partie de l’année 2020 sans actualités sportives a fait mal à ses finances, ses recettes et ses chiffres de diffusion, même si son adaptation éditoriale pendant cette période n’est plus à démontrer. En lançant ce mercredi sa nouvelle plateforme de contenus, l’Équipe prend ainsi acte que « nous avions besoin d’être moins dépendant de l’actualité », souligne Jérôme Cazadieu, directeur de la rédaction. C’est donc désormais sur deux axes que va reposer l’offre numérique du titre. D’un côté, Explore. Et de l’autre, le live.

Explore, donc, la marque lancée par l’Équipe en 2013 qui se voulait alors « laboratoire d’innovations », selon M. Cazadieu, évolue en se posant en tant qu’offre de créations et de contenus originaux, accessibles aux seuls abonnés. Au menu, notamment, des formats longs, des documentaires, des enquêtes ou encore des podcasts qui ambitionnent d’aller ailleurs que sur le talk parfois inhérent au format. Une nouvelle rubrique fait son apparition, « Hors-normes » qui racontera « à la Brut » en 4-5 minutes, poursuit le dirigeant, des destins de personnalités et  appréhendera également des angles sociétaux, environnementaux, etc. Côté Live, quant à lui gratuit, même si le groupe ne s’interdira pas « un mur d’abonnement », l’Équipe entend positionner son offre numérique en véritable « complément de (son) offre TV », insiste Jérôme Saporito, patron du pôle TV du groupe. Si la volonté est « d’aller chercher des droits » pour le numérique, selon Emmanuel Alix, directeur du pôle numérique, l’espace disposera dès son lancement mercredi de 2 500 heures dont 1 800 exclusifs numériques, que ce soit en direct ou en replay, autour de 35 sports, dont 25 sports olympiques, avec pêle-mêle de la natation, de l'athlétisme, des sports mécaniques, du football, du basket, du ski freestyle, etc. Un développement qui vise à développer l'audience numérique de L'Équipe (qui revendique déjà 60 millions de vidéos vues par mois) et la monétisation de ses espaces publicitaires.

De quoi allécher les (futurs) abonnés… Parce que l’ambition est de voir le groupe l’Équipe franchir un cap d’abonnés numériques, 308 000 aujourd’hui contre 50 000 fin de 2016, pour atteindre les 450 000 à l’horizon 2025. Et de proposer, en attendant, trois offres distinctes sans engagement (9,99€, 11,99€ et 15,99€) et 3 offres avec engagements de 12 mois (7,99€, 9,99€, 13,99€). L’ambition, quoi qu’il en soit, vient en changeant. Sur le flou qui entoure aujourd’hui les montants des droits TV dans le sport, Laurent Prud’homme n’avance pas masqué (sic) : « nous sommes en la matière à la fin d’un cycle de la TV payante traditionnelle ». L’échec de Mediapro avec la Ligue 1 de football montre que c’est ce marché des droits TV « offre des opportunités » à l’heure où bon nombre de fédérations sportives s’interrogent sur lancement ad hoc d’offre de streaming. « Mais il faut de la visibilité », martèle-t-il, et avec l’Équipe, « on l’a ». De là à diffuser des matches de Ligue 1 ? « Pourquoi pas », sourit-il.

Les syndicats s’inquiètent…

Si le groupe repart à l'offensive avec cette plateforme, les syndicats s'interrogent de leur côté sur les moyens affectés au dispositif, alors que le groupe est engagé dans un plan de sauvegarde de l'emploi (PSE) prévoyant la suppression d'une cinquantaine de postes. Pour l’heure, « 35 départs de journalistes, dont 17 au sein de France Football » ont été actés, a précisé mardi M. Prud’homme. 10 embauches devraient par ailleurs avoir lieu avec des profils numériques. Ce PSE, qui vient d'être validé par la Dreets (ex-Direction régionale des entreprises), avait été à l'origine d'une grève massive qui a entraîné la non parution du quotidien sportif pendant deux semaines en janvier. Pour Stéphane Antoine du SNJ-CGT, « c'est un projet très ambitieux, mais les effectifs affectés par l'entreprise au service Explore dans le cadre de la réorganisation ne suffiront pas à alimenter la plateforme en contenus payants ». « Il va y avoir du travail supplémentaire, alors qu'on se sépare de 50 personnes », abonde son collègue Francis Magois, délégué syndical SNJ, qui s'inquiète de ce « flou artistique sur les moyens », et juge « d'une maladresse sans nom » que ce projet ait été présenté le jour même de l'ouverture du PSE.

Un nouveau France Football le 12 juin

En marge de la conférence, Jérome Cazadieu a confirmé le passage France Football d’hebdomadaire à mensuel dès le 12 juin prochain. Il sera disponible avec le quotidien et le magazine hebdo de fin de semaine. Il laissera une grande place à son événement-phare, le Ballon d’Or avec toute la dernière partie du nouveau magazine qui y sera consacré.

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