Presstalis : Cédric Dugardin explique le report de l'audience au 12 mai

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L'audience au tribunal de commerce de Paris pour le distributeur Presstalis, qui était prévue ce vendredi, a été reportée au 12 mai, après le confinement, a indiqué le groupe à l'AFP. Principal distributeur de presse en France, Presstalis a déposé le bilan lundi sur fond de désaccord persistant quant aux solutions de sauvetage entre ses grands actionnaires, les magazines et les quotidiens.   "Les discussions ont bien avancé, j'appelle les éditeurs à trouver avec Presstalis les dispositions qui permettront de bâtir un projet à la hauteur des attentes", avait indiqué jeudi le ministre de la Culture Franck Riester lors d'une audition à l'Assemblée nationale. "Il y a eu une cessation de paiement qui ne remet pas en cause la distribution de la presse à court terme, mais il y a urgence à inscrire la distribution de la presse dans un avenir, pour tous les acteurs de la chaîne de la presse", avait-il ajouté. "C'est une négociation compliquée car vous avez les quotidiens, les magazines, la CGT du Livre et l'État", a détaillé vendredi Frédérick Cassegrain, directeur de la publication de l'hebdomadaire Marianne et président de la coopérative de distribution des magazines, invité sur Europe 1. Une période de conciliation entre les différentes parties prenantes est ouverte jusqu'au 30 avril.

"Presstalis doit 120 millions d'euros aux éditeurs de presse, pour beaucoup de titres, c'est la mort annoncée, la crise du Covid-19 qui arrive en même temps accentue cette fragilité. Je pense qu'on va avoir des dizaines et des dizaines de titres de presse qui vont devoir fermer du fait de l'incurie de Presstalis", s'est-il alarmé. La coopérative des magazines et les MLP (Messageries lyonnaises de presse, concurrent de Presstalis), proposent une séparation des magazines et quotidiens, tandis que la direction de Presstalis défend le maintien d'une structure unique (qui continuerait à distribuer aussi bien les journaux quotidiens que la presse magazine), une option soutenue par les quotidiens.  Le syndicat SGLCE-CGT préfère également cette dernière option, même s'il prévient dans un communiqué "qu'un certain nombre d'obstacles restent à surmonter", ajoutant que "les salariés de Presstalis ne peuvent être réduits à compter les points entre les éditeurs de presse quotidienne et ceux des magazines qui s'affrontent autour de plusieurs projets". Le Syndicat de l'association des éditeurs de presse (SAEP), qui regroupe des magazines et publications essentiellement spécialisées, a annoncé avoir saisi l'Autorité de la concurrence "afin de faire constater que les modalités du plan de restructuration (...) sont contraires aux règles de la concurrence et la liberté du commerce".   L'Autorité a précisé à l'AFP qu'elle n'avait toutefois pas reçu de saisine vendredi après-midi.

Cédric Dugardin fait le point sur la situation

Dans une interview accordée au Monde daté de samedi, Cédric Dugardin met ce report sur le compte des « avancées significatives » avec l’État et les partenaires sociaux, permettant ainsi d’arriver à cette nouvelle date avec un plan « abouti » et éviter à Presstalis de « rester longtemps » en situation de redressement judiciaire. Quoi qu’il en soit, pour le dirigeant de la messagerie, la restructuration de l’ensemble coûtera « aux alentours de 150 millions € » alors que le plan porté par les magazines devrait permettre de conserver 300 postes sur 910, alors que celui de Presstalis table sur 360 postes conservés.

Dans la foulée, M. Dugardin pointe l’attitude des représentant de la presse magazine : « certains souhaitent la disparition de Presstalis, afin de ne pas assumer le passif social, qu’ils ont contribué à créer. Je les soupçonne de jouer la montre, et de pousser à la liquidation ». Il souligne en outre que ceux-ci « font mine de soutenir les kiosquiers », mais dans le même temps, « réduisent drastiquement » le nombre d’exemplaires envoyés dans les points de vente. Citant l’exemple de Prisma Media et CMI France qui ont baissé de 44 et 45%, respectivement, leurs « fournis ». Au final, selon le patron de Presstalis, tous éditeurs confondus, en avril, « cela devrait représenter 36 millions d’euros de fournis, soit un manque à gagner de 28% du chiffre d’affaires 2019 », indique-t-il encore au Monde. Une façon, selon lui, de « réduire leur exposition à Presstalis afin de pouvoir en partir plus facilement ».

Et le rôle de l’État ? Cédric Dugardin précise également dans cette interview que celui-ci « aide à faire face à nos échéances depuis deux semaines, en compensant la baisse du chiffre d’affaires. Il a accepté de nous aider à payer les diffuseurs de presse, auxquels nous devions 16 millions d’euros. L’argent est actuellement en transit. Ces derniers toucheront leur chèque les 29 et 30 avril ». L’État a également mis sur la table la possibilité d’un plan en échange d’une aide. Il prendrait la forme de la prise en charge par les pouvoirs publics de 83% du montant des créances éditeurs (50% sous forme de subvention, 50% sous forme de prêts bonifiés, le tout remboursable en 6 ans). « En échange, les éditeurs s’engageraient à investir 70% des sommes perçues dans la restructuration et la relance de l’entreprise. A une ou deux exceptions près, tous sont d’accord », avance le président de Presstalis. Mais « reste à choisir le plan », conclut-il.

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