Rachat de La Provence : la bataille entre CMA CGM et Xavier Niel se poursuit

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Le feu vert du conseil d'administration de La Provence à la reprise du groupe de presse par l'armateur CMA CGM, est-il valide ? C'est ce qu'a contesté mercredi la holding de l'homme d'affaires Xavier Niel, également candidate, devant le tribunal de commerce de Marseille.

Le 9 mai, le conseil d'administration de La Provence avait agréé l'offre de la CMA CGM pour racheter les 89% de parts du groupe détenues par le Groupe Bernard Tapie (GBT), en liquidation judiciaire depuis 2020, malgré deux votes contre. Avenir Développement (AD), filiale de la holding NJJ détenue par le fondateur de Free Telecom Xavier Niel, avait fait valoir lors de ce vote son droit de veto en tant qu'actionnaire minoritaire (à hauteur de 11%) du groupe de presse phare du sud de la France publiant les quotidiens La Provence et Corse Matin. Mais ces votes avaient été invalidés par le président du CA et PDG de La Provence, Jean-Christophe Serfati, en raison "du conflit d'intérêt" d'Avenir Développement, ce qu'a contesté mercredi le fondateur de Free Telecom Xavier Niel par la voix de ses avocats. Si seule l'offre de la CMA CGM avait été retenue par le liquidateur car "mieux-disante", 81 millions d'euros contre 20 millions pour celle de Xavier Niel, elle devait en effet être approuvée à l'unanimité par le CA. "On ne peut pas convoquer un conseil d'administration, lui demander de voter, et puis après, parce que les résultats ne nous conviennent pas, dire qu'il ne peut pas prendre part au vote", a argumenté l'avocat de l'homme d'affaires Me Didier Malka. "C'est grotesque et grossier". "Quelle est la logique économique d'une entreprise de payer quatre fois la valeur" du groupe estimé à 20 millions d'euros pas des experts, tout en "disant qu'il n'a aucune attente de rentabilité ?", a interrogé Me Malka à propos de l'offre de CMA CGM, l'un des leaders mondiaux du transport maritime, dont le siège est à Marseille.

L'avocat a également rappelé aux 850 salariés, dans l'attente depuis plusieurs mois d'une issue à ce conflit et dont six CSE (Comité social et économique), se sont prononcés en faveur de l'offre de la CMA CGM, que les 80 millions d'euros proposés serviraient aux créanciers et non au groupe de presse en redressement judiciaire. Pour l'avocat de La Provence, Me Bernard Bouquet, c'est pourtant bien "l'obsession" de Xavier Niel, également actionnaire du journal Le Monde, d'acquérir La Provence en l'entraînant dans des "méandres judiciaires" qui portent atteinte à l'intérêt social de l'entreprise et lui fait "perdre de l'argent". M. Niel commet "un abus de pouvoir en détournant le pouvoir qui lui a été confié" comme administrateur, a déploré Me Bouquet. "Un administrateur est mandaté pour représenter la société et doit se conformer à l'intérêt" de celle-ci, or un actionnaire vote "en fonction de son propre intérêt", a plaidé Me Bouquet, pointant "l'évident" conflit d'intérêt de M. Niel. Le tribunal qui rendra sa décision le 21 juillet ne "se préoccupera que du droit", même s'il est "attentif" à la situation sociale de l'entreprise, a prévenu le président du tribunal de commerce. Le juge-commissaire du tribunal de commerce de Bobigny qui, le 22 juin, devait dire s'il autorisait ou non la cession de La Provence à la CMA CGM, a lui reporté sa décision au 30 septembre dans l'attente de celle de Marseille.

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