Le secteur de l’animation s’inquiète pour son avenir

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Difficultés de financement, désengagement des plateformes, studios qui ferment... Après des années dorées, le secteur français de l'animation traverse une période de turbulences et d'incertitudes pour son avenir, selon deux études présentées au Festival d'Annecy.

Cette "forte période de mutation" est "marquée par la fin d'un cycle de croissance", note une étude publiée jeudi par l'Arcom, le régulateur de l'audiovisuel. Malgré "une offre qui reste abondante", l'animation française "peine actuellement à se financer", à cause notamment "du désengagement des coproducteurs à l'international" et "des plateformes", souligne cette étude.    Dans le même temps, les plateformes comme Netflix, Disney+ et Prime Video sont aujourd'hui privilégiées par le public, à commencer par les enfants, pour regarder des contenus animés.   Chez les 4-14 ans, les plateformes représentent "plus d'un tiers (36%) du temps passé à regarder des œuvres d'animation (contre 26% pour la télévision et 19 % pour YouTube)", selon l'étude de l'Arcom. YouTube "joue un rôle grandissant dans cet écosystème", poursuivent les auteurs de l'étude. L'offre de vidéos d'animation y a été "multipliée par 25 en dix ans", les chaînes de télé, distributeurs et producteurs y voyant "une vitrine promotionnelle".

Or, ces nouveaux acteurs ne sont pas soumis aux mêmes obligations de financement que les chaînes de télé classiques. Face à cette crise, "il faut agir maintenant", s'alarme AnimFrance, le syndicat du secteur, dans un autre rapport publié mercredi dernier. Ce syndicat pointe notamment le décret de 2021 appelé "décret Smad", qui fixe aux plateformes des obligations d'investissement dans la création française. "L'objectif n'est pas du tout atteint en matière d'animation", déplore AnimFrance en réclamant une "modification" du décret. Le syndicat critique aussi la situation de YouTube, "sur lequel ne repose aucune contrainte réglementaire", alors qu'il a "un poids incontournable dans l'offre et la consommation d'œuvres d'animation en France". Conséquence de cette période de crise, "la liste de sociétés en difficultés s'allonge", s'inquiète AnimFrance, en citant la liquidation en 2024 et 2025 de plusieurs studios, comme SolidAnim, o2o ou Cyber Group. En réponse aux inquiétudes du secteur, la ministre de la Culture, Rachida Dati, a assuré jeudi vouloir "modifier" les dispositions du décret Smad qui concernent l'animation. L'objectif est de fixer les obligations de financement des plateformes "au bon niveau", a plaidé la ministre dans une tribune publiée par le média spécialisé Le film français.

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