SVOD : la plateforme M Media veut entrer en bourse

La plate-forme numérique française de vidéos culturelles M Media a lancé son processus d'entrée en Bourse à Paris pour se donner les moyens d'acquérir plus d'abonnés et se développer à l'international. Spécialisée dans la création artistique (concerts, spectacles, documentaires, cinéma d'auteur), la société de vidéos à la demande par abonnement (SVOD) a annoncé lundi qu'elle voulait lever entre 5 et 10 millions d'euros, pour une valorisation comprise entre 50 et 100 millions d'euros.  La plate-forme fondée en 2011 par un ancien chef d'orchestre, Michel Swierczewski, propose quatre "chaînes" autour du cinéma, du théâtre, de la musique classique et de la musique jazz et du monde. Elle compte actuellement 10.000 abonnés payants (moins de 2 euros par mois), et 100 000 utilisateurs récurrents gratuits. Jusqu'à présent, la société a délaissé le marketing pour se concentrer sur la génération de revenus grâce à la production et la diffusion de films avec ses propres moyens de tournage et de post-production. "L'acquisition en marketing d'un abonné récurrent coûte en général entre 200 et 300 euros", explique Michel Swierczewski à l'AFP. "En faisant l'acquisition des droits, on offre aussi aux producteurs indépendants la possibilité d'utiliser nos moyens techniques pour fabriquer les films. C'est de cette activité que nous tirons nos revenus, ce qui nous a permis d'être totalement indépendants et nous financer uniquement sur fonds propres." La plate-forme bénéficiaire ne perçoit pas de subventions publiques, mais son modèle financier tient notamment grâce à l'exception culturelle française, c'est-à-dire le soutien de l'Etat à la création artistique, comme les aides du Centre national de la cinématographie. "Le système français est assez unique, c'est un cercle très vertueux", admet Michel Swierczewski. M Media a réalisé un chiffre d'affaires de 4,9 millions d'euros en 2017, en progression de 48% sur un an. Le fondateur espère atteindre le million d'abonnés dans les pays francophones d'ici à 5 ans, en investissant les fonds levés en Bourse. Il compte aussi se développer à l'international, avec la traduction de la plate-forme en anglais, allemand, espagnol, russe et mandarin. "En 7 ans, l'entreprise a coproduit plus de 1.200 heures de programmes, au rythme de 200 oeuvres par an, la quasi-totalité en diffusion 4K/UHD", détaille le communiqué de la société. "C'est selon l'audit 2018 du CNC, le premier service en ligne en termes d'investissements devançant France Télévisions et ARTE." Loin du télérattrapage et des séries grand public des plates-formes de SVOD, M Media diffuse des programmes qui s'adressent plutôt à des connaisseurs. "Ce n'est pas une programmation élitiste, c'est une programmation exigeante", assume Michel Swierczewski. "Je me replace un peu dans l'ancienne ORTF, où vous aviez des émissions très exigeantes, en prime time, qui étaient regardées."

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