Qu’est-ce que Watch, la nouvelle mesure de l’audience TV et vidéo de Médiamétrie ?

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Il y a quelques jours seulement, le groupe Canal+* tirait le premier, suivi de près par le groupe M6*. Les deux groupes audiovisuels dévoilaient en effet leurs premières données extraites de la nouvelle étude de Médiamétrie, mise à disposition de ses souscripteurs depuis le 28 octobre, qui ambitionne de rendre compte de la mesure d’audience unifiée couvrant l’ensemble des usages vidéo - télévision et plateformes confondues.

Baptisée Watch, et complémentaire de l’actuelle étude Mediamat, celle-ci affiche sa volonté de « mesurer l’audience de ces acteurs de la télé et de la vidéo de façon équitable », insiste Médiamétrie dans le cadre d’un « brief pédagogique » organisé jeudi par la société de mesure. Et l’enjeu est simple : proposer une vision globale de la consommation audiovisuelle française dans un paysage en pleine mutation, marqué par la plateformisation, la délinéarisation et l’essor des agrégateurs. Avec cette idée de fournir au marché, par marque, des metrics clés de pilotage, mais aussi de savoir et de répondre à des questions très concrètes : combien de temps en moyenne chaque jour les Français passent à consommer ces différentes offres ? Combien de Français ont été en contact avec chacune de ces offres (jour, mois, semaine) ? etc. Puis d'évaluer aussi le profil de la consommation de ces offres et de savoir si celles-ci ont davantage été consommées par les hommes, par les femmes, par les jeunes, les moins jeunes. Et de pouvoir évaluer aussi le profil et la structure d'audience des différentes plateformes concernées. Les résultats sont d’ailleurs disponibles sur l'ensemble de la population française, sur les individus âgés de 4 ans et plus, et sont disponibles aussi via 15 cibles avec les principaux segments d'âge, de sexe et de CSP.

Dans les faits, la mesure s’appuie sur une double approche. D’un côté, les éditeurs (toutes les marques des groupes TF1, France Télévisions, M6, Canal+, Arte, RMC-BFM) qui sont évalués sur un périmètre tous écrans et tous lieux (domicile ou hors de domicile, en mobilité), intégrant les sites, applications, box, agrégateurs et réseaux sociaux. Et de l’autre, les plateformes (Disney+, Dailymotion, Netflix, Prime Video, Pluto TV, Twitch et YouTube) dont les usages sont pour l’heure uniquement mesurés à domicile. « Lorsque nous mesurons Netflix ou YouTube, nous prenons en compte tous les contenus accessibles sur la plateforme, quelle qu’en soit la provenance, même d’une plateforme concurrente. Et que ce soit sur l’écran TV ou l’écran digital », précise Médiamétrie. Pour l’heure, il a été décidé que la communication des acteurs sur ces nouvelles données était limitée à leur propre résultat uniquement, sans possibilité de se comparer, de se ranker ou de se benchmarker par rapport aux autres, les périmètres n’étant ni identiques ni équivalents, souligne-t-on encore chez Médiamétrie. Ce qui devrait évoluer dès le début de 2026, tout comme le nombre actuel d’acteurs souscripteurs, 13 en tout, donc. « Cette première liste a vocation à s'enrichir et à voir en tout cas le nombre d'acteurs s'étoffer dans le temps », veut croire Médiamétrie pour cette mesure dont les résultats seront disponibles mensuellement, trois semaines après la fin du mois précédent. Une fréquence de publication qui pourrait être amenée à être réduite « en fonction de nos capacités techniques de production », ajoute l'entreprise.

Le panel ?

Concrètement, la mesure des éditeurs repose, elle, sur deux panels. Le panel Mediamat qui est le panel représentatif de la population française avec plus de 5 500 foyers et ses 12 000 individus 4 ans et plus, complété d'un panel hors domicile et mobilité de 5 000 individus de 15 ans et plus. Cela permettra ainsi de collecter l'audience qui est faite hors du domicile et en mobilité. Pour la mesure des plateformes, et c’est la véritable nouveauté, un streaming meter est disponible. Ce boîtier électronique est installé au domicile des foyers panelistes de Médiamétrie. Il collecte les données sur l'ensemble des équipements qui sont connectés en wifi au sein du foyer, le temps passé et le flux sur ces différentes plateformes. Celle-ci est réalisée sur un panel de plus de 2 730 foyers, soit plus de 5 500 individus 4 ans et plus. A terme, annonce Médiamétrie, « l’objectif est de pouvoir basculer ces derniers foyers vers le panel Mediamat et d'avoir à horizon mi-2026 un panel unique qui mesure à la fois les acteurs télé et les acteurs de la vidéo ».

En 2026…

Avec cette première phase de lancement de Watch, Médiamétrie indique qu’elle a également livré au marché des estimations sur la couverture « pubable » de Netflix, c’est-à-dire l’audience réalisée par Netflix sur les individus qui sont abonnés à son offre avec publicité. Mais dès 2026, la société entend « élargir et compléter cette première mesure par marque d'une vision par contenu », souligne Médiamétrie. Quoi qu’il en soit, au début de l’année prochaine, « faire aussi évoluer un certain nombre de règles, de conditions de publication, de communication ». La feuille de route assignée est « d'aller vers une mesure qui soit plus complète pour étendre le périmètre actuel et pour les plateformes qui participent à cette mesure, inclure les usages qui sont faits hors du domicile et en mobilité, mesurer, publier davantage d'acteurs, de cibles, d'indicateurs. D’aller vers une mesure qui soit plus comparable ». Et puis le souhait d’aller «  vers une mesure plus granulaire », plaide encore l'entreprise de mesure. Prenant ainsi acte d’une mesure actuellement « très agrégée », il va falloir « que l’on aille « vers une mesure qui soit beaucoup plus fine, avec plus d'analyses disponibles et puis plus de détails aussi sur l'audience d'une marque », fait-elle valoir. Aussi, en 2026, être capable de « mesurer ces acteurs qui sont hébergés chez des tiers », à l’instar de Canal+, qui héberge Apple TV+, Paramount+ ou encore HBO Max. Puis, enfin, « enrichir cette mesure grâce aux big data qui sont disponibles aujourd'hui et qui sont les données propriétaires de chacune de ces plateformes ».

* : Canal+ a annoncé que ses contenus, que ce soit sur ses offres payantes et gratuites, ont ainsi rassemblé 54,4 millions de Français, soit un total de 424 millions d’heures de consommation sur l’ensemble du mois de septembre. De son côté, Dailymotion a cumulé une audience de 22,9 millions de Français sur la même période.

** : Le groupe M6 affiche pour sa part 58 millions de Français qui ont regardé ses chaines, soit 742 millions d’heure de contenus en linéaire ou digital.

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