SFR : Michel Combes et Alain Weill font leur bilan d’étape

« On ne veut pas être un opérateur qui enferme ses clients ». Un enjeu majeur qu’ont tenté de démontrer et défendre vendredi Michel Combes, président de SFR, et Alain Weill, patron des activités média de SFR, co-invités vendredi du traditionnel déjeuner de l’Association des journalistes médias (AJM). Parce que la maison mère de SFR, le groupe Altice, fondé par Patrick Drahi, n’a eu de cesses de bousculer le marché des télécoms, des médias et de la presse à coups de milliards d’euros investis en France, aux Etats-Unis ou encore en Israël et au Portugal. « Nous avons vocation à répéter ailleurs ce que nous faisons en France », insiste Michel Combes. Les deux hommes sont ainsi revenus sur le dossier Canal+ dont une rumeur récurrente fait état de discussions avec Orange. Quid pour SFR ? « Que je sache, Canal+ n’est pas à vendre, nous sommes engagés dans le développement de nos affaires, nous traçons notre route », réplique Michel Combes. « Nous sommes compétiteur de Canal+, mais au cas où… nous regarderons le dossier », relativise pour sa part Alain Weill. Pour les deux hommes ces tractations, si elles existent, « valide et conforte notre modèle. Nous orientons le marché », se félicitent-ils.

S’étant toujours montrés ouverts aux discussions avec des distributeurs pour la reprise des chaines TV du groupe, SFR Sport et ses déclinaisons en tête, les négociations n’ont pour l’heure pas abouties. Une posture que le patron de SFR justifie par non seulement le fait que ceux-ci « ont voulu se donner le temps de voir pour juger » de l’intérêt pour eux de reprendre ces chaines, mais aussi par les « conditions économiques proposées » et « le naming des chaines », à base du nom SFR, qui a pu jouer en défaveur du groupe de Michel Combes. Toutefois, SFR se cherche d’autres planches de salut avec notamment l’accès pour le public à ses chaines via l’OTT. Même si cette approche semble plus anecdotique, le président de SFR y croit dur comme fer : « l’OTT va exploser dans les mois qui viennent ».

Pub adressée : un enjeu majeur

Côté publicité, SFR Media prépare la fusion « prochaine » entre ses régies Altice Media Publicité et SFR Régie et à plus long terme avec Next Régie, la régie du groupe NextRadioTV dirigé par Alain Weill. D’autre part, comme annoncé il y a plusieurs semaines BFM Paris testera cet été sur son antenne en direct les publicités adressées. Une technologie riche de possibilités pour un opérateur qui détient autant de données sur ses clients via sa box. "En simplifiant, ceux qui ont des chiens auront des publicités pour Canigou et ceux qui ont des chats des publicités pour Ronron", a résumé Alain Weill. En ligne de mire, la volonté d’accroître les investissements publicitaires à la télévision, qui viennent de se faire dépasser par les investissements sur internet, au bénéfice des géants comme Google et Facebook qui en captent l'essentiel. « Si nous ne nous adaptons pas, la publicité TV migrera vers le digital », prévient-il. "Pour l'instant la législation française n'autorise les publicités adressées que sur les chaînes locales, mais elle devrait évoluer courant 2017, une fois la situation politique plus claire après l’élection présidentielle", a estimé Michel Combes. "Les annonceurs sont prêts à payer un peu plus cher pour passer des publicités différentes selon les foyers. Par exemple, un constructeur automobile pourra proposer une voiture différente, ou le groupe SFR lui-même proposer des offres différentes selon que le foyer est ou non déjà abonné", a-t-il encore expliqué. Il n’est d’ailleurs pas le seul à opérer des tests en la matière. La régie du groupe TF1 teste actuellement avec Orange des publicités ciblées mais seulement sur les vidéos en replay. "Nous allons appliquer à un média classique le modèle de la publicité numérique. C'est une révolution qui se prépare, un enjeu considérable", a ajouté Alain Weill. SFR espère aussi attirer à la télévision de nouveaux annonceurs qui veulent cibler leur public, au-delà des secteurs habituels comme les cosmétiques, le luxe ou l'automobile.

Un plan Presse présenté prochainement

Par ailleurs interrogé sur son activité Presse, MM. Combes et Weill ont indiqué que le kiosque numérique SFR Presse, qui propose désormais 65 titres en lecture illimitée, a vu bondir le nombre de téléchargements de titres entre 80 000 et 100 000 par jour. En janvier, ce kiosque numérique avait enregistré 1,5 million de téléchargements (soit 50 000 par jour en moyenne). "SFR répond à une attente et sera copié dans le monde", a estimé Alain Weill qui a pronostiqué une augmentation dans un an à "plusieurs centaines de milliers de téléchargements par jour". "D'ailleurs nos compétiteurs veulent faire la même chose", a ajouté le patron de SFR Michel Combes. "C'est la chose la plus intelligente que j'ai vue et c'est la solution pour la presse de demain", a lancé Alain Weill. "Peut-être que ces titres seront de moins en moins vendus en kiosque, mais c'est déjà une tendance". Les plus téléchargés sur SFR Presse sont Libération, Public et Le Parisien/Aujourd'hui en France. Le JDD y vend plus de 10 000 exemplaires par semaine. SFR, qui possède une quinzaine de titres, est "prêt à réinvestir dans ses journaux", en donnant une priorité au numérique et au mobile, en modèle payant, sans abandonner le papier, a par ailleurs annoncé Alain Weill. "Je présenterai prochainement à Patrick Drahi un plan concernant l'avenir de ces marques de presse", a-t-il ajouté. Après avoir acquis des journaux en série, le groupe a réduit la voilure en décidant de revendre plusieurs magazines à l'homme d'affaires Marc Laufer (dont L'Etudiant et Stratégies), en réduisant les effectifs du groupe L'Express, passés de 700 à 500 salariés et en arrêtant le mensuel L'Expansion.

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