Vivendi retire un référé contre l’italien Mediaset

Après une première victoire en Espagne, Vivendi a retiré un recours en référé déposé aux Pays-Bas contre le projet européen du groupe de télévision italien Mediaset, souhaitant désormais se concentrer sur le fond, a-t-on appris mardi de sources proches du dossier. Contacté par l'AFP, le groupe français s'est refusé à tout commentaire. La fusion entre Mediaset et son homologue espagnol Mediaset Espagne, votée lors d'une assemblée générale extraordinaire le 4 septembre, doit donner naissance à un groupe de télévision paneuropéen de droit hollandais nommé Media For Europe (MFE). Vivendi, deuxième actionnaire de Mediaset, a obtenu vendredi la suspension du processus de fusion auprès du tribunal de commerce de Madrid. Vivendi est opposé à ce projet censé fédérer les grands acteurs de la télévision face aux plateformes numériques, mais qui doit aussi permettre à la famille Berlusconi, actionnaire principal de Mediaset, via la holding Fininvest, de renforcer largement son contrôle sur le groupe, au détriment du Français. « A partir du moment où le tribunal de commerce de Madrid nous a donné raison et où le processus de fusion entre Mediaset et Mediaset Espagne est suspendu, le référé aux Pays-Bas n'est plus nécessaire », a affirmé à l'AFP une source proche du dossier, alors que l'audience à Amsterdam était prévue mercredi.

Un autre référé déposé par Vivendi en Italie pourrait connaître le même sort, a dit à l'AFP une autre source proche du groupe de Vincent Bolloré. Vivendi « essaie de diminuer le nombre de procédures », a-t-elle justifié, en soulignant que le groupe voulait « déclencher une action sur le fond » du dossier. « La fusion est maintenant bloquée, on a le temps. Même si Mediaset attaque la décision espagnole, l'appel n'interviendra pas avant des mois », a encore déclaré cette source. Mediaset, après la décision du tribunal espagnol, avait assuré vendredi que « Vivendi n'arrêtera(it) pas (son) projet d'expansion européen ». Il avait aussitôt annoncé qu'il ferait appel, en disant avoir « la certitude » qu’alors « seront reconnus les avantages stratégiques et opérationnels ne pouvant être obtenus qu'à travers une fusion menée par une direction unique ».

De source proche du dossier, on indique que Vivendi craint que le groupe italien ne convoque une autre assemblée générale extraordinaire pour faire avancer son projet européen sans Mediaset Espagne, et veut sécuriser l'intégralité de ses droits de vote dans la société. La société fiduciaire Simon Fiduciaria - à laquelle Vivendi, également actionnaire de Telecom Italia a dû transférer quelque 20% des droits de vote dans Mediaset pour respecter la loi italienne sur la pluralité des médias - a elle aussi saisi le tribunal de Milan pour réclamer l'annulation des résolutions de l'AG du 4 septembre car Mediaset lui a interdit d'y voter.

Vivendi attend enfin une décision de la justice européenne qui doit se prononcer sur la loi anti-trust italienne l'ayant obligé à baisser sa participation dans Mediaset ou dans Telecom Italia. Le groupe italien Mediaset avait dénoncé vendredi « la campagne médiatique et judiciaire de Vivendi (qui) a l'objectif de nuire gravement à tous les actionnaires de Mediaset et encore plus à ceux de Mediaset España, qui ont approuvé à une large majorité le projet dans les deux pays ». Mediaset avait accusé le groupe français de vouloir « déprimer la valeur en Bourse du titre Mediaset pour pouvoir ensuite en profiter ».

Vivendi et Mediaset sont à couteaux tirés depuis que le groupe français est revenu à l'été 2016 sur un accord prévoyant l'achat de 100% du bouquet de chaînes payantes Mediaset Premium et un échange de participations. Ils s'affrontent depuis devant la justice italienne à ce sujet, Mediaset et Fininvest réclamant, selon Vivendi, 3 milliards d'euros de dommages et intérêts au groupe français.

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