Roselyne Bachelot au ministère de la Culture

Bachelot

Roselyne Bachelot et Franck Riester lors de la passation de pouvoir au ministère de la Culture le 6 juillet 2020

La rumeur bruissait. Elle s’est réalisée. Mais la surprise est tout de même de taille. Le nouveau Premier ministre Jean Castex a ainsi choisi l’ancienne ministre et animatrice TV (LCI, D8…) sur le tard Roselyne Bachelot pour prendre les rênes du ministère de la Culture. Elle succède ainsi, depuis le début du quinquennat d’Emmanuel Macron, à Françoise Nyssen et Franck Riester qui pour sa part s’est fait exfiltrer au ministère du Commerce extérieur en tant que ministre délégué. L’ancienne ministre de la Santé et des Sports mais aussi ministre des Solidarités et de la Cohésion sociale sous l’ère Nicolas Sarkozy, et ministre de l'Écologie et du Développement durable sous celui de Jacques Chirac, Roselyne Bachelot (73 ans) pose ainsi ses valise rue Valois où les dossiers (en suspens) ne manquent pas. En premier lieu, celui de la nouvelle loi audiovisuelle restée en stand-by, crise sanitaire oblige, qui devait notamment voir les entreprises audiovisuelles publiques (France Télévisions, Radio France, l'Institut national de l'audiovisuel et France Médias Monde et) ne plus faire qu’une sous la bannière d’une holding baptisée France Médias. Un projet aujourd’hui à la visibilité inexistante, même si l’on croit savoir que certaines mesures du projet de loi à venir pourraient bénéficier d’un décret permettant d’accélérer le mouvement. En tout état de cause, Roselyne Bachelot devra accompagner la transposition des directives européennes sur les services de médias audiovisuels (SMA), sur le droit d’auteur et sur le câble et le satellite, mais aussi veiller à la transformation en espèce sonnante et trébuchante de la contribution des plateformes de streaming au financement de la création européenne, sans oublier l'entrée sur le marché de la pub TV adressée tant attendue par les régies publicitaires des groupes audiovisuels.

La nouvelle ministre devra également éclairer de sa lanterne les dispositions qui avaient été prises quant à la fermeture prochaine des chaines de la TNT France 4 et France Ô alors qu’une date butoir, le 9 août, avait été initialement fixée. Avec un passage au tout numérique pour la première et à une dispersion de l’actualité des Outre-mer dans les différentes chaines du groupe pour la seconde. Mais là encore, la Covid-19 est passée par là, et le travail mené par France 4 a alerté le Pouvoir sur les capacités de la chaine à accompagner les plus jeunes téléspectateurs pendant la période de confinement. La présidente du groupe France Télévisions, Delphine Ernotte, qui avait d'ailleurs reçu pour consigne par le prédécesseur de la nouvelle ministre d’envisager la façon dont France 4 pourrait finalement poursuivre sa mission sur la TNT. Et puis, aujourd’hui, quid de France Ô ?  

Soutenir les « nécessaires restructurations »…

Aussitôt connue la nomination de Mme Bachelot, le ministère a dès 20h lundi organisé la passation de pouvoir avec Franck Riester. Elle a ainsi indiqué vouloir « mettre la culture au cœur du plan de reconstruction de notre pays » après la crise du coronavirus. « Je sais que le temps m'est compté », a-t-elle souligné, alors que son prédécesseur venait d'évoquer la « malédiction de voir le titulaire de ce ministère changer tous les 18 mois » en moyenne. « L'urgence absolue en ce début d'été sera d'aider à la remise en route et en état des lieux de culture : festivals, musées, cinémas, monuments historiques", a assuré l'ancienne ministre qui avait laissé la politique de côté depuis 2012. « C'est quasiment une question de vie ou de mort pour tant de personnes, emplois directs et emplois dérivés », a-t-elle ajouté, après avoir souligné que le monde de la culture avait « pris en pleine face la dévastation de la crise pandémique ». Roselyne Bachelot a souhaité tenir « dans les prochains jours » des « états généraux des festivals", touchés par une vague d'annulation cette année, « pour que la saison prochaine retrouve sa vitalité artistique ».  Elle a aussi dit vouloir s' « impliquer pour que les salles de théâtre, d'opéra et de concert puissent redémarrer » et « soutenir les nécessaires restructurations à mener » dans le secteur de la presse écrite et de sa distribution, qui traverse une « crise existentielle ». En tout cas, le travail ne manquera pas. Le temps peut-être un petit peu…

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