Tony Hall, directeur général de la BBC, démissionne

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Le directeur général de la BBC a annoncé lundi sa démission du géant public des médias britanniques, en délicatesse avec Boris Johnson et confronté au défi du financement et du rajeunissement de son audience. Dans sa lettre de démission, Tony Hall explique que sa décision a été « difficile » à prendre après sept ans en poste, mais qu'il souhaite donner la priorité aux « intérêts de l'organisation ». La BBC est dotée d'une charte qui sécurise sa mission d'ici 2027 et sera examinée à mi-parcours au printemps 2022. M. Hall estime « juste » que son successeur soit en place avant ce passage en revue, qui concernera aussi la redevance, sa principale source de financement.

Ces discussions s'annoncent compliquées politiquement. Le média public a été visé par de nombreuses critiques, à droite comme à gauche, pour son traitement de la campagne pour les élections législatives du mois dernier. Un journaliste politique particulièrement incisif de la BBC, Andrew Neil, avait notamment étrillé Boris Johnson pour avoir refusé qu'il l'interviewe. Remonté, le Premier ministre s'est prononcé pour une baisse de la redevance et une réduction des amendes pour ceux qui ne la payent pas, remettant en question le financement du groupe qui emploie plus de 2.000 journalistes.

Dans sa lettre de démission, M. Hall a mis en avant les valeurs défendues par son média. « A l'ère des fake news, nous restons un repère en matière d'impartialité et de vérité. Ce que représente la BBC est précieux pour ce pays », a-t-il souligné. Il a déclaré qu'il quittait un média devenu « plus innovant, plus ouvert, plus inclusif, plus vigilant commercialement » mais qui devait continuer à s'adapter et à se réformer. Face à l'émergence du numérique, la BBC a développé la télévision de rattrapage (BBC iPlayer), la diffusion de ses antennes et émissions en podcasts sur téléphone mobile (BBC Sounds) et le site d'information.

En octobre, le régulateur audiovisuel britannique, l'Ofcom avait cependant appelé la BBC à en « faire plus » pour séduire un jeune public, faute de quoi elle risque de perdre « une génération » de contributeurs potentiels à la redevance, (154,50 livres sterling, soit 178 euros). Selon le régulateur, la BBC reste la principale source d'information des Britanniques, et sa réputation de précision et de confiance se maintient. Mais dans son rapport annuel sur l'institution, l'Ofcom a souligné que pour la première fois, moins de la moitié (49%) des jeunes de 16 à 24 ans se sont branchés sur les chaînes télévisées de la BBC lors d'une semaine moyenne, selon l'Ofcom.

Le temps de visionnage chute chez les enfants et les jeunes adultes, et leur utilisation de l'application de télévision de rattrapage a chuté, là où Netflix progresse. Autre point faible, la BBC est parfois vu comme représentant une « petite bourgeoisie blanche » et centrée sur Londres, a relevé l'Ofcom dans son rapport. La BBC est également confrontée à une fronde en interne sur la question de l'égalité salariale. S'estimant désavantagées par rapport à leurs collègues masculins, plusieurs présentatrices l'ont poursuivie en justice. L'une d'elle, Sarah Montague va toucher 400.000 livres (468.000 euros) en vertu d'un accord annoncé dimanche soir. Le président de la BBC, David Clementi, a salué dans un communiqué « l'intégrité » et la « passion » de Tony Hall et expliqué que son successeur serait nommé par le conseil d'administration de la BBC après examen de candidatures internes et externes.

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