Deezer veut voir l'Amérique en 2014, mais pas tout seul...

Deezer se prépare à un lancement aux États-Unis en 2014. Si la concurrence s'y intensifie dans l'offre de musique à la demande, "les cartes ne sont pas encore distribuées", a assuré Daniel Marhely, cofondateur du site. "A priori, c'est un projet pour 2014. La date de lancement n'est pas encore décidée. Mais 2014 sera pour nous une année américaine", a indiqué le directeur de la technologie de la jeune pousse française au cours d'une interview à l'AFP. Daniel Marhely a expliqué que, malgré une importante levée de fonds l'an dernier pour financer son expansion, Deezer ne pensait pas pouvoir se lancer de façon indépendante dans cette aventure qui demande de forts investissements. "Par contre, trouver un partenaire logique en termes de distribution, comme on l'a pu le faire avec des opérateurs téléphoniques, c'est ce qu'on essaye de faire", a-t-il expliqué. Deezer a conclu plusieurs accords avec des opérateurs mobiles, comme Orange en France, qui fournissent un accès à la musique à la demande dans leur offre. Cette stratégie a permis au groupe de voir le nombre de ses abonnés payants progresser fortement, jusqu'à atteindre 5 millions. Il n'a pas écarté la possibilité que Deezer s'allie à un partenaire d'un autre secteur que les télécoms pour s'attaquer au marché américain, mais a démenti les "rumeurs" d'un rachat de la société par Microsoft. "C'est un vrai préjudice pour nous de ne pas être" aux Etats-Unis". "Les gros partenaires, les grosses marques médias partent de là-bas. Il faut qu'on y soit pour exister", a-t-il insisté.

… Se différencier par le produit

Deezer pourrait choisir un positionnement différent de celui de ses concurrents aux États-Unis pour arriver à se démarquer, a suggéré Daniel Marhely. "Avec nos concurrents, on a le même catalogue, le même tarif (autour de 10 euros par mois, ndlr). On doit donc se différencier par le produit. On doit apporter quelque chose de plus", a-t-il souligné. Deezer mise ainsi sur la qualité de sa recommandation de musique, par une combinaison d'algorithmes, qui proposent aux utilisateurs des morceaux correspondant à leurs goûts, et par le travail d'une cinquantaine d'"experts" maison. "Il y a une limite à l'algorithme. Techniquement, on pourrait remplacer un expert par un algorithme. Mais il se limiterait à ce que les gens écoutent. C'est difficile pour un algorithme d'aller fouiller dans les catalogues et de dénicher une perle rare que personne ne connaît", a-t-il souligné.

Le responsable a estimé que les principaux concurrents sur ce marché seraient YouTube, la filiale de vidéo en ligne du géant internet américain Google, qui prépare un service d'écoute de musique, et iTunes, le logiciel de lecture et bibliothèque de musique d'Apple, très présent chez les ménages américains. Le site de musique en ligne suédois Spotify, principal adversaire de Deezer en Europe, est déjà implanté aux Etats-Unis où sont aussi présents Rdio, Pandora Media et Rhapsody ou l'offre de musique de Google. "Le paysage concurrentiel" s'est dessiné en 2013 avec l'arrivée de ces nouveaux acteurs, et à présent "il va falloir jouer" la partie, a-t-il relevé. " Mais on est encore au tout début de ce marché (...) les cartes ne sont pas encore distribuées".

Dépenser « intelligemment »

Présent dans 180 pays, le groupe a décidé il y a six mois "de se focaliser essentiellement sur cinq pays", la France où Deezer a une position de leader à maintenir, le Brésil, le Mexique, la Grande-Bretagne et l'Allemagne. "Etre partout, mais petit, ça n'a pas d'impact", a-t-il expliqué. En revanche, après une levée de quelque 100 millions d'euros en 2012 auprès du fonds de l'homme d'affaires américano-ukrainien Len Blavatnik, Daniel Marhely "ne veut plus lever de fonds" pour ne pas être "dans une fuite en avant". "On va dépenser intelligemment l'argent, on a encore des munitions", a-t-il noté, estimant qu'il faudrait "encore un an ou un an et demi" pour que le groupe, dont les comptes étaient à l'équilibre en 2012, revienne à nouveau dans le vert. Deezer devrait atteindre un chiffre d'affaires "de près de 100 millions d'euros" cette année, après des ventes d'environ 60 millions l'an dernier, a-t-il prédit.

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