Bruno Ledoux a un projet "révolutionnaire" pour Libération

Bruno Ledoux, l’un des principaux actionnaires de Libération, espère fédérer de nouveaux partenaires autour de son projet pour le quotidien : la création d’un réseau social autour du journal, une idée qu’il juge "révolutionnaire". Cet homme d’affaires de 49 ans, au style décontracté, a fait fortune dans l’immobilier dans les années 2000. Il raconte avoir choisi délibérément "un challenge impossible" en investissant 7,5 millions dans le journal fin 2012. "Sans mon apport, Libération était en dépôt de bilan. On m’a dit que j’étais stupide de mettre de l’argent dans la presse. Mais je vois les possibilités", dit-il, enthousiaste pour son idée de créer un réseau social autour de Libé et un espace culturel dans son siège, redessiné par Philippe Starck. Ce projet surprise, dévoilé vendredi, a déclenché la colère de la rédaction, qui craint l’abandon à terme du papier et a créé un mouvement de riposte. "J’ai bon espoir de réaliser mon projet", assure Bruno Ledoux. "J’espère trouver de nouveaux investisseurs car, depuis, de nombreux contacts se sont manifestés". À court terme, le journal est aujourd’hui en danger de faillite. Aussi espère-t-il un prêt de Bercy et dit les actionnaires prêts à un apport "symbolique". Créer un réseau social autour d’un journal est une idée "totalement inédite et assez révolutionnaire", estime-t-il. "C’est la première fois qu’un organe de presse pense à développer un réseau social. L’idée a provoqué un buzz international. Au lieu d’échanges verticaux entre le journal et ses lecteurs, il s’agira d’échanges horizontaux, dans une famille de pensée. Un organe de presse peut représenter plusieurs millions de pages vues sur internet, mais s’il est analysé comme un réseau social, sa valorisation n’est plus du tout la même. Il serait valorisé par ses lecteurs et non pas par les journaux vendus", a-t-il souligné. Comme la haute couture

"Libération a une immense force : il est le seul à pouvoir créer un univers progressiste, totalement identifiable, à avoir un discours irrévérencieux et avoir compris l’importance de l’aspect graphique. Et mon projet intéresse énormément les jeunes, qu’il faut reconquérir". Pas question d’abandonner le papier, assure-t-il. "Sans le journal, qui légitime tout le reste, le système s’effondre, comme les sociétés de luxe, qui sont portées par la haute couture". Il avait racheté l’immeuble où siège Libération en 2001, quand le mètre carré ne valait que 2 000 euros. Maintenant ce bâtiment occupé de 8 étages au cœur de Paris vaut 30 à 35 millions, selon lui. "J’aurais pu faire une opération immobilière pure car le bail de Libération est terminé. En 2012-2013, les impayés avaient dépassé 1 million d’euros même si les paiements des loyers sont plus ou moins à jour actuellement. N’importe quel autre propriétaire aurait résilié le bail. Mais je suis le plus motivé par le journal", martèle-t-il.

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