Objets connectés: services autonomes plus que gadgets

Les objets connectés se divisent en deux grandes familles. Ceux qui sont des relais de smartphones et ceux qui se comportent de manière autonomes. Ces derniers sont appelé à rendre de grands services, notamment dans le domaine de la santé. Par le co-fondateur et co-président d'Archibald & Abraham

Au lendemain de la sortie incontournable de l’Apple Watch, les objets connectés deviennent le sujet prédominant de la presse, tous secteurs confondus. Des projets les plus farfelus aux plus intelligents, ils suscitent la curiosité et l’engouement de chacun. L’intention d’achat chez les Français s’élève à 68 % des répondants d’une étude réalisée fin 2014 (The Links), et ils sont 89 % à confirmer que les objets connectés peuvent rendre de réels services. Leurs bénéfices ne sont plus tellement à prouver mais certains Français restent encore nombreux à émettre quelques craintes. Ils sont tout de même 27 % de dubitatifs : cette catégorie de répondants ne cerne pas encore tout à fait le sujet et sera certainement la population la plus difficile à convaincre, considérant ces nouvelles technologies comme de simples gadgets. La récupération des données personnelles, pour des utilisations pas toujours très claires, ou encore le prix, sont les premiers obstacles à l’achat. Des obstacles qui vont potentiellement être levés rapidement, au fur et à mesure que ces objets vont se démocratiser.

Concernant les données transmises par l’utilisateur, cette problématique reste un sujet sensible et légitime et les entreprises vont bien devoir montrer patte blanche, bien que cela n’ait jamais empêché Facebook, qui a connu les mêmes critiques, de réunir plus d’un milliard d’utilisateurs… L’usage et l’utilité du service restent des arguments imparables. Nous le disions, les objets connectés envahissent nos blogs et revues de presse. Beaucoup ont fait l’exercice de les rassembler par catégorie : automobile, maison, multimédia ou santé, les start-up fleurissent et les projets sont de plus en plus nombreux. On aperçoit deux grandes catégories englobant ces différents secteurs : les « objets-interface » et les « objets-autonomes ».

Les « objets-interface » ont, pour l’instant, exactement les mêmes fonctions que notre smartphone comme les GoogleGlass ou les célèbrent montres connectées. Cette catégorie d’objets répond aux actions de son utilisateur et à la configuration qu’il détermine : GoogleNow, les applications météo, agenda ou autre, elle promet les mêmes avantages que nos téléphones actuels mais sur un support différent et plus « naturel » (le poignet est considéré comme l’endroit du corps le plus adapté aux wearables)

Les « objets-autonomes » quant à eux proposent des services totalement indépendants de son utilisateur. C’est ce qu’on appelle le Machine-to-Machine. Ils sont capables d’agir seuls ou connectés à votre smartphone ou un autre device. En collectant la data, l’objet-autonome sera capable de vous proposer des solutions ou services personnalisés (la gamme Withnings ou August Smart Lock), sans que vous ayez besoin de faire quoi que ce soit (si ce n’est de renseigner vos informations basiques à la première utilisation). La différence est fragile mais semble être majeure car cela peut influencer la pérennité de l’objet, avant qu’il soit remplacé ou non par une technologie plus approfondie.

La santé connectée sera bien plus qu’une balance qui dessine votre courbe de poids hebdomadaire. L’innovation, dans sa définition propre, est un changement radical qui amène à remplacer les normes et usages existants pour les remplacer par de nouveaux. Le secteur de la santé est bien le premier à profiter des projets ambitieux de ces créateurs de nouveautés. En 2013, la Fondation Européenne de Dublin publie une enquête sur la qualité de vie des populations européennes. Ce rapport place la France en tête du classement des personnes les plus stressées au travail. Un sujet à ne pas prendre à la légère quand on sait à quel point notre rythme de vie s’accélère et nous accorde de moins en moins de temps de repos.

Le bracelet Olive rejoint la liste des nouveaux objets connectés de tracking. Mais cette fois, il s’agit bien plus qu’un cardiofréquencemètre. En compilant en temps réel plusieurs métriques (température corporelle, environnement, rythme cardiaque, etc.) Olive vous alerte lorsque vous vivez une situation stressante. Mais le bracelet est surtout là pour vous aider à vous maîtriser et retrouver votre calme. Il vibre pour vous indiquer de prendre quelques secondes au calme et vous propose même – via l’application dédiée – quelques exercices de relaxation. Le projet a dépassé son objectif de levée de fonds sur Indiegogo de plus de 80 % (180 000 $) et devrait être disponible sur le marché en novembre 2015.

L’université de San Diego a-elle imaginé un tatouage qui pourrait bien changer la vie des diabétiques : ce tatouage aux apparences simplistes est doté d’une puce qui calcule en permanence le taux de glycémie. Plus besoin donc pour les patients de vérifier eux-mêmes à heures régulières leur taux. BioSerenity, une jeune société spécialisée dans l’innovation médicale entend aussi intervenir dans le secteur de la santé connectée. Elle vient de mettre au point un produit révolutionnaire à destination des épileptiques. Pour cause, cette maladie nécessite beaucoup d’attention tant les crises restent difficiles à prévoir et à canaliser (seulement 50 % des malades européens reçoivent un traitement adapté).

Le Neuronaute est un t-shirt composé de capteurs permettant de contrôler en permanence les variations du système nerveux du porteur pour en déceler les potentielles crises imminentes. La valeur ajoutée du produit est sa capacité à envoyer les données (qui restent anonymes) sur un Cloud consulté par des médecins et chercheurs leur permettant de mieux comprendre les enjeux de la maladie. En cas de crise, l’entourage du patient sera alerté pour savoir comment réagir.

S’éloignant du secteur de la santé, les objets connectés seront également une source intarissable pour les marques qui souhaitent engager et fidéliser leurs consommateurs. En y associant des technologies comme les Beacon ou le paiement mobile, c’est directement en magasin que les clients vont pouvoir recevoir les offres et informations qui les intéressent et ce directement sur l’écran de leur smartwatch. Cette nouvelle technologie sera donc un outil supplémentaire pour les marques souhaitant se détacher de leur image un peu passée et plus globalement pour celles souhaitant créer du lien avec leurs consommateurs en devenant utiles, réactives et offrant une expérience personnalisée.

Finis les messages publicitaires intrusifs et peu ciblés, les wearables seront pour les annonceurs un moyen de s’ancrer dans le quotidien du bon consommateur, au bon endroit, au bon moment et de manière intelligente. Changer et améliorer le quotidien, voilà la promesse inévitable que les entreprises vont devoir tenir. Mais rappelons-nous par exemple ces réseaux sociaux de niche, arrivés en grande pompe, prêts à détrôner les plus grands pour finir dans l’oubli en quelques semaines (Ello pour n’en citer qu’un, qui n’avait plus que 25 % de ces utilisateurs encore actifs 6 jours après son lancement). Sans une solution pérenne et mise à jour en fonction des habitudes de consommation, un nouvel arrivant plus innovant, ergonomique et plus utile saura vite vous rendre obsolète.

Coach sportif, médecin personnel ou encore système de sécurité de maison, les objets connectés sont en route pour envahir notre quotidien et le rendre plus prévisible, plus contrôlé. La progression de l’innovation étant tellement rapide, qui sait à quoi ressembleront nos vies dans 10, 30 ou 50 ans ? Les objets connectés sont-ils les embryons d’une intelligence artificielle complètement autonome ? Pourrions-nous faire la conversation à notre maison comme Jack Carter dans Eureka ou à notre téléphone comme Joachim Phoenix dans Her?

 

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