La révolution RP n’est pas, n’a pas été, et ne sera jamais digitale !

leon

On en aura pourtant soupé, parfois jusqu’à l’indigestion, et ce dès lors que le premier journaliste français a pu créer son compte sur Twitter. Or, force est de constater que la révolution digitale tant commentée n’a pas franchement eu lieu dans notre métier. Certes, les outils pour communiquer se sont diversifiés. Certes, un post LinkedIn a parfois pu donner plus de résonnance à une information qu’un article en média print, renforçant au passage l’image d’Épinal de l’influenceur. Certes encore, la notion d’instantanéité a progressivement gagné en ampleur. Mais finalement, quoi de réellement nouveau ici ? Et surtout, quoi de réellement pertinent ou structurant dans notre façon de travailler ? Sur le terrain, il semble qu’une toute autre révolution se joue désormais, non pas dictée par un usage massifié du digital, mais plutôt par un contexte économique et social qui en appelle urgemment à la reconnaissance, à la transparence et à la responsabilité !

Il est urgent de revaloriser les talents, pour revaloriser le métier !

Le métier de relations presse est un métier difficile et il est nécessaire d’oser l’affirmer ! Il est difficile car - à l’instar des métiers du recrutement auxquels nous faisons souvent référence - on peut être un excellent professionnel, travailler aux côtés de l’entreprise la plus innovante du monde, disposant de l’information la plus exaltante qui soit et la dévoiler de la plus belle des plumes aux médias… In fine, la satisfaction de l’annonceur ne dépendra que de l’intérêt potentiel et du traitement naturellement subjectif qu’en fera un tiers sur lequel nous n’avons – fort heureusement – aucune emprise : le journaliste. En d’autres termes, l’on ne peut que maîtriser les moyens que l’on se donne, sans avoir aucune garantie du résultat que l’on obtiendra. La pression quotidienne est de fait très forte. Et elle peut être accentuée, en agence, par la multiplicité des clients accompagnés, comme autant de « patrons » à contenter, avec leurs impératifs et leurs urgences. Sans compter les attentes de son employeur, le vrai, qui parce qu’il ne dispose souvent que d’une vision macro du travail effectué, peuvent être au mieux inadaptées, au pire complètement déconnectées. En parallèle, les consultantes et consultants sont quant à eux exposé.es au ras-le-bol d’une grande partie des journalistes assujettie au harcèlement mail et téléphonique, et en viennent à craindre les « name and shame » auxquels s’adonnent certains sur les réseaux sociaux ou groupes privés en cas de malheureuse bourde dans le ciblage ou la présentation de l’information. Enfin, en dépit également des nombreuses compétences et aptitudes exigées, ce métier est demeuré longtemps sous-payé, ne craignons pas le terme ! Tandis que le marché se porte actuellement très bien, et que la guerre des talents y fait rage, la valeur de ces professionnels augmente (enfin), et c’est à nous de nous adapter ! En reconnaissant d’abord qu’ils valent bel et bien ces efforts salariaux d’une part ; en leur fournissant un espace de travail serein et bienveillant, où le mot respect prend un sens consenti par toutes et tous (coucou BTA !) ; mais aussi en imposant un niveau d’honoraire décent aux clients, qui nous permette d’absorber cette inflation (cela rendra service au secteur tout entier).

Des nouveaux enjeux de notoriété, et de nouveaux outils à s’approprier

Elle semble de plus en plus lointaine l’époque du « peu m’importe vos méthodes, tant que j’ai des retombées ! ». En 2022, les annonceurs veulent comprendre ! Dans un souci affiché d’amélioration de leurs méthodes (moins mais mieux), mais aussi de disposer d’un bénéfice plus juste et efficace du levier médiatique : s’agit-il pour moi de mettre en avant ma marque employeur ? D’attirer l’attention d’investisseurs potentiels ? De valoriser mes engagements RSE ? Après ce salutaire « pourquoi » vient donc désormais le « comment ?», qui nous permet à nous professionnels, qui nous sommes longtemps plaint d’un défaut de compréhension, de délivrer un conseil empreint de pédagogie, mais aussi de transparence et de pragmatisme. De fait, notre métier tend aujourd’hui à s’enrichir de services liés à la formation, mais aussi d’autres prestations jusqu’ici peu ou mal préemptées à même de rendre la démarche RP plus efficace et mesurable. Et nous y voyons là une formidable opportunité de devenir encore plus stratégiques ! En étant embarqués aux côtés des directions d’entreprise, mais aussi des directions impact, dans la résolution d’enjeux de croissance et de pérennité. En redevenant donc un partenaire du quotidien et non plus simplement un prestataire…

Responsabilité et respect doivent plus que jamais guider le travail et les choix des agences

Les journalistes eux, souffrent toujours autant de ce qu’ils qualifient de mauvaises relations avec les communicants, empoisonnées par le spam (91 % d’entre eux estiment que moins de la moitié des communiqués qu’ils reçoivent sont pertinents, étude Cision, 2022). A leurs devoirs historiques et intrinsèques, s’ajoutent chaque jour davantage ceux de proposer une parité et une diversité dans les porte-parole et témoins qu’ils interrogent, de se faire les justes porte-voix des urgences sociales et environnementales qui nous bouleversent, de se prémunir plus que jamais des fake news et autres stratégies de désinformation qui peuvent être menées, ou encore de faire preuve de réserve dans un contexte sanitaire, et désormais géopolitique hautement préoccupant. Nous ne citons ici modestement que ceux dont nous avons conscience, de l’autre côté de l’ordinateur, mais n'osons imaginer la lourdeur de la responsabilité de leurs missions d’information au quotidien, en 2022. Et c’est bien ici que la révolution doit se jouer : en refusant de travailler avec des entreprises qui nous incitent au mensonge, qui maquillent de mauvaises pratiques managériales par des engagements d’impact brumeux, qui refusent de nous payer sans raison juridiquement valable, ou qui manquent verbalement et factuellement de respect à nos deux professions.

Cette révolution appelée de nos vœux ne viendra donc pas de la forme mais bien du fond ! Car il est urgent de donner enfin à ce métier la noblesse qu’il mérite ; séduisant au passage des profils plus diversifiés et encore plus passionnés, pour des relations raisonnées et apaisées avec l’ensemble des parties prenantes.

(Les tribunes publiées sont sous la responsabilité de leurs auteurs et n'engagent pas CB News).

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