La télévision à l'heure de l'isolation

L’adversité est toujours le miroir d’une certaine vérité. Ainsi l’isolement forcé celui d’une certaine vérité concernant le média télévisuel.

On disait la télévision morte et voilà qu’au contraire, l’hyper-anxiété du confinement vient se résoudre sur l’écran cathodique.

On croyait en l’avènement d’un onanisme télévisuel fondé sur le binge et le snacking égotiste et voilà qu’au contraire, l’écran principal du foyer redevient le lieu de partage et de conversation sociale le plus recherché et le plus ritualisé.

On voulait nous faire croire que point de salut hormis la surabondance tyrannique des enchaînements successifs des « nouvelles saisons » et autres « originals » et voilà qu’au contraire les grands classiques patrimoniaux télévisuels intergénérationnels font la vedette autant sur le petit écran (Louis de Funès sur M6, films de Pagnol sur F2) que chez les nouveaux Léviathan du streaming (Chabrol et Truffaut sur Netflix)

On nous disait que les générations, milléniales, Z et autres A s’étaient définitivement perdues dans la consommation épileptique de contenu vertical à la demande et voilà qu’on les retrouve, contre toute attente, vautrées mais patientes devant l’écran du salon, rassurées et portées par les enchaînements de cette bonne vieille agrégation linéaire.

On voulait nous faire croire que l’information librement déversée dans les égouts numériques constituait à elle seule la garantie de la liberté de l’expression démocratique, et voilà qu’au contraire les mauvaises odeurs des infox complotistes et des fake news extrémistes nous font redécouvrir le temps long et protecteur de l’information ciselée par ce bon vieux JT et par les chemins de fer éditorialisés de la presse écrite.

On nous disait tout cela. Dans le New Normal, les mêmes nous répèteront encore tout cela. Mais ils auront désormais pris conscience que le contraire est également vrai et que dans la Science du Divertissement post-analogique et pré-IA, la maxime aristotélicienne s’applique aussi à l’objet Télévision dont la vérité sur son utilité, son usage et son avenir est bien un juste milieu entre deux excès contraires.

(Les tribunes publiées sont sous la responsabilité de leurs auteurs et n'engagent pas CB News).

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