Décès de Pierre Bellemare

Pierre Bellemare, monument de la radio et de la télévision mort à l’âge de 88 ans. Fils d’un courtier en livres précieux, c’est par son beau-frère que le lycéen parisien, qui vient de rater son bac, trouve un petit boulot d’assistant auprès de l’animateur-producteur radio Jacques Antoine. À 18 ans à peine, il est censé tenir la comptabilité de sa société. Pierre Bellemare se laisse pousser une moustache — dont il ne séparera plus jamais — pour se vieillir. Le jeune homme se forme à la technique, devient metteur en ondes, régisseur à Radio-Service. À 25 ans, Jacques Antoine lui confie la présentation de "Vous êtes formidable" sur Europe 1, qui fait appel à la solidarité des auditeurs. C’est l’époque de l’abbé Pierre (hiver 1954) et pour Bellemare, le début d’une grande carrière sur les ondes et à l’écran. La même année, il lance "Télé match" sur la télévision publique, qui ouvre une nouvelle ère de jeux. Le principe ? Un candidat "intello" peut se faire repêcher par un candidat sportif. Il reprendra ce jeu plus tard dans "La Tête et les jambes". Un an plus tard, le public découvre le charisme de sa voix de conteur dans "Les Aventuriers": celui dont on n’arrivait pas à capter l’attention à l’école et qui a songé un temps à devenir prêtre raconte des histoires en s’inspirant de faits divers. Avec le souci d'"apprendre à être chacun des personnages pour que leurs dialogues sonnent vrai". Véritable pionnier de la radio et la télévision, il rapporte en 1957 l’usage du prompteur des États-Unis. Avec sa société Tecipress, il produit à la radio d’autres émissions du même type : "De mémoire d’homme", "Les Dossiers d’Interpol" ou "Histoires extraordinaires". Incapable de rester en place, il enchaîne les programmes qu’il présente et/ou produit à tour de bras entre 1954 et 1977 : "La Caméra invisible", "Le Bon numéro", "Cavalier seul", "Rien que la vérité", "20 millions cash", "Pièces à conviction", "Les Dossiers extraordinaires"… Fin 1976, il est nommé directeur général adjoint d’Europe 1. Mais il quitte rapidement son poste, publie des compilations de récits qui se vendent par millions d’exemplaires et reprend de nouvelles émissions, comme "Au nom de l’amour" sur FR3 ou "La Grande Corbeille" sur Europe 1. Champion du contact avec le public, il amorce un tournant en 1986 lorsque FR3 et Europe 1 se séparent de lui, pour rajeunir notamment leur image. Il s’intéresse alors au téléachat, après avoir rencontré le créateur d’une émission américaine de ce genre alors inconnu en France. TF1 est séduite par le concept : il présentera avec Maryse Corson tous les matins pendant 7 ans "Le Magazine de l’objet" qui deviendra ensuite "Téléshopping". Forte de son succès, le concept aura même en 1994 sa propre chaîne, "Club Téléachat", diffusée sur le câble. La relève est assurée par son fils, Pierre Dhostel présentateur de "M6 boutique" — qui n’a pas gardé son vrai nom pour éviter d’être dans l’ombre du père.

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