Baptiste Clinet, l'interview

Le nouveau patron de la création d'Ogilvy dit tout de sa nomination et de ses ambitions.

On les savait en quête d’un cador international pour succéder à Chris Garbutt à la tête de la création d’Ogilvy Paris. Contre toute attente, c’est un prometteur casting maison - et national-, qui aura finalement été acté, permettant à Baptiste Clinet, présent dans l’agence depuis 5 ans, d’endosser le costume d’ « executive creative director » (ECD). Rencontre.

- CB News : Quand s’est décidée cette nomination ? Et qu’est-ce qui a fait pencher la balance en votre faveur ?

- Baptiste Clinet : C’est un process qui a été un peu long. Philip Heimann (Dg d’Ogilvy Paris-ndlr) et Tham Khai Meng (DC monde d’Ogilvy-ndlr) ont pris le temps de voir pas mal de monde. Khai voulait avoir plusieurs options. Quant à Philip, je crois qu’il y pensait déjà à Cannes où j’ai eu l’occasion de rencontrer tout le monde. Plusieurs facteurs ont joué en ma faveur. D’abord, je connaissais très bien l’agence, les clients, et eux-mêmes me connaissaient bien. Suite au départ de Chris, j’avais été amené à prendre le lead sur pas mal de sujets. Sans avoir créé cette situation, Philip a pu me tester sur pas mal de clients dont de très gros comptes internationaux. La compétition Netflix a beaucoup aidé aussi. J'ai dirigé ce pitch, faisant office d’ECD sur ce sujet, sans l’être, et ça a bien marché.  Et puis, Philip et moi avons longtemps travaillé ensemble sur Coke, on se connait bien. Cela dit, je reconnais que, même si j’en suis très heureux, me mettre, moi, 30 ans, Français, à la tête de cette agence-là, c’est plutôt courageux de sa part.


- CB News : L’agence souhaitait rester sur un profil international… Votre absence d’expérience internationale n’a pas finalement pas été un frein…

- Baptiste Clinet : Ils ont vu de top DC internationaux et quelques Français. Mais ce n’est pas facile de s’adapter à la culture d’Ogilvy, très internationale tout en étant en France. Me concernant, cette question de l’international n’est pas vécue comme un problème. Cette dimension, je l’ai avec mes clients. J’ai récupéré cette année tout Coca, et nous avons une nouvelle plateforme globale qui arrive l’année prochaine, tout comme je gère pour Nestlé un projet qui sort la semaine prochaine au Mexique, en janvier aux Philippines… Je passe beaucoup de mon temps dans des réunions avec des clients internationaux. J’étais déjà dans le daily work de la plupart de ces clients, ce n’est pas comme si on leur avait amené un frenchie tombé de nulle part.


- CB News : L’autre élément interpellant, c’est votre âge. De quelle manière cela peut influer sur l’agence ?

- Baptiste Clinet : L’agence a un énorme potentiel créatif, ce dont elle a fait la preuve ces dernières années. Elle fonctionne bien et n’a de fait pas besoin de révolution. Par contre elle a peut-être besoin d’un souffle supplémentaire  qui poussera les gens à aller dans de nouvelles directions. Je ne vais pas vous faire le coup des digital natives, tout le monde est en mesure de juger une campagne digitale, mais moi j’ai grandi avec les idées de Droga, avec des idées out of the box, avec l’envie de faire, en publicité, autant de design, de PR que de films ou digital. Mon but, c’est d’aller chercher du Titanium, apporter à l’agence de grosses campagnes sur de grosses marques.

 - CB News : Quel type d’ECD ambitionnez-vous d’être ?

- Baptiste Clinet : Pas un ECD dictateur en tout cas, ce que n’était, d’ailleurs, pas Chris. J’ai envie d’être un moteur, de ceux qui tirent la machine avec les gens, pas de ceux qui crient pour que la machine avance. Je n’ai certes que 30 ans mais j’ai commencé à bosser tôt, 21 ans, en ayant la chance d’être dans les bonnes agences au bon moment. J'ai eu la chance de produire plus de travaux que certains créatifs qui ont aujourd’hui 10 ans de plus. Ce n’est pas qu’une question de talent, mais aussi d’opportunités et de chance. J’espère apporter cette expérience mais aussi une nouvelle manière de penser pour les équipes, avec la conviction pour les juniors qu’ils peuvent espérer, à 28, 29 ans, avoir gravi les échelons. C’est possible !

 - CB News : Votre nomination s’accompagne-t-elle d’une volonté de gagner en visibilité hexagonale ?

- Baptiste Clinet : Depuis un certain temps déjà, cette volonté est en effet assez forte, elle s’est exprimée sur Perrier, et très prochainement avec Netflix. Ne pas être qu’une agence internationale, être plus présents sur les pitchs français. C’est d’abord une question d’équilibre. Ma nomination peut y aider. Mais on ne se transformera jamais en serial pitcheurs, ce n’est pas dans notre mentalité. Nous préférons faire grandir les marques qui nous font déjà confiance, à l’instar d’Allianz qui a décroché deux Lions à Cannes. Jouons déjà avec les joueurs qui sont dans notre équipe (rires) !

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