Alain Weill : une nouvelle chaîne d’info serait ''une folie''

« Il y a 10 ans, tout le monde disait qu’une chaîne d’information cela ne marcherait jamais. Aujourd’hui, tout le monde veut en faire une. Cela me trouble ». Alain Weill, président de NextRadioTV (BFMTV, BFM Business, RMC, RMC Découverte), n’a une fois encore pas mâché ses mots lors de la conférence de rentrée du groupe. A l’heure où l’incertitude demeure concernant le sort de LCI sur son passage du payant en gratuit et où France Télévisions associé à Radio France réfléchissent au lancement dès la rentrée 2016 d’une chaine d’information, M. Weill juge que le lancement de cette dernière est « une folie ». « Nous sommes le seul pays occidental où il y a quatre chaînes d'information gratuites. Dans le modèle gratuit, nous aurons un problème d’audience diluée, cela ne passera pas » au niveau publicitaire, a-t-il souligné, en estimant qu'"aucun de nous ne s'en sortira indemne".  "S'il y a trop de chaînes d'information, elles seront toutes pauvres. Au final, il y aura des fusions. Ce n'est pas un problème de marché publicitaire mais de part d'audience", a-t-il poursuivi. "On se retrouverait avec des chaînes d'information sur le modèle d'il y a 10 ans, sans reportage et juste avec des gens autour d'une table, un peu comme en Allemagne. Les téléspectateurs seront perdants", a prévenu Alain Weill. « La concurrence saine ne me fait pas peur, c’est la rupture de la concurrence qui m’inquiète », relève-t-il, alors que son groupe est en phase de rapprochement avec l'homme d'affaires Patrick Drahi (Numéricable, SFR, Libération, L'Express). Le groupe NextRadioTV a « un partenaire solide. Si c'est la loi du plus fort, la loi de la jungle qui doit régner, nous sommes bien armés pour cela et nous serons toujours là", a-t-il ajouté en rappelant que BFMTV allait fêter ses 10 ans en novembre et que le groupe était à la recherche d’un nouvelle immeuble. « Peut-être dans le 15ème arrondissement de Paris », a dit M. Weill. "Cela dépasse l'enjeu de BFMTV, c'est aussi celui de iTÉLÉ et de LCI, si elle devient gratuite. J'en appelle au CSA, qui avait déjà dit qu'il n'y avait pas de place pour une nouvelle chaîne d'information", a-t-il lancé, en référence au refus en juillet 2014 du Conseil supérieur de l'audiovisuel de faire passer en gratuit LCI.

Concernant la chaîne Numéro 23, dont la cession en cours au groupe NextRadioTV fait polémique, Alain Weill a laissé entendre que le CSA était désormais "pleinement rassuré sur ses interrogations concernant le capital de la chaîne" et qu'il espérait obtenir l'autorisation rapidement. Le CSA a annoncé fin juillet qu'il rendrait sa décision concernant l'autorisation de vente de Numéro 23 en octobre. Interrogé sur la publicité après 20h sur les chaines du service public, Alain Weill souligne que « l’on ne peut pas tout le temps changer les choses, la réglementation. Mais je vais laisser TF1 et M6 agir sur ce dossier », sourit-il en coin.

Peser dans les médias à l’aune du poids d’Altice

Futur patron mondial des activités média d’Altice Group à la faveur de son association avec Patrick Drahi, le président de NextRadioTV espère boucler l’opération « avant la fin de l’année ». « Notre idée est de pouvoir peser dans les médias à l’aune du poids d’Altice sur ses marchés, car les contenus permettent de fidéliser les abonnés télécoms », avec en ligne de mire, dans un premier temps, « le Portugal puis les Etats-Unis ». « Après la convergence des médias, les 15 prochaines années seront celles de la convergence médias et télécoms", a-t-il lancé. "TV, radio et internet ne feront bientôt plus qu'un", a-t-il estimé, avec l'exemple de la chaîne RMC Découverte, qui diffuse le matin l'émission de Jean-Jacques Bourdin sur la radio RMC. "Les gens le regardent sur RMC Découverte le matin puis l'écoutent à la radio dans leur voiture", a-t-il dit. Il a cité aussi la "convergence des matériels", car "un journaliste de radio peut diffuser en direct à la télé avec un iPhone". "Se rapprocher d'un groupe télécom était évident", a-t-il expliqué. "Altice a de quoi racheter toutes les cibles qui se présenteront en France", a-t-il lancé en souriant.

En France, côté marque de presse, « L’Express et Libération seront des priorités. Certes, l’enjeu de la presse est un enjeu difficile, mais le mobile est un axe de développement important pour la presse », explique-t-il. Ces deux titres « méritent de grands patrons qu’ils ont déjà, soutenus par un actionnaire solide, c’est le cas. Je suis confiant dans leur relance ». Côté commercial, Altice Media Group « n’aura pas de régie commune » comme on pouvait l’imaginer, annonce Alain Weill. La régie de NextRadioTV continuera seule d’assurer la commercialisation de BFMTV, BFM Business, RMC ou encore RMC Découverte. « Il est difficile de mixer des équipes « print » », note Alain Weill. Quoi qu’il en soit, « nous étions un groupe trop petit comparé à TF1 ou M6 », aujourd’hui « il faut que l’on joue dans une cour plus importante ».

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