Cauet : en discussion sereine avec NRJ

Sébastien Cauet est partout, ou presque : radio, internet, production, one-man show. CB News fait le point avec lui sur ses activités, loin de la télévision. Pour l'instant. Interview exclusive.

CB News : Avec 951 000 auditeurs quotidiens en audience cumulée (+ 26 000 en un an), selon Médiamétrie, votre tranche 20-23h sur NRJ est un succès. Quel regard portez-vous sur la station sur laquelle vous officiez depuis 2010 ?

Sébastien Cauet : Ça a été une année magique où on a encore réussi via l'émission du soir (« C Cauet », ndlr) à garder NRJ 1ère radio de France et à faire en sorte que nous restions 1ère émission du soir. C'est une satisfaction d'être aussi responsable de la montée de la station. Parce que c'était un pari de faire fonctionner NRJ le soir. On s'est même amusé à diffuser en direct la radio sur Dailymotion, on a eu 530 000 personnes qui nous regardait. C'est plus qu'un 20h50 de TNT. Tout ça fait réfléchir. Il y a une vraie puissance. Un public sur-consommateur qui a moins de 35 ans. Je suis ravi d'avoir réussi à mélanger l'ancienne technologie qu'est la radio FM avec internet. Car souvent les deux ne se côtoient pas tant que ça. Je ne pensais pas que l'on réussirait cela aussi facilement.

CB News : Cela donne envie de continuer l'aventure ? Serez-vous sur NRJ à la rentrée prochaine ?

Sébastien Cauet : On discute. J'ai reçu pas mal de propositions cette année. Mais à un moment donné il faut se poser la bonne question : est-ce que changer pour changer, c'est bien ? Il faut s'arrêter quand c'est très haut, tout le monde le dit, personne ne le fait. Est-ce qu'il y a encore des choses à faire ? Je pense que oui. On a réussi à mettre en marche une espèce de machine de guerre qui est plus puissante que ce que tout le monde pouvait imaginer. Cette année, on a été attaqué par toutes la radios en face de nous qui ont tenté de modifier leur soirée, de faire des shows, de mettre des émissions en place... Tout le monde s'est mangé le mur. On a été la tranche la plus contre-attaquée cette année. On n'a pas signé, nous sommes en discussion sereine (sourire).

CB News : Votre chaîne YouTube est proche des 500 millions de vidéos vues en 3 ans et demi. Ça se fête ?

Sébastien Cauet : Oui, on va fêter ça. Je vais tourner une vidéo complètement dingue où je vais jouer tous les personnages. Une sorte de micro-trottoir. En lançant cette chaine sur YouTube, je n'imaginais pas à quel point ce serait un média si puissant. Mi-octobre dernier, nous étions à 400 millions. On a gagné 100 millions de vues en 6 mois. Mais le vrai problème aujourd'hui, c'est d'arriver en France à monétiser le succès d'internet. Quand vous avez 500 millions de vidéos vues comme nous, le rapport en termes d'argent est ridicule. Les marques en France et les agences média en sont responsables. Parce qu'elles ne veulent pas sortir du schéma traditionnel des médias... Le spot traditionnel existera toujours, mais en complément il y a moyen de faire des choses pour les marques. Elles n'ont pas compris la puissance du net. Si je bois demain un soda dans ma vidéo ou si j'ai une star qui vient le faire, c'est quand mieux que de placarder un spot. Sur internet, on peut le faire. La France est mal placée là-dessus. S'il y a bien un espace de liberté, tant que ça l'est encore, c'est le net.

CB News : Et la télévision ?

Sébastien Cauet : C'est une année où volontairement je ne me suis pas exposé en télé, je voulais pas de surexposition. En enlevant la TV, je pensais respirer un peu ce qui n'a pas été du tout le cas. Radio, vidéo, le one-man show. je ne suis pas mécontent, c'est bien. Parce qu'arrive dans le même temps des propositions TV d'un peu partout. Comme vous n'êtes pas demandeur, vous suscitez l'envie de gens qui ont envie de vous voir chez eux. Je suis flatté. Ce n'est pas ma stratégie d'absolument vouloir faire de la TV. Je suis très très étonné.

CB News : Vous êtes également producteur via votre groupe Be Aware. Un chemin de croix ?

Sébastien Cauet : Nous sommes spécialisés dans la recherche et la création de formats. Il n'y a jamais eu autant de chaines et aussi peu de places pour la création de divertissements. Vous regardez les chaînes dans la journée, vous n'avez pas de flux, mais de la série, de la rediffusion. Pas de création l'après-midi, pas le matin. Le soir, vous n'avez quasiment plus de seconde partie de soirée. Quand vous produisez il faut réfléchir au fait qu'avant d'avoir vendu le programme vous n'ayez pas perdu de l'argent. La pré-fabrication, la recherche, le développement du format ça coûte au producteur, pas au diffuseur. Quand vous vendez, parfois, vous savez que vous perdez de l'argent à avoir développé le projet. C'est un métier où il faut apprendre à s'adapter. Le façon de fabriquer, les commandes, les budgets des chaînes, tout cela a changé.

CB News : Vous aviez demandé à rencontrer la ministre de la Culture et de la Communication Aurélie Filippetti pour lui parler production. L'a-t-elle fait ?

Sébastien Cauet : Oui, je l'ai rencontré. J'ai mis une veste. Cette démarche était tout à fait désintéressée. Je ne venais pas la voir en tant que Cauet qui se plaint. C'était un fan de la TV qui venait expliquer que le producteur TV n'était pas forcément l'image qu'on en avait du type qui se fait ses 60% de marge et qui gagne beaucoup d'argent en faisant une émission de piètre qualité. Si personne n'y fait attention, les producteurs indépendants de flux/divertissements seront demain tous morts. Déjà, quand on regarde les catalogues de ventes à l'international, il n'y a pas de Français. Tout le monde parle de format hollandais, israéliens... La Hollande diffuse des formats... hollandais. Israël diffuse des formats... israéliens. Quand ils arrivent sur le marché international, leur pays a déjà diffusé. Nous Français, on arrive sur le marché sans diffuseurs, ou peu. Quand la publicité va mal, si vous mettez beaucoup de chaînes, je ne vois pas comment cela peut s'améliorer. J'aurais préféré un peu moins de chaînes, des groupes nouveaux. On ne travaille pas assez dans le partenariat producteur-diffuseur.

CB News : Vous repartez en tournée avec votre one-man show qui sillonne la France depuis 3 ans  ?

Sébastien Cauet : On refait une tournée qui n'était pas prévue, pour 40 dates, pas plus. On va finir avec le Palais des sports le 4 avril 2015, c'est signé. Je pense que l'on sera retransmis à la TV en même temps. Ce sera le même spectacle mais je veux y aménager des choses un peu dingues, que le public soit surpris. Je vais même peut-être rajouter une caméra pour ceux qui nous suivent à la TV avec un 3ème écran... Une caméra sur le côté, sur la scène, je suis en train de réfléchir à tout ça. Le spectacle n'a aujourd'hui que 50% de ce qu'il avait d'origine. En 3 ans, il a beaucoup bougé et il rebougera pour cette dernière tournée. Le but du jeu est maintenant d'écrire le suivant.

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