L'accord Canal+-BeIN Sports en question

La perspective d'un accord exclusif de distribution entre BeIN Sports et Canal+ semble de plus en plus problématique. Dans un avis confidentiel transmis à l'Autorité de la concurrence par le CSA, celui-ci pointe un certain nombre de problèmes majeurs. Dans le document, le Conseil craint trois conséquences, selon BFM Business qui en a dévoilé le contenu. D'une part que les deux alliés s'entendent lors des futures attributions de droits sportifs. Cet accord "pourrait comporter un risque d'incitation à la collusion", indique l'avis.  D'autre part, le CSA estime que BeIN, auquel l'accord devrait rapporter "près de 400 millions par an", aura moins d'incitation à revendre des droits à des chaînes gratuites -- ce qu'elle a fait par exemple pour l'Euro -- au détriment des téléspectateurs. Enfin le régulateur s'inquiète pour les fournisseurs d'accès qui faute de pouvoir proposer BeIN verraient leur activité de distribution de chaines "fragilisée".  En 2012, l'Autorité de la concurrence avait interdit à Canal+ de distribuer en exclusivité pendant 5 ans des chaînes premium, Canal+ et le groupe a donc demandé la levée anticipée de cette interdiction, ce que le CSA estime insuffisamment justifié. Les dirigeants de Canal+ jugent eux cet accord crucial pour l'avenir de Canal+ en France, qui perdra 408 millions cette année et 475 millions Canal+ d'euros en 2017, à cause des droits sportifs qui lui coûtent 822 millions par an, la moitié de ses coûts de grilles.

La décision de l'Autorité de la concurrence est attendue cette semaine. Selon les Echos, l'autorisation devrait être assortie de condition "difficilement acceptables" par Canal+.  Mardi dernier, devant des députés, le n°2 de Canal+ Maxime Saada avait assuré que est une question de survie pour les deux groupes: "BeIN, selon nos estimations, est en perte de 300 millions d'euros" par an, une perte insupportable "même quand on a du pétrole", après avoir conquis 2,5 millions d'abonnés au prix de "500 millions d'euros de droits sportifs". "Le risque potentiel est que les deux disparaissent, le pire qui puisse arriver pour les consommateurs et les fédérations sportives", a t-il plaidé. Une position que ne semble pas partager l'Autorité de la concurrence. 

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