Le SIRTI à l'offensive

Le Syndicat des Radios et des Télévisions Indépendantes (SIRTI), par les voix de son président Philippe Gault, son vice-président Mathieu Quétel et son secrétaire général Tarek Mami, répond aux attaques récentes du patron de Fun Radio/RTL 2 et réclame un plan "FM++". A la fois offensif et sûr de son bon droit.

CB News : Dans les colonnes de la newsletter de CB News le 8 octobre dernier, le patron de Fun Radio et RTL 2 Jérôme Fouqueray mettait à la fois en cause le SIRTI et le système d'attribution des fréquences en France. Votre réaction ?

Philippe Gault : Affirmer que les radios indépendantes pratiqueraient la photocopie des programmes des radios nationales et ne contribuent pas à la diversité musicale, ça n'est même pas une opinion, c'est une contre-vérité. Cela confine pour certains de nos adhérents à l'insulte. Cela nous a amené à nous intéresser à l'histoire de Fun Radio et RTL 2. La première a constamment changé de format au cours des 15 dernières années pour ne cesser de sentir le vent. Et comme une voile qui cherche le vent, quant elle le trouve, elle avance un peu. Dernièrement, elle a trouvé le vent de la dance. La seconde est plus constante dans son format pop-rock. Mais elle n'est absolument pas leader dans son format. Sur la période 2004-2012 : OÜI FM a été constamment leader en terme d'exposition du genre : 90% de ce genre musicale... alors que RTL 2, c'est autour de 70%.

Tarek Mami : C'était sa façon à lui de dire qu'il n'était pas d'accord avec notre demande, à nous les indépendants, des 1 000 fréquences. Il allume un contre-feu. Au cas où on les trouve, je les prends...

Mathieu Quétel : Je pense que M. Fouqueray est un peu en panique. Il aurait du garder un peu de sérénité, un peu de calme. S'il a des problèmes d'audiences et des difficultés à sécuriser son positionnement sur ses deux radios musicales, c'est à lui de travailler, ce n'est pas en s'attaquant aux autres... Nous sommes pour des grands groupes nationaux, qu'il y ait un service public, qu'il y ait des radios associatives, qu'il y ait de l'égalité entre tous ces gens. Ces six dernières années, les grands groupes se sont partagés, distribués 1 000 fréquences en FM, quasiment toutes les chaînes de la TNT, cela nous met dans une situation insupportable en terme de concurrence. Avec "FM+" on s'est fait avoir, on ne se fera pas avoir deux fois. Le déséquilibre volontaire organisé ces dernières années doit être réparé, parce que c'est l'avenir de nos entreprises qui est en jeu. On ne peut pas continuer à avoir des groupes nationaux qui fonctionnent en permanence dans un contexte concurrentiel biaisé en leur faveur, c'est pas possible. Ca suffit. Qu'il y ait des groupes nationaux, ce n'est pas le problème, mais il faut que l'organisation de la concurrence soit équitable. Il faut rétablir l'égalité. On est face à des mastodontes auxquels on ne peut pas répondre, nous n'avons pas les mêmes armes. Puis il y a la Radio numérique terrestre (RNT), le Web... Le Web c'est l'avenir de la radio, c'est eux mêmes qui le disent... Ces groupes nationaux n'ont qu'à aller au bout de toutes leur affirmations publiques... Et ça fera de la place.

Il faudrait selon vous redistribuer les fréquences radios. Pourquoi ?

Mathieu Quétel : A force de tout vouloir, de tout avoir (les grands groupes nationaux, ndlr), on arrive à une situation qui met en danger les PME indépendantes de l'audiovisuel que nous sommes. Comme on a un peu travaillé, on a identifié 1 000 fréquences disponibles dans le paysage analogique. On invite simplement le CSA et les pouvoirs publics à faire un audit indépendant de tout cela, pour nous dire si ce que l'on a identifié existe ou pas.

Philippe Gault : Cela fait longtemps que l'on réclame un plan "FM++" avec un fléchage vers ceux qui ont été mal servis par le plan "FM +" : 1 000 fréquences allouées aux grands groupes nationaux et 300 aux radios indépendantes. Nous ne sommes pas super exigeants. Ce que l'on demande pour un plan "FM++", c'est que ce soit l'inverse. 1000 pour les radios indépendantes et le surplus pour les groupes nationaux. Il faut d'abord compenser et après on revient à quelque chose d'équilibrer. On a trop eu de déséquilibre ces six dernières années. Nous demandons donc officiellement l'ouverture d'un nouveau plan d'optimisation de la bande FM dont les résultats devront aller en priorité aux radios indépendantes.

Pourrez-vous tout de même travailler ensemble ?

Mathieu Quétel : le marché français de la radio a un concurrent principal : le digital. Il y a une forme d'irresponsabilité à ouvrir le débat comme le fait Jérome Fouqueray. Notre industrie doit plutôt s'unir pour voir dans quelle mesure elle peut se préserver et se garantir un cadre réglementaire peut être moins contraignant, un peu plus adapté par rapport à cette concurrence du digital. Nous avons collectivement un intérêt à être unis. Ils ont aussi intérêt dans le cadre de la FM analogique à ce que les radios indépendantes conservent une vraie présence, et permettent au média de rester attractif. C'est une vraie question pour notre industrie par rapport au digital. Comment on s'adapte aux changements, c'est un enjeu industriel pour nous tous. Les PME avec les groupes nationaux. Il faut que l'on élève le débat. C'est un vrai défi, un défi collectif...

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