Libé : après Demorand la crise continue

À la quatrième motion de défiance, Nicolas Demorand a cédé. Lui qui disait en privé que si son seul départ permettait de résoudre la crise, il le ferait immédiatement, a décidé de partir après le refus de  rédaction de publier l’un de ses articles. ""En assemblée générale, une majorité de journalistes a décidé de censurer un de mes textes qui défendait l’impérieuse nécessité de se battre pour un Libé fort. Dès lors, la messe était dite", raconte l’ancien directeur de 42 ans au Monde.fr. Je regrette la démission de Nicolas Demorand", a réagi Bruno Ledoux, l’un des propriétaires, au site des Echos. "Les actionnaires vont réfléchir à la meilleure manière d’incarner le projet qu’ils ont défini pour la suite ", a-t-il ajouté, sans plus de précision sur le successeur de Nicolas Demorand. De leur côté, les représentants du personnel du journal ont estimé que c’était "une issue logique au vu de la motion de défiance adoptée à 89,9 % lors d’un vote le 26 novembre 2013". Pour le directeur de la rédaction Fabrice Rousselot, "il faut saluer le geste, alors que la rupture avec l’équipe semblait consommée". "Aujourd’hui, les défis sont majeurs pour Libération et ce sont ces défis-là qu’il convient de relever", a-t-il ajouté.

Le projet de Bruno Ledoux de créer un réseau social et de transformer le siège parisien de Libé en espace culturel, dévoilé vendredi, a déclenché la colère et la rébellion de la rédaction. Interrogé sur ce projet, Nicolas Demorand affirme au Monde que "les diversifications sont aujourd’hui nécessaires dans la presse écrite" mais "ne peuvent se faire qu’autour d’un journal et d’un site puissants". "C’est dans ces conditions que j’avais évoqué l’idée d’ouvrir notre bâtiment au public, en y conservant sur place la rédaction", poursuit-il. Plus généralement, l’ex-directeur déplore le "blocage" autour des réformes qu’il a cherché à entreprendre pour "faire prendre à l’entreprise le virage numérique" et compenser ainsi la chute des ventes papier. Pour que Libération survive, cette mutation multisupport devra être faite. Les termes de l’équation seront identiques pour mon successeur", juge-t-il. "Le divorce était consommé depuis longtemps", a réagi à l’AFP Tonino Serafini, délégué Sud à Libération. "Quand il est arrivé, j’ai pensé qu’il viendrait avec un discours structuré, des pistes, des grandes lignes. Mais pas du tout. Il se contentait de dire pourquoi il aimait Libé. Quand on veut diriger une boîte, l’amour ça ne suffit pas", dit-il, en soulignant que son départ "ne règle que la crise de direction, pas la crise financière ni celle de l’actionnariat". Nicolas Demorand, lui, "travaille déjà sur d’autres projets", affirme-t-il.

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