Libération : le re-re-re-retour de Laurent Joffrin

Sans surprise, Laurent Joffrin a été nommé jeudi à la tête de Libération où il effectue ainsi son quatrième passage. Directeur de la rédaction du Nouvel Observateur jusqu'en mars dernier, il a en effet consacré la quasi-totalité de ses 37 années de journalisme à des allers et retours entre "Libé" et "L'Obs". Après des débuts à l'Agence France-Presse, il a été chef de service et éditorialiste à Libération de 1981 à 1988. Il y est revenu de 1996 à 1999 comme directeur de la rédaction après huit ans à la tête de la rédaction du Nouvel Observateur. Puis, après un nouveau passage au Nouvel Obs, il est retourné à Libé en 2006, pour remplacer Serge July comme directeur de la publication jusqu'en 2011. "Je suis très content (de revenir). J'ai connu d'autres défis", explique-t-il.

"L'expérience peut être un atout, et je connais bien le journal". "C'est la deuxième fois que je dirigerai vraiment le journal. A chaque fois, je reviens quand il y a une crise", analyse-t-il. "La dernière fois, en 2006, le journal était au tribunal de commerce, c'était plus tendu, car il y a eu d'emblée un plan social de 60 personnes. Mais quand je suis parti, Libération était remis d'aplomb, les comptes équilibrés".

Cherche n° 1 bis désespérément

Aujourd'hui, "il faut un projet économique et rédactionnel nouveau pour les années qui viennent. Je vais le construire avec l'équipe. C'est un nouveau chapitre de cette aventure", explique-t-il. "Mon rôle est de m'occuper du journal. Les développements (pour diversifier le journal voulus par Bruno Ledoux, avec notamment la création d'un café internet, ndlr), j'y serai associé, mais il faut les préciser", ajoute-t-il. Laurent Joffrin, souligne aussi son "attachement affectif" à Libération. "C'est mon journal d'origine, que j'aime beaucoup (...) Ce serait rageant d'avoir passé cinq ans à le redresser pour qu'il disparaisse". Il rejette aussi les critiques de ceux qui voient son retour comme peu porteur de changement. "Cette idée que je viens parce que c'est confortable, c'est aberrant. Le risque de la stagnation est de mourir. Si je voulais le confort, je ne serais pas venu à Libé. Dire que je ne veux rien changer, c'est absurde. Il faut rénover le journal, le tirer d'affaire". Il juge aussi "très injustes" les reproches qui lui sont faits de peu connaître le numérique. "J'ai écrit plus d'articles sur le numérique que tous ceux qui disent ça. J'ai lancé un site pour l'Obs en 1999. Depuis 3 ans je suis le site de l'Obs de près", se défend-il. Laurent Joffrin sera quand même épaulé par un adjoint, un "numéro 1 bis" selon l'expression de la nouvelle direction, très attachée à ce tandem : il devra s'agir d'un expert des médias numériques, capable de donner une priorité chronologique au web et développer les sites de Libération. Mais ces profils sont rares. "On ne l'a pas encore trouvé, c'est difficile", a glissé Laurent Joffrin.

Un plan de 18 millions €

La direction de Libération a aussi présenté un plan de renflouement de 18 millions d'euros, qui sera largement financé par Patrick Drahi, le patron de Numéricable et bientôt de SFR, a ajouté cette source. Les élus devront se prononcer sur ce plan de recapitalisation, qui remettra le quotidien à flot, après des mois de quasi-faillite.

À lire aussi

Filtrer par