Etiquetage nutritionnel : trop simpliste ?

Ce début de semaine, Le Haut Conseil de la santé publique donnait un avis favorable au nouvel étiquetage dans le cadre du projet de loi de santé publique qui prévoit une information simplifiée sur la qualité nutritionnelle des denrées alimentaires. Comme Serge Hercberg, père des différents PNNS (plan national nutrition santé) l'expliquait à CB News, "Le score permet de classer les aliments en 5 classes exprimées sous la forme d’une échelle colorielle, une chaîne de 5 disques de couleur différente allant du vert au rouge (vert/jaune/orange/rose fuchsia/rouge), de petite taille ou de grande taille (pour le score atteint par le produit considéré), du moins favorable… au plus favorable nutritionnellement. Un couplage à des lettres (A/B/C/D/E) lui assure une plus grande lisibilité. Ce système coloriel intuitif apposé sur la face avant des emballages vient en complément de l’étiquetage nutritionnel dont les termes sont compliqués mais qui est nécessaire pour les personnes souffrant de pathologies spécifiques, nécessitant la surveillance des apports dans un nutriment spécifique. Bien sûr, pour garantir une bonne compréhension du système, il sera nécessaire de développer des stratégies de communication, d’information et de formation". Et pourtant, si certains professionnels estiment qu'il faudra former les foules, d'aucuns le trouvent trop simpliste. Et réducteurs, comme les fabricants de chocolat qui veulent éviter que certains aliments soients pointés du doigt. De fait, ces systèmes de notation nutritionnelle peuvent stigmatiser certains aliments car ils reposent sur des calculs théoriques prenant en compte 100g de produit sans en distinguer la consommation réelle par les consommateurs.

Un code couleur insuffisant

A la suite de la publication de l’avis du Haut Conseil de Santé Public, l’ANIA a immédiatement et plutôt vivement réagi. L’Association Nationale des Industries Alimentaires "maintient son opposition à tout dispositif simpliste reposant sur un code de couleurs et une approche médicalisée de l’alimentation". Elle tient à ce que le débat prenne en compte l’ensemble des avis et demande la mise en place préalable d’une expérimentation en conditions réelles. Parmi les avis dont elle fait le tour, figure celui de l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (ANSES) ou encore du Conseil National de l’Alimentation qui émettent des réserves. « Le débat actuel sur l’information nutritionnelle est très important. Nous devons éviter l’écueil de le réduire à 5 couleurs. Chaque partie prenante peut et doit éclairer le débat de sa connaissance des consommateurs, des comportements alimentaires en France et des enjeux nutritionnels. Des expérimentations en conditions réelles sont indispensables pour construire un dispositif adaptée et efficace. » propose Jean-Philippe Girard, président de l’Ania. Conclusion : l’équilibre alimentaire d’un individu ne peut pas se réduire à une pastille de couleur sur un produit.

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