10 tendances pour décrypter ce qu’on mange

#1 Eat Alive

Avant, on mangeait pour rester en vie ou se faire plaisir. Aujourd'hui, la « raw food » nous promet mieux : vivre plus jeune, plus fort, plus longtemps. Des produits bruts et très peu cuits, c'est la nouvelle promesse de longévité qui rallie « people » et gourmets en détox ». On presse à froid. On mange cru. On attrape les protéines à même la nature. Nutritifs ou « tendances », manger des insectes n’est plus réservé aux candidats de tv réalité. On refait des bocaux. On mange des bactéries. Champignons, algues : on veut voir les produits évoluer chez soi

#2 Les boissons sont comme les applis

Avant on buvait parce qu’on avait soif, les Américains parce qu’ils ne pouvaient plus fumer, Contrex nous a appris l’élimination, Evian la jeunesse et hop c’est parti. Aujourd’hui, on boit pour panser. On boit pour anticiper les maux, prévenir les maladies, soigner une partie du corps ou du cerveau un jour et on passe à une autre le lendemain. Chaque partie de mon corps a un rôle. Et ce rôle a sa boisson. Boisson médicamenteuse aux allures de Gel Douche, la gamme « Neuro » permet de nourrir le cerveau avec toutes les vitamines et minéraux nécessaires à n’importe quelle pratique. A consommer à table pour autant  Souvenaid agit pour lutter contre la maladie d’Alzeihmer. Soylent, propose tous les apports caloriques et nutritifs journaliers en une seule portion. Elle sert d’alimentation principale ou unique. Et il y a aussi la boisson à fesses : « Shot for slim », le « shot » à base d’artichaut, qui renforce les « défenses séduction de son fessier ».

#3 « Eating good » is « Adding good »

Penser et composer son repas, ce n’est pas uniquement « marier les saveurs », c’est créer une « alchimie nutritive ». On ne pense pas avec son palais mais pour son corps. Le repas est une combinaison. Un tout bénéfique et fonctionnel. On ne mange pas, on super-mange.

#4 Good Waste

Les poubelles vont faire la gueule.

Les déchets n’en sont plus. Avant, les déchets étaient des composantes de plats « fourre-tout » Ensuite, on nous a défendu de les consommer car ils absorbaient les pesticides. Aujourd’hui, on nous apprend à les cuisiner comme un ingrédient à part entière. Aujourd’hui, tout se transforme. Ça se mange même au restaurant : le Blue Hill, un restaurant spécialisé dans la cuisine à base de déchets ou le Freegan Pony à Paris qui cuisine les invendus de Rungis. Et aussi, ça se transmet : les grand-mères sont les meilleures dans l'art d'accommoder les restes. Le buffet des restes du Chef Pierre Sang invite le public à déguster des bouchées réalisées dans une démarche d’anti gaspillage inspirée de ses parents et grands-parents. Et même ça s’achète : lancement chez E.Leclerc de la gamme Bon et Bien produite à partir de produits non conformes pour lutter contre le gaspillage.

#5 Home Production

Pour apprendre et enrichir sa vie, ou pour avoir mieux moins cher, la maison devient une chaine de production multifonction de la machine à yaourt a la découpe de jambon. Le « homemade » ne se résume plus à préparer des plats. Je veux être plus qu’un cordon bleu, je veux être l’ingénieur de ma cuisine. Avant on cultivait, puis on a fait pousser, puis brasser, puis découper et maintenant on fait même fumer

#6 Eatmagination

La création est partout, dans le fast food au coin de la rue. Comme dans les cuisines d’un 5 étoiles. Glaces et chips aux goûts improbables (sauce soja, wasabi, serpent..), nappage de chocolat sur les frites, sandwichs aux ramens… la seule limite du palet est notre curiosité

#7 Z : comme Zchizophréne

Leur mère s’est remis à la cuisine pour les protéger des crises sanitaires, ils connaissent autant de noms de légumes que de pays, et avalent volontiers un « bimbimbap » sans ciller. Beaucoup plus éveillée que les générations précédentes sur la bouffe, elle sait comment cuisiner des pousses de soja et connait les vertus de la cuisson au bain marie. Plus de transgression ? Plus que jamais. On retourne dans les fastfoods et on le fait même savoir. Génération « je sais tout » dopée à la TV et nourrie à Youtube. Les émissions TV explosent les records d’audience. Luke Thomas, un des meilleurs chefs en Angleterre, a seulement 20 ans. Chaque semaine, en moyenne, 3,2 millions de spectateurs regardent top chef. On ne montre plus ce qu’on mange. On montre ce qu’on fait : #likeachef

#8 Playfood

On peut enfin jouer avec la nourriture. La food porn nous donnait envie de dévorer. La play food nous donne envie de jouer, d’apprendre, de mettre en scène. Les fruits deviennent des avions, les gâteaux des châteaux, les plats des tableaux et les cuisines des ateliers.

#9 Only God

Une véritable religion. Se restreindre à un aliment, c’est s’engager fortement, tenter une expérience quasi mystique. C’est des sacrifices, de la discipline, et de l’obsession. On n’a que ça en tête. C’est comme une religion. A la façon/manière du monothéisme, les fidèles vouent un culte à un seul et unique aliment. Les restaurants deviennent des temples pour carnivores, fritovores, les épiceries érigent des autels aux divinités Mozzarella, Pop corn ou encore Tiramisu. 

#10 F 2.0 D

La food à l’ère du digital. Le 2.0 nous a fait partager nos identités, nos humeurs, nos vies. Dorénavant, c'est la bouffe qu'on partage. Nos plats sont sur Pinterest, nos recettes sur Facebook. Alors avant de manger, on scrolle, on clique, on like, on swipp, on share. Vous avez un doute? Vous ne connaissez pas UberEats  Pelligourmet, le Blablacar de la nourriture  Monvoisincuisine.com  Magic Frigo l’appli pour cuisiner  comme un chef  avec les restes du frigo, Foodchéri des plats frais, fait maison par des chefs, livrés en 20 minutes : Anti-gaspi grâce à l’appli Optimiam  Mamie Régale, des bons petits plats pour lutter contre l’isolement des personnes agées  Happy Meat : la e-boucherie qui dit tout sur la provenance de la viande, Kwalito, l’appli qui dit tout sur la contenance des aliments en supermarché; Dénicheurs de vins, l’appli qui dit tout sur les cru qu’on boit.