Les millennials, une légende urbaine ?

Les jeunes, peu importe le nom qu'on leur donne, provoquent toutes sortes de fantasmes. La Fabrique de la Cité (1), think tank des transitions urbaines, s’est livrée à un travail de déconstruction de la figure stéréotypée du jeune ultra-connecté, cosmopolite et métropolitain, vert, engagé et détaché de l’idée de propriété.  Une nouvelle étude, « Les Millennials : une légende urbaine ? » révèle la complexité de cette une génération, plus hétérogène et diverse qu’on ne le croit, et dont les rapports à la ville ne sont pas si différents de ceux des autres générations.

Vive la complexité

Ceux qui tapent les mots "Are Millennials/la génération Y est-elle …" sur le Net obtiennent les résultats suivants : la génération née entre 1980 et 1995, serait "paresseuse, égocentrique et gâtée". Elle serait "réfractaire à l’autorité, passerait d’un emploi à l’autre tous les ans, ne saurait plus communiquer avec son prochain et ne s’intéresserait qu’à elle-même". L'étude propose une lecture sous l’angle des rapports des jeunes à la ville. Parmi les idées reçues on peut citer "leur amour des transports en commun, leur préférence pour la cohabitation (motivée par de nobles idéaux de partage...), leur appétence pour les tiers-lieux ou encore leur attachement à la protection de l’environnement …" Pourtant, il n’y a rien là de générationnel dans ces perceptions. Il s'agit en réalité d’un sous groupe minoritaire (les jeunes diplômés aux revenus élevés, disposant des ressources nécessaires pour s’établir dans les centres-villes de grandes métropoles). Ensuite, les usages de ces jeunes sont tous tributaires de multiples facteurs indépendants de l’appartenance générationnelle : des niveaux d’éducation très disparates conditionnant l’accession à la propriété et une conjoncture économique défavorable marquée par des difficultés d’accès à l’emploi (ainsi la proportion d’individus propriétaires de leur logement aux Etats-Unis, toutes générations confondues, est-elle à son niveau le plus bas depuis le début des années 2000, tandis qu’en France, l’accession à la propriété est en baisse chez les plus modestes depuis les années 1980) ou encore la capacité de s’impliquer dans la vie civique ... Quant à la conscience écologique des millennials, son existence reste à démontrer. Premiers adeptes des nouvelles technologies, les jeunes semblent méconnaître entièrement les effets environnementaux très lourds de leurs pratiques numériques.

(1) Think tank dédié à la prospective et aux innovations urbaines. Mobilité, aménagement urbain et bâti, énergie, révolution numérique, nouveaux usages. Créée par le groupe Vinci, son mécène, en 2010, La Fabrique de la Cité est un fonds de dotation, dédié de ce fait à la réalisation d’une mission d’intérêt général. L’ensemble de ses travaux sont publics et disponibles sur son site, sa publication Medium et son compte Twitter.

À lire aussi

Filtrer par