Joffrin veut un Libération, voix de gauche et numérique

"Jai commis une erreur en partant il y a 4 ans de Libération". Laurent Joffrin a joué la carte affective lors de son "grand oral" où il devait lundi exposer son projet aux personnels du quotidien qui se prononceront mercredi par vote pour accepter ou non sa nomination de directeur du journal. Debout devant une grande table, à l'aise, devant un auditoire tout ouïe, il ainsi décliné son ambition de faire de Libé "une voix de gauche, fidèle à son  histoire" mais aussi "un journal réinventé à l'ère numérique" a-t-il expliqué en préambule. Revenant sur le "contrat honnête" proposé par les actionnaires de Libération, Laurent Joffrin s'est porté garant de son indépendance car "ils n'ont pas l'intention d'intervenir dans le contenu". Un nouveau pacte d'indépendance est même tracé "à 95%". Il sera publié aussi bien dans le quotidien papier que sur le web.

Un site payant et une rédaction unique

Pour lui, le projet rédactionnel c'est rappeler que "Libération est un journal politique, c'est son identité. Mais c'est aussi "le journal de toutes les gauches, tout le monde est convié pour une gauche indépendante et non conformiste", (r)assure-t-il.  Sans vouloir faire "un Figaro de gauche", Laurent Joffrin insiste sur le virage numérique de Libération. "Ce n'est plus tellement sur le papier que cela se passe, mais sur le web", souligne-t-il. Pour lui, "un journal qui n'a pas de position stratégique sur le numérique est un journal" de toute façon  "condamné". Pour accompagner les changements à venir, il a souhaité s'adjoindre les services d'un ancien de la maison Libération Johan Hufnagel, jusqu'ici rédacteur en chef de la version française du site d'informations Slate. Il s'occupera à la fois du print et du web et travaillera à la meilleure conception de l'information "dans les mêmes mouvements sur les différents canaux", explique Laurent Joffrin.

"On devient un atelier de production de journalistes de haut niveau", selon lui qui voit un changement du "centre de gravité pour être en phase avec l'ère numérique". Pour cela, il faudra trouver un nouveau modèle économique qui alliera le print avec le développement des abonnements, du portage "partout où c'est possible", au web avec la volonté de M. Joffrin de mettre le site du journal "dans la perspective du payant". Il se dit ainsi "favorable à un système au compteur" qui permet à l'internaute "de lire x papiers et de payer au xième". Il faudrait aussi "créer des sous-sites sur nos points forts". Pour mener à bien ces ambitions, le (seul) candidat à la direction de Libération ne fait pas de mystères : "il faut une réforme de l'organisation avec notamment la fusion des rédaction print et web, avec les mêmes responsables print et web". Il faudra également "multiplier le travail en petits groupes", précise-t-il. Pour que sa nomination soit entérinée, Laurent Joffrin devra recueillir moins de 66 % de votes contre, sinon, il ne serait pas nommé, conformément aux statuts du journal. Réponse mercredi.

Pour voir le "grand oral", c'est ici.

À lire aussi

Filtrer par