Illettrisme appliqué

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Dites-moi, on ne serait pas en train de rentrer dans le dur ? Dans le concret ? On glose sur l’intelligence artificielle, les espoirs et les dangers qu’elle porte en elle, et puis d’un coup, elle frappe à la porte. Cette semaine un groupe de presse régionale a annoncé qu’il allait utiliser Chat GPT pour corriger les articles de ses correspondants locaux. Il a depuis temporisé sous la pression des rédactions concernées qui était des plus inquiètes. On les comprend, ça pose des questions. À commencer par : pourquoi les correspondants locaux ? Qu’est-ce qu’ils ont fait pour qu’on les désigne pour être cobayes ? Et pourquoi faire relire un texte écrit par un humain par une machine dont les sources sont le pillage des humains ? Si c’est pour l’orthographe, il y a depuis très longtemps des logiciels tout à fait performants qui nous corrigent. J’avoue avoir du mal à comprendre. Mais peut-être ne suis-je plus complètement dans mon temps. Je me suis ainsi aperçu cette semaine que j’étais atteint d’une forme d’illettrisme (un mot que j’avais mal orthographié et que le correcteur de Word m’a souligné de rouge, je dis ça, je ne dis rien). Or donc, lors d’une conversation sur WhatsApp les échanges ont progressivement pris un tour de plus en plus elliptique au point de ne plus envoyer que des émojis. Et là, je me suis rendu compte que je ne comprenais plus rien aux messages qui m’étaient adressés. Un certain nombre de ces petits symboles m’étaient totalement hermétiques. Plutôt qu’avouer piteusement mon ignorance, j’ai préféré mettre fin à la discussion, en attendant le moment propice pour passer un coup de fil. En espérant ne pas tomber sur une voix électronique me proposant d’échanger avec un avatar de mon correspondant. Pas encore ?

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