Laurence Bachman : l'association Pour les femmes dans les médias (PFDM) "a fait en sorte de devenir incontournable"

Laurence Bachman

Laurence Bachman

(© DR/PLFM)

Charte contre les violences sexistes, mode d’emploi pour la parité... Les actions de l'association “Pour les femmes dans les médias” sont portées depuis près de dix ans par 14 dirigeantes bénévoles. À sa tête, Laurence Bachman nous livre ses attentes pour le secteur.

Créé en 2012 à l’initiative de Françoise Laborde, l’association “Pour les femmes dans les médias” (PFDM) défend la mixité dans l'audiovisuel, la presse et le cinéma. À sa tête, Laurence Bachman (ex Telfrance et Barjac), nous livre son bilan et ses attentes pour le secteur.

CB News : Quel bilan faites-vous au bout de dix ans ?

Laurence Bachman : PFDM s'est attaqué à des sujets, comme les violences sexuelles dans les entreprises, dont personne ne parlait il y a cinq ans. Plus de 80 entreprises de l’audiovisuel ont signé notre Charte contre le harcèlement sexuel et les agissements sexistes et La Charte “Parité, mode d’emploi”. D'autres ont rejoint ce travail comme le Centre National du Cinéma et de l'image animée (CNC) qui a lancé une cellule d’écoute à ce sujet. Je suis fière de faire partie de ce mouvement global. Nous avons fait en sorte de devenir incontournable, et en même temps nous restons fragiles.

CB News : À quelles fragilités faites-vous référence ? 

Laurence Bachman : Pour certains, cela reste une corvée de s’occuper des femmes, de la parité... Toutes nos demandes sont transformées en combats. Je suis fière de ce que nous avons accompli, mais je souhaite pour les dix prochaines années ce ne soit pas juste un ressenti, mais une réalité naturelle.

CB News : Dans votre étude sur « la parité et l’emploi dans les médias » en partenariat avec Audiens, les femmes représentent 44,4% des effectifs (une hausse de deux points depuis 2010), et 46,5% des postes à responsabilité en 2022 vs 43,8% en 2010. Peut-on s’en réjouir ?

Laurence Bachman : Oui, il y a eu du travail, mais cela reste une légère hausse. Pour moi, les quotas restent importants : lorsque je parlais de quotas, c’était perçu comme un gros mot il y a quelques années. Mais il faut continuer à en instaurer de manière progressive et momentanée.

CB News : Quelles solutions proposez-vous pour inciter les entreprises à prendre des mesures ?

Laurence Bachman : Nous demandons de mettre en place des bonus pour les entreprises de l’audiovisuel qui sont respectueuses des règles de parités. Il ne s’agit pas forcément de sanctionner, mais d’instaurer des règles cohérentes. Il manque en France des incitations financières à faire intelligemment. Je reste optimiste et souhaite voir la parité se développer aussi dans les spectacles vivants, l’édition et d’autres secteurs.

CB News : Après les violences sexuelles et la parité, place à la diversité ?

Laurence Bachman : Un baromètre sur le ressenti de la diversité est en cours de réalisation avec notre partenaire Audiens. Cela concerne toutes les discriminations dans le monde du travail que ce soit les orientations sexuelles, les origines sociales, le handicap... L'idée vient d’un membre de notre bureau, Hélène Etzi (Disney France) qui a voulu travailler sur ce sujet. Nous avons fait appel à un groupe d’expertes comme Elisabeth Moreno ou Agnès Saal pour réfléchir à ce que nous pouvons faire. Nous ne lâchons pas nos sujets, nous sommes toutes des femmes bénévoles et militantes.

CB News : L'association dispose d'un “mentoring”, pouvez-vous m’en parler ?

Laurence Bachman : Notre programme de mentoring concerne les femmes qui ont au moins cinq ans d’expériences. Nous accompagnons à l’aide de Catherine Schöfer (Groupe M6) 20 femmes en formant des binômes pour échanger sur nos expériences. Il peut s’agir de femme qui cherche son prochain poste, une augmentation de salaire ou une réorientation. Nous essayons d’aider à la marge à travers des rencontres, des conférences...

CB News : Qu’est-ce qui vous a mené à militer au sein de PFDM ?

Laurence Bachman : J’ai fondé deux sociétés de production, dont une première vendue à Canal, puis j’ai été directrice de la fiction de France 2... En tant que cheffe d’entreprise, j’ai fait beaucoup de choix et mener des combats, tout en intériorisant qu’il fallait en faire toujours plus. Je me suis rendu compte de la pression que j'avais sur moi et du paternalisme de certains qu’a posteriori. Les rédactions étaient à l’époque, et le sont encore pour certaines, misogynes. Je tiens donc à remercier Françoise Laborde, mais aussi MeeToo pour le think tank féminin auquel nous contribuons.

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