L’affichage sauvage de la publicité dans le collimateur de la ville de Paris

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A Paris, la mairie ambitionne de déclarer la guerre à l'affichage illégal, sans toutefois dissuader encore les agences qui vont jusqu'à revendiquer ces pratiques, ni certaines associations clientes... qu'elle soutient financièrement. Devant ce phénomène qui "dégrade l'espace public" et revient "à privatiser ce qui appartient à tous", alors "que les supports commerciaux existent", Colombe Brossel, l'adjointe à la propreté de la maire PS Anne Hidalgo, sonne la révolte. D'abord avec "plus d'agents, plus de moyens et une meilleure organisation", souligne-t-elle à l'AFP. La Ville mobilise désormais sur ce terrain 30 à 40 agents qui enlèvent environ 1.600 m² d'affiches chaque semaine, "soit 3 terrains de tennis", a-t-elle indiqué au Conseil de Paris de décembre. De quoi répondre aux 500 affichages sauvages signalés chaque semaine par les Parisiens via DansMaRue, l'application de signalement des incivilités sur laquelle se basent les agents de nettoyage pour leur tournée. Résultat, le total des constats pour recouvrement, calculés en fonction de la surface identifiée, est passé de 250.000 euros en 2019 à 960.000 en 2021, quand 1.600 factures ont été envoyées. Mais avec un forfait débutant à 500 euros, "ce montant n'est pas dissuasif", souligne l'élue socialiste, qui pointe du doigt les "agences de communication, les grands groupes de produits culturels et les grands groupes de mode". Plus dissuasives, les amendes administratives, comme celle de 15.000 euros infligée fin 2020 par la préfecture d'Ile-de-France à Urban Act, agence de publicité qui se revendique "experte en affichage sauvage", sont encore du ressort de l'État et restent très rares. D'où la demande de la Ville de récupérer en 2024 cette compétence, une possibilité offerte par un amendement de la loi Climat et Résilience votée en août 2021. "Un outil supplémentaire" pour frapper au portemonnaie, espère Mme Brossel, qui n'hésite pas non plus à employer la technique du "name and shame" (dénoncer pour blâmer) sur Twitter. L'association Résistance à l'agression publicitaire (RAP), elle, veut aller plus loin avec la dissolution de ces agences spécialisées dans la "guérilla marketing". Mais l'affichage sauvage ne se résume pas au commercial. Avec les élections à venir, l’affichage sauvage des partis politiques est également dénoncé. En décembre, le Conseil de Paris a formé le voeu "qu'aucun affichage sauvage politique ne soit réalisé et à favoriser l'affichage libre pour les partis et associations". Pour la députée et conseillère MoDem de Paris Maud Gatel, il faudrait pour cela "que la mairie de Paris respecte la loi, car elle n'a pas le nombre de panneaux" prévus.

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