Boomerang

Photo édito

Il y a des articles qui sont comme des boomerangs. Ils te reviennent dans la figure un jour ou l’autre, mais ils reviennent inévitablement. Il y a un an environ, j’avais ainsi écrit un édito à la suite d’une lettre anonyme qui était parvenue à la rédaction. J’avais alors exprimé mon profond désagrément à l’égard de cette pratique que je persiste à trouver dangereuse et contre-productive. Parce que je crois en la justice et que c’est à elle de faire son travail et de condamner s’il y a lieu, les comportements détestables dénoncés. Depuis cette semaine, la situation a changé avec la publication d’un article dans Le Monde sur l’affaire qui se cachait derrière cette lettre anonyme. Un papier qui met en cause un publicitaire pour son comportement sexiste sans le citer nommément mais en le décrivant de manière suffisamment transparente pour que toutes les personnes travaillant dans le secteur le reconnaissent. Cette publication a logiquement entraîné des dizaines de commentaires sur les réseaux sociaux parmi lesquels certains reprenaient l’édito en question. D’autres reprochaient plus ou moins vertement à la presse professionnelle — et donc entre autres à CB News- de se taire sur ce sujet. Il est donc temps de répondre à ces interpellations. Je le ferai avec toutes mes incertitudes sur la question. Car, au risque de paraître extrêmement vieux jeu, je m’interroge en permanence sur ce qu’il faut faire ou ne pas faire face aux questions de sociétés qui touchent les métiers dont nous couvrons l’actualité. Et je n’ai pas de réponse définitive, seulement quelques convictions. À commencer par celle qui est que le rôle de la presse professionnelle est avant tout d’être professionnelle, justement. J’ai "hérité" de Christian Blachas en reprenant CB News et il m’avait inculqué le fait que notre job était de relater l’actualité des professions du secteur en s’abstenant de considérations politiques, personnelles ou privées. Je m’en suis tenu à cette ligne depuis et nous ne publions pas d’informations sur les faits divers — comme ont dit dans la presse — à moins qu’ils n’aient des conséquences sur la vie des sociétés. Quand un fameux animateur de télé et de radio a été accusé dans une affaire de mœurs, nous n’en avons pas parlé jusqu’à ce que l’un de ses employeurs l’écarte de son antenne. Avons-nous eu raison ? Je ne le sais pas, mais c’est notre ligne. Sommes-nous des peureux sans cœur ni courage, coupés des réalités de notre société ? Je ne le crois pas, mais nous avons une mission qui est d’informer sur l’économie d’un secteur. Nous y consacrons toute notre énergie et nos moyens. Ceux-ci ne sont pas illimités et nous obligent à nous concentrer pour mieux vous servir.  À rester factuels. Cela ne nous empêche pas d’avoir nos opinions sur toutes les questions dont nous parlons mais les supports de CB News ne sont pas leurs lieux d’expression.

Vous avez certainement remarqué que cet édito est exceptionnellement long et je m’excuse de troubler ainsi votre dimanche. À dire vrai, j’aurai préféré aborder un autre sujet, bien plus léger et joyeux. Je n’en ai pas le loisir aujourd’hui, mais je dois absolument remercier une personne qui a compté au-delà même de ce qu’elle croit dans l’histoire de CB News. Cofondatrice du mensuel il y a huit ans, Fouzia Kamal s’envole vers d’autres aventures. Elle nous manquera c’est certain, elle réussira, j’en suis sûr et surtout, je lui souhaite le meilleur.

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