Affichage dynamique : Cenareo vise le leadership européen

David Keribin Cenaero

David Keribin,  co-fondateur et CEO de Cenareo.

L’ad-tech Cenareo, qui a récemment annoncé un partenariat stratégique avec Samsung, vise une croissance à trois chiffres l’année prochaine. CB News a rencontré David Keribin, son co-fondateur et CEO.

Pourquoi avoir lancé Cenareo (ex-CityMeo) en 2012 ?

En 2012, nous découvrons des écrans qui fleurissent partout dans les points de vente mais ces écrans sont pour la plupart mal utilisés où sous-utilisés : ils sont éteints, noirs, ne diffusent pas un contenu de qualité, à jour. L’expérience n’est pas au rendez-vous. Nous découvrons que la problématique principale est avant tout une question technique : les solutions permettant de connecter un écran sont très complexes à installer, elles sont réservées à des experts et très souvent défaillantes.

Nous décidons donc de lancer une solution : un micro-ordinateur que nous avons intégralement transformé en « boite magique » qui est autonome et compatible avec tous les écrans de la planète. Nous l'envoyons par la poste à nos clients qui n'ont qu'à le brancher pour que leur écran se transforme en écran intelligent. Notre solution comprend également une plateforme sur laquelle l'ergonomie et l'expérience utilisateurs sont particulièrement travaillées pour pouvoir piloter facilement des milliers d'écrans et de contenus, mais aussi pensé pour le travail collaboratif afin de partager ses écrans à plusieurs utilisateurs (communicants au siège, gérant de magasin, publicitaire etc).

Quelle a été votre volonté derrière le rebranding de la marque en 2019 ?

À la fin 2018, nous arrivons à la fin d'un cycle : nous avons résolu les problématiques historiques de notre marché, mais nous sentons que ça ne suffit pas pour que le marché progresse, que les écrans se démocratisent. Nous décidons de remonter le niveau du discours afin de ne pas se limiter à pouvoir piloter sa communication à distance, mais permettre au communicant de créer de l'émotion dans son dialogue avec ses consommateurs. Notre marque CityMeo était trop technique, mais aussi trop locale - notre cible est à minima européenne et non française, nos écrans sont déjà présents dans plus de 25 pays. Nous souhaitons aussi associer notre marque à cette ambition internationale, c'est pour cela que nous lançons ce grand rebranding.

Cenareo se prononce naturellement « scénario » en anglais, et cela représente ce que nous offrons à nos clients dans le monde entier : la possibilité de créer une infinité de scénarios de diffusion pour garantir un message toujours plus pertinent auprès de leur audience.

Comment définissez-vous votre ADN ?

En 2012, les acteurs de l'industrie de l'affichage dynamique sont assez anciens, et les plateformes fonctionnent toutes de la même manière depuis des années : des playlists planifiées sur des écrans individuels. Bien qu'ingénieurs, mes trois associés et moi-même souhaitons prendre la voie du design, de l'utilisateur, du communicant. Nous intégrons rapidement l'éco-système de l'IOT Valley (l'internet des objets), et ce mix de communication et d'IOT reflètent assez bien notre ADN : nous voulons créer l'Internet of screens, un moyen simple et efficace de piloter sa communication sur des milliers d’écrans. Notre mission, c’est replacer l'émotion au coeur du dialogue entre la marque et son audience.

Etes-vous une plateforme de contenus, un cabinet de conseil, un installateur d’écrans ?

Nous sommes avant tout un éditeur logiciel : 94% de nos revenus sont issus des ventes de licences permettant de piloter un écran pendant un an. Mais fournir une solution simple pour le communicant passe aussi par retirer toutes les frictions sur l'intégralité de la chaîne de valeur. Pour l’installation, nous travaillons avec des partenaires tels que TMM, Econocom ou encore Trison. Concernant la fourniture d’écrans, nous travaillons principalement avec Samsung, NEC et Sharp, avec lesquels nous avons signé des partenariats au niveau européen.

Nos clients bénéficient sur la plateforme de fonctionnalités très poussées : une galerie de « flux » mise à jour automatiquement en temps réel (météo, info trafic, news…), un outil de création de vidéo, de création de scénarios, afin que les contenus s'adaptent à leur contexte (position, date, heure, météo, etc). Des nouvelles fonctionnalités sont ajoutées régulièrement.

Quel est votre rôle dans l’écosystème ?

Un projet d'affichage dynamique peut faire appel à plusieurs acteurs, nous sommes l'un d'entre eux et avons noué de très nombreux partenariats avec tous les acteurs de la chaîne de valeur. Lorsque le client a besoin de créer un contenu spécifique, nous travaillons avec des agences telles qu’Altavia. Lorsque le client souhaite monétiser ses écrans, nous travaillons avec PhenixDigital ou encore Smartmedia. Nos clients sont souvent très vigilants quant à la sécurité de leurs données : nous sommes très proches de Microsoft avec qui nous collaborons depuis des années. Nos clients sont des retailers (Axa, Boulanger, Supermarchés Match, V&B, Etam), mais aussi des régies publicitaires.

Nous sommes accompagnés financièrement par CapHorn Invest, un fonds d'investissement parisien spécialisé dans les retail tech européennes et avons été labellisés Pass French Tech l'année dernière par BPI, qui nous suit depuis nos débuts en 2012. C’est un gage de crédibilité sur la scène tech française.

Quelle est votre force de frappe ?

Nous sommes quatre co-fondateurs, toujours présents dans la société. Nous nous sommes rencontrés pendant nos études d'ingénieur à l'INP-ENSEEIHT, en spécialité Informatique et Mathématiques Appliquées. Nous avons été pendant trois ans très actifs dans les associations de l'école (vidéo, informatique) c'est ce qui nous a donné l'envie d'entreprendre dans ce secteur. Au lendemain de la remise de notre diplôme, le 15 novembre 2012, nous avons immatriculé la société.

Aujourd’hui, nous sommes une équipe de 38 personnes répartis sur cinq bureaux (Paris, Toulouse, Nantes, Lille, Munich). Actuellement, nous équipons plus de 10 000 écrans dans 32 pays pour des clients de toute taille, de la PME au groupe du CAC 40.

Comment gérez-vous la consommation d’énergie générée par les écrans ?

Le résultat d’un bilan carbone d'un fabricant de PLV (publicité sur le lieu de vente) carton est similaire à celui d'un fabricant d'écrans, seule l’énergie consommée en magasin diffère. Les écrans d’affichage dynamique et le matériel associé sont peu gourmands en électricité, et les contenus diffusés sont facilement mis à jours et réutilisés. Par ailleurs, ces écrans peuvent être paramétrés pour ne fonctionner que lorsqu’il y a un réel besoin. Les paramètres d'allumage et de veille sont gérés à distance. Passer à la communication 100% écrans en points de vente, c’est réduire considérablement les coûts financiers et énergétiques des retailers : papiers, encres, acheminements, réapprovisionnements etc. Notre produit est assemblé en France et une livraison suffit pour équiper le client.

Côté serveurs, on a choisi Microsoft pour leur approche responsable envers l’environnement. Depuis 2012, le groupe a un bilan carbone neutre. Et depuis la création de Cenareo, nous avons fait le choix de fonctionner sur des players à consommation hyper faible : environ 10 fois moins que les players classiques, puisqu'ils consomment en moyenne 3,5W en usage classique. Tous ces choix nous permettent de limiter l'impact de nos activités, et nous travaillons sans cesse à chercher des pistes pour poursuivre l'amélioration.

Vous avez récemment signé un partenariat avec Samsung : quel est l’avantage de ce type de partenariat pour les retailers ?

La réponse est très claire : Samsung est le fabricant d'écran le plus commercialisé dans le milieu du retail. En France, sa part de marché dans le milieu retail est supérieure à 50%, le choix de ce partenariat n'est donc pas anodin. Pour nos clients retailers, cela garanti donc le matériel le plus adapté à leurs besoins et la plus grande gamme de matériel possible (écrans haute luminosité, écrans stretch etc). Et tout cela au meilleur prix grâce à notre partenariat. Mais ce que cela offre d'un point de vue plus technique une intégration parfaite évitant d'utiliser nos players : consommation énergétique réduite, source de panne potentielle en moins, logistique simplifiée et installation simplifiée. Bref, pour nos clients c'est une superbe opportunité et pour nous, un avantage compétitif grâce à ce partenariat européen.

Quels sont vos objectifs pour 2020 ?

Notre objectif est devenir le leader européen en 2022, avec 300 000 écrans connectés. En 2020, nous visons 5 millions d’euros de chiffre d’affaires, avec une croissance à trois chiffres, le passage à 50 collaborateurs et l’ouverture d'un ou deux pays supplémentaires.

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