Google fera payer les moteurs de recherche concurrents choisis à sa place sur Android

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(© Thierry Wojciak/CBNews)

Forcé de proposer différents moteurs de recherche sur son système d'exploitation Android, Google va faire payer ses concurrents via un système d'enchères lorsqu'un utilisateur les choisira, a annoncé la société vendredi. Le 18 juillet 2018, la Commission européenne avait infligé une amende record de 4,34 milliards d'euros à Google pour avoir abusé de la position dominante d'Android afin d'asseoir l'hégémonie de son service de recherche en ligne. A partir de janvier, les téléphones et tablettes Android vendus en Europe sur lesquels Google Search a été préinstallé afficheront lors de leur première utilisation un écran spécifique permettant de choisir son moteur de recherche par défaut parmi quatre choix, dont celui de Google. Pour sélectionner ses concurrents, Google a annoncé qu'il organiserait chaque année des enchères par pays. "Les moteurs de recherche indiqueront le prix qu'ils sont prêts à payer chaque fois qu'un utilisateur les sélectionnera", a indiqué Google dans une page explicative sur le site d'Android. Au-dessus d'un prix plancher, les trois plus hautes enchères apparaîtront dans un ordre aléatoire sur l'écran de choix, aux côtés du moteur maison. Chaque mois, Google enverra une facture à ses concurrents dont le montant sera calculé en fonction du nombre d'utilisateurs l'ayant choisi sur cet écran. Les moteurs de recherche ont jusqu'au 13 septembre pour proposer leur candidature aux enchères, dont les résultats seront rendus publics le 31 octobre.

Une méthode "juste et objective"

"Une vente aux enchères est une méthode juste et objective pour déterminer quels moteurs de recherche seront inclus sur l'écran de choix. Cela leur permet de décider de la valeur de leur présence sur cet écran et d'enchérir en fonction", a justifié le géant américain. "Nous surveillerons de près la mise en œuvre" de cette fonctionnalité "en écoutant les retours du marché sur la présentation de l'écran (...) et le mécanisme de sélection des moteurs de recherche concurrents", a indiqué un porte-parole de la Commission européenne, contacté par l'AFP. "Cette annonce offre aux moteurs de recherche concurrents la possibilité de conclure des accords exclusifs de pré-installation avec les fabricants de smartphones et de tablettes. Ce n'était pas possible auparavant", a-t-il ajouté.   

"Malheureusement, l'annonce faite aujourd'hui ne permettra pas aux consommateurs de faire un choix éclairé", car "des enchères avec seulement quatre places en jeu ne leurs permettront pas d'obtenir tous les choix qu'ils méritent et Google en profitera aux dépens de la concurrence", a réagi sur Twitter Gabriel Weinberg, le PDG du moteur de recherche DuckDuckGo. Le PDG du moteur de recherche Qwant Eric Léandri a également dénoncé auprès de l'AFP une "continuité d'abus de position dominante" de la part de Google. "Il ne revient pas à Google de faire désormais payer à ses concurrents son comportement fautif et le montant de cette amende par un système d'enchères qui ne profitera ni aux consommateurs européens ni à la libre concurrence", a-t-il ajouté dans un communiqué. Les moteurs de recherche Yahoo et Bing (Microsoft) n'ont pas commenté dans l'immédiat. Google contrôlerait environ 90% du marché de la recherche en Europe, selon les données de l'UE.

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