Qwant veut séduire la presse française

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Le moteur de recherche indépendant français Qwant, "attend les RIB (coordonnées bancaires) des éditeurs de presse" pour les rémunérer, assure à l'AFP son patron Éric Léandri, qui propose aussi de créer un système décentralisé pour vérifier facilement à qui appartiennent les photos publiées en ligne. Dans un entretien à l'AFP, le cofondateur et président de Qwant prend ainsi position sur la meilleure façon, selon lui, d'appliquer la réforme européenne sur le droit d'auteur, adoptée fin mars par les eurodéputés. Cette directive, que les Etats membres devront transposer dans leur droit national dans les deux années après la publication au journal officiel de l'Union européenne, prévoit la création d'un "droit voisin" du droit d'auteur pour la presse, afin que les plateformes (Google News, Facebook) rémunèrent mieux les médias pour les articles qu'ils utilisent. "Nous avions commencé à mettre en œuvre le paiement de la presse avant le vote", précise M. Léandri, pour qui l'actualité "rend le moteur de recherche vivant". "Sans les news, nos résultats web sont beaucoup moins pertinents", remarque-t-il. Il compte appliquer le même accord que celui passé avec VG Media, l'association des éditeurs de presse en Allemagne : 5% des revenus "web et news" sont reversés aux médias concernés. En France, il espère que la presse va s'organiser de la même façon, mais en attendant, "on va envoyer des chèques à ceux qui nous envoient leur RIB", à commencer par le magazine Le Point, qui s'est déjà exécuté.   Qwant pourrait ainsi verser environ 1 million d'euros aux éditeurs de presse en 2019, si ses résultats se révèlent à la hauteur de ses prévisions. "Si Google applique la même chose, il devra 150 à 200 millions par an à la presse française", affirme-t-il.    

Éric Léandri entend aussi profiter de la réforme européenne pour proposer une solution qui réponde aux enjeux actuels de rémunération de la propriété intellectuelle. Qwant a créé un "panier" numérique et décentralisé, qui a vocation à être utilisé par les propriétaires de contenus (photos, textes, vidéos, musique...) pour les "déposer", et par les sites qui publient des contenus, pour les authentifier au moment de la publication. "Ni les géants du web ni personne ne pourra dire : +on n'a pas pu vérifier à qui telle photo appartenait+", explique M. Léandri. Cette solution, qu'il compte mettre à disposition des acteurs concernés prochainement, vient s'opposer aux technologies de filtres, comme "Content ID" de Google, utilisé par sa filiale YouTube pour reconnaître les vidéos et repérer les infractions au droit d'auteur. Les partisans de la liberté sur internet associent ces filtres à une certaine forme de censure. "Nous voulons inverser le problème : au lieu de mettre des filtres sur les sites, on donne un endroit où on peut vérifier que ça n'appartient à personne d'autre", argumente M. Léandri, qui dit vouloir éviter "un contrôle total du web par les grandes plateformes". "Si vous mettez Content ID devant Qwant, c'est terminé, ma promesse de garantir votre vie privée est finie, parce que Content ID est un filtre qui a accès aux adresses IP, qui regarde ce qui a été tapé, etc.", ajoute-t-il. Il assure qu'un tel "panier" n'est ni difficile, ni coûteux à mettre en place. "C'est une proposition qu'on met sur la table qui permet d'aller dans le sens de la loi, (...) dans une logique décentralisée et ouverte".

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