Irresponsable heureux

Photo édito

Vous connaissez ces petits matins où le ciel est en plomb, le plafond bas, l’humidité totale et la température au ras des feuilles mortes ? Oui ? Je m’en doutais. Et pourtant il suffit d’une toute petite chose pour qu’un rayon de soleil symbolique éclaire votre journée. Comme ce mail que j’ai reçu l’autre jour de la part d’un annuaire qui recense tous les parlementaires et autres gens de pouvoir. Non, ce n’était pas pour me demander ma trombine en photo ou ma bio, mais pour me proposer de participer à l’élection des personnalités politiques s’étant particulièrement illustrées durant l’année 2023. Je suis intrigué : pourquoi moi ? Je poursuis ma lecture pour apprendre que le choix de desdites personnalités est fait par « un premier jury, composé d’une centaine de journalistes reconnus comme étant les principaux observateurs de la vie politique française ». Je suis flatté tout en me demandant s’il n’y a pas une erreur de destinataire. Frétillant de curiosité (je vous laisse imaginer la scène), je clique sur la pièce jointe pour me trouver face à un questionnaire ouvert qui me désarme profondément. Car je suis totalement incapable de choisir la personnalité politique de l’année, le ministre ou le député de l’année et encore moins la révélation politique de l’année. Je suis d’autant plus incompétent que mon rapport à la politique s’est singulièrement dégradé ses dernières années. Si je n’ai jamais milité ou adhéré à quelque parti que ce soit, j’ai toujours considéré comme un devoir absolu le fait de voter, comme une obligation de citoyen de s’intéresser à la vie politique de mon pays. Mais je dois avouer que lorsque c’est un ministre ou un député qui est l’invité du matin sur ma radio d’info habituelle, mon doigt se dirige presque à chaque fois vers le bouton arrêt avant la fin de la première réponse. Je suis désolé de dire que la plupart du temps, l’inanité du discours, la propension à ne jamais répondre aux questions des journalistes et le torrent d’éléments de langage me plongent dans un désarroi total (alors vous imaginez quand c’est un petit matin gris…). Par chance, la suite du message des organisateurs du concours m’informe qu’ « un second jury, restreint, désignera les lauréats de l’année ». Ouf, je n’aurai donc aucune responsabilité. Mais dis donc, je pourrais faire de la politique non ?

À lire aussi

Filtrer par