L’économie française toujours freinée

Courbe

L'économie française devrait se maintenir en territoire positif au premier semestre, avec une croissance "modeste", toujours freinée par une forte hausse des prix qui commencera toutefois à refluer, sauf pour l'alimentation qui continuera de flamber, selon l'Insee.

Comme au quatrième trimestre de 2022, le produit intérieur brut (PIB) de la France enregistrerait une timide hausse de 0,1% entre janvier et mars, moins que le niveau de 0,2% anticipé initialement en raison d'une production industrielle moins forte que prévu en janvier, d'après les nouvelles projections de l'institut statistique. Elle serait suivie au deuxième trimestre d'une progression de 0,2%. Un an après le déclenchement de la guerre en Ukraine et trois ans après le premier confinement lié au Covid, les indicateurs économiques "témoignent à la fois de l'empreinte laissée par les chocs mais aussi de la relative résistance de l'économie française", a déclaré Julien Pouget, chef du département de la conjoncture de l'institut statistique. Alors que l'investissement des entreprises se maintiendrait, la consommation des ménages, principal moteur de l'activité, n'enregistrerait qu'un "faible rebond" au premier trimestre, attribué principalement à une consommation accrue d'énergie du fait de températures moins clémentes, selon l'Insee. Elle progresserait ensuite "très modérément" sur les trois mois suivants. Mais surtout, cette consommation resterait affectée par une inflation inédite depuis les années 1980, qui rogne le pouvoir d'achat.

Les Français mangent moins, sortent moins…

L'inflation a atteint 6,3% sur un an en février, tirée désormais par l'envolée des prix des produits alimentaires plutôt que ceux de l'énergie.  Par la suite, du fait de l'accalmie sur le front de l'énergie après la flambée provoquée par la guerre en Ukraine, la hausse des prix devrait refluer à 5,4% en juin.   Il n'y aurait toutefois pas de coup de frein pour l'alimentation, dont les prix continueraient d'accélérer pour atteindre 15,4% sur un an à cette échéance (contre 14,8% en février). La même tendance est attendue, dans une moindre mesure, du côté des biens manufacturés et des services. Face à cette flambée des prix, deux tiers des ménages interrogés en décembre disaient avoir changé leurs comportements de consommation, en réduisant surtout leurs achats alimentaires ou la consommation d'énergie à leur domicile. "Quand les prix montent, la demande baisse", a souligné sur BFM Business Jean-Luc Tavernier, le directeur général de l'Insee. Concrètement, a-t-il ajouté, les Français "mangent moins, sortent moins ou modifient le type de gamme des produits qu'ils achètent", en préférant par exemple les marques distributeur aux marques nationales. L'Insee estime par ailleurs que les hausses de prix découlant des négociations entre distributeurs et fournisseurs pourraient avoir un impact "progressif" sur le coût de l'alimentation, alors que la grande distribution multiplie les initiatives pour tenter d'amortir le choc sur le portefeuille des consommateurs.   L'inflation sous-jacente, qui exclut les éléments les plus volatils comme l'énergie et les produits frais et permet donc de dégager une tendance de fond de l'évolution des prix, s'inscrirait toujours en hausse, à 6,4% en juin (contre 6,1% en février).

Du côté des entreprises, la production manufacturière pourrait se replier légèrement au premier trimestre avant une stabilisation, et les services ne croîtraient que "modérément", en raison de l'impact sur les transports des grèves contre la réforme des retraites. L'impact macroéconomique de celles-ci est cependant à ce stade "limité". Très dynamique depuis la sortie de crise sanitaire, l'emploi salarié continuerait de ralentir (0,1% sur chacun des deux trimestres) et le taux de chômage resterait stable à 7,2%. L'Insee a cependant mis en garde contre les "aléas" susceptibles d'affecter ces prévisions : grèves en France, guerre en Ukraine, resserrement monétaire ou craintes sur la stabilité du système financier. "Si une crise financière à la hauteur de celle de 2008 devait intervenir, ce n'est pas le pronostic qu'on peut faire à ce jour - bien évidemment que ça modifierait complètement" les prévisions de l'Insee, a souligné Jean-Luc Tavernier alors que banques et marchés sont secoués depuis plusieurs jours par la faillite de la banque américaine SVB et les difficultés de Credit Suisse.    L'institut n'a pas fourni de prévision pour l'ensemble de l'année 2023 alors que le gouvernement table sur une croissance de 1%.

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