Etiquetage alimentaire: Quelles attentes des consommateurs envers la grande distribution ?

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(© Marta Weronika, unsplash)

Alors qu’une pétition vient d’être lancée par l’UFC Que Chosir  et six autres associations européennes de consommateurs pour rendre le nutri-score obligatoire et que plus d’un Français sur deux a déjà renoncé à un achat à cause d’un manque d’information sur un produit alimentaire, la start-up Alkemics et la société d'études, Opinion Way, ont cherché à connaître les attentes des Français à cet égard. Plusieurs questions se sont ainsi soulevées : Comment  jugent-ils cet étiquetage ? Et quelles sont les incidences sur le comportement d’achat ?

La distribution alimentaire est à l’aube d’un grand changement. Non seulement pour des raisons économiques et environnementales mais aussi parce qu’elle doit, pour rester viable, s’adapter aux nouvelles attentes des consommateurs. Ainsi, comme l’explique la méthodologie d’Alkemics, (start-up en collaboration digitale avec des marques pour qu’elles se digitalisent et partager leurs données de manière sécurisée) et d’Opinion Way, (acteur de l’innovation dans les études marketing et spécialisé sur les problématiques de marques), les annonceurs ont tout intérêt à concevoir autrement l’étiquetage des produits, pour que ceux-ci restent lisibles et attractifs pour les consommateurs.

Les consommateurs prônent la transparence

Après avoir étudié les réponses d’un échantillon de quelques 1057 personnes majeures, entre le 17 et le18 avril dernier, les deux partenaires en ont conclu, que pour 9 Français sur 10, être mieux informé sur les produits alimentaires permettait de consommer des produits de meilleure qualité, de privilégier ceux fabriqués en France et de faire attention à leur santé. Ils sont d’ailleurs 64% à s’informer en lisant l'emballage. Un intérêt grandissant pour la composition des aliments, s’expliquant par l’utilisation d’applications consommateurs (17%), comme par exemple Yuka, ScanUp, Yazio, Foodvisor, ou encore Allergobox, Weight Watchers  et My Label. A l’inverse, plus d’un français sur deux a déjà renoncé à un achat à cause d’un manque d’information sur le produit alimentaire choisi (provenance et composition). Parmi les plus délaissés dans les rayons et suscitant sans doute une méfiance : les produits alimentaires étrangers, les premiers prix et les plats préparés. La transparence apparaît donc comme la clé de tout achat.

Une majorité d’étiquettes peu lisibles ou incomplètes  

Si les consommateurs sont plus attentifs pendant leurs courses, étant d’ailleurs 83% à juger les informations produits utiles, ils restent 63% à les considérer insuffisantes, peu transparentes (62%), insuffisantes, (61%), ou imprécises (58%). Et aimeraient d’avantage de précisions sur l’origine, la composition et la date limite de consommation. A cela s’ajoutent d’autres critères : les valeurs nutritionnelles, la mention bio, le respect du bien-être animal, les conseils de conservation et en fin de liste, la présence d’affirmations telles que « faible teneur en… ou riche en fibres de... ». Quant aux allergènes, en pleine crise du « No Gluten », cela n’intéresse qu’un Français sur dix.

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(© NeONBRAND, unsplash)

La raison ? Non pas un désintérêt des consommateurs mais la présence de formules trop communément utilisées sur le packaging. Juridiquement encadrées, celles-ci restent toutefois perçues comme un argument marketing  pour tenter de rendre le produit unique ou exotique… Le niveau de confiance des consommateurs étant aussi contrasté, les géants de la distribution ont intérêt à revoir leur copie ! 44% des Français jugeant d’ailleurs aujourd’hui, que les informations des produits alimentaires sont peu fiables. Le manque d’informations peut ainsi leur être fatal et nuire à la fidélisation de la clientèle pour la marque en question (consommation de pesticides, d’additifs, ou production de déchets et augmentation de la taxe carbone).

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(©  PHÚC LONG, unsplash)

Aussi, la méthodologie va plus au-delà et renseigne le profil des consommateurs soucieux des critères permettant de mieux manger. A titre d’exemple, 33% des foyers dont le revenu mensuel dépasse 3500 euros par mois, estiment que les informations alimentaires sont complètes, contre 45% pour les foyers au revenu mensuel situé sous la barre de 1 000 euros.

Les applis de nutri-score mettent en confiance les sceptiques  

Par ailleurs, si 7 Français sur 10 font confiance aux dates limites de consommation, aux labels et autres informations (citées précédemmentle scepticisme demeure. Autre tendance observée : ils sont 51% à faire confiance au score annoncé par les applications mobiles, voire 90%, en ce qui concerne leurs utilisateurs. Mais les critères pour l’achat d’un produit, ne s’arrête pas là puisque 90 % des Français font confiance aux informations des producteurs locaux et 82%, sinon aux marques françaises. Les marques distributeurs elles, sont choisies à 66%, contre seulement 35% pour les marques étrangères.

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Ce phénomène de « gain de confiance » s’observe aussi envers les produits de circuits courts, la population se tournant vers les commerces indépendants (82%), les magasins Bio (74%) ou les épiceries de proximité (73%), plus que vers les sites internet de grandes surfaces alimentaires, le drive (56%) ou les autres sites internet (45%), pourtant plus exhaustifs. Tant de critères que les marques doivent prendre en compte si elles ne veulent pas dissuader les consommateurs lorsqu'ils arrivent en rayon. Plus de la moitié des consommateurs, si ’information n’est pas lisible de prime abord, ou évidente (56% pour une marque étrangère), boudent le produit dans le caddie…

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(© Jordan Christian, unsplash)

Les consommateurs veulent du Made in France dans l’assiette

Mais pourquoi tant de préoccupations ? Parce que de manière générale, les consommateurs interrogés, soutiennent le « Made in France », ou suivent un régime alimentaire spécifique. Là encore, la méthodologie détaille le profil des concernés. Pour faire le choix de la qualité, ou du local, ils sont 48% des foyers dont le revenu mensuel ne dépasse pas les 1 000 euros à chercher des informations sur l’emballage (moyens non détaillés), contre 74% des foyers dont le revenu dépasse 3 500 euros. Quant aux 65 ans et plus, ils sont eux aussi très attentifs, contre une population plus jeune, soit 78%, contre 58% pour les 18-24 ans.

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(© Markus Spiske, Unsplash)

Ainsi, l’emballage alimentaire, première vitrine du produit avant l’acte d’achat, impulsif ou non, se doit d’être facilement identifiable pour les cibles de consommateurs. Non seulement pour répondre à leurs besoins et à leurs attentes mais aussi, pour ne pas les tromper ou les désinformer, au risque de les faire se tourner vers des produits de la concurrence, ou tout simplement détruire le processus de fidélisation. Alors, à quand les bonnes pratiques sur les packagings de produits alimentaires pour les semaines, les mois et les années à venir ?  A quand le réveil des consciences des grands acteurs de la distribution ?

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