Seuls 18% des Français détiennent une bonne « hygiène informationnelle »

presse

L’agence Elan Edelman a publié l’édition France 2021 de son étude mondiale « Edelman Trust Barometer ». Selon cette étude, les citoyens français sont seulement 18% à avoir une bonne hygiène informationnelle, et 67% des Français attendent des chefs d'entreprise qu'ils interviennent en relais des gouvernements quand celui-ci peine à résoudre les problèmes sociétaux. Après avoir constaté une bulle de confiance entre janvier et mai 2020 portée par un contexte de crise sanitaire sévère, l’édition 2021 du Trust Barometer met en lumière une défiance mondiale généralisée. La France fait encore une fois figure d’exception dans le paysage mondial avec un niveau de confiance en légère hausse (+3 points) à 48%, et une légère embellie de confiance envers le gouvernement (+2 points) qui atteint 50% alors que les États-Unis, la Corée du Sud, l’Argentine, la Colombie et le Japon affichent une perte de confiance envers toutes les institutions et se situent en zone de défiance - même la Chine enregistre sa plus importance baisse de confiance des dernières années (-10 points).

Pour autant, l’édition française 2021 démontre une crise de confiance à deux visages. D’un côté, toutes les figures d’autorité traditionnelles souffrent d’un déficit de confiance. Après un an de crise sanitaire, les figures d’autorité sont fortement questionnées en France : les scientifiques n’enregistrent plus que 61% de confiance, soit une baisse de 17 points par rapport à 2020 ; les personnes appartenant à ma communauté locale perdent également 17 points de confiance (51%) ; et le monde associatif ne recueille que 52 % de confiance, soit une baisse de 6 points. La confiance envers les décisionnaires politiques est également fortement remise en cause. A un an de la prochaine élection présidentielle, plus d’un Français sur deux (55%) est convaincu que les élites politiques véhiculent délibérément des informations fausses ou exagérées. Cette crise de confiance envers les élites s’accompagne d’une crise de l’information. L’édition 2021 révèle que la pandémie a donné lieu à une « infodémie », une surabondance d’informations exactes et d’informations fausses, tant en ligne que dans les médias traditionnels.

43% de confiance pour les médias traditionnels

Toutes les sources d’information enregistrent une baisse de confiance : les médias traditionnels ne cumulent plus que 43% de confiance et les réseaux sociaux sont au plus bas avec 19% de confiance. Plus inquiétant encore, les médias sont perçus comme partisans et biaisés avec 55% des Français qui sont convaincus que la plupart des organes de presse sont plus soucieux de soutenir une idéologie ou une position politique que d’informer le public, 57% qui pensent que les journalistes les induisent en erreur en déclarant certaines choses qu’ils savent être fausses ou exagérées et 61% qui pensent que les médias ne sont pas suffisamment objectifs et ne font pas preuve d’impartialité.

Cette crise de confiance envers l’information s’explique par un manque « d’hygiène informationnelle » de la population française, qui s’évalue grâce à des critères comme l’intérêt pour l’actualité (lire, regarder ou écouter l’actualité), la consultation de plusieurs sources d’information, la vérification systématique des informations et de l’intégrité de la source, et le partage d’informations vérifiées. L’étude révèle que seuls 18% des Français détiennent une bonne « hygiène informationnelle » et qu’elle est une condition pour sortir de la crise sanitaire. On constate un parallèle entre le niveau d’éducation informationnelle et l’hésitation à se faire vacciner : les Français avec une bonne « hygiène informationnelle » sont 16 points plus susceptibles de se faire vacciner (62% vs 46%).

L’inquiétude majeure des Français est économique

« La crise de la Covid-19 est la première pandémie à l’heure de nouvelles technologies et de l’information continue. Ces technologies nous ont permis d’être en sécurité, de nous informer en temps réel et de rester connectés, mais elles ont également contribué à une épidémie de désinformation, une « infodémie » qui ébranle la confiance des Français envers les items refuges traditionnels comme les scientifiques et les politiques », a déclaré Alexandre Faure, Managing Director chez Elan Edelman.

Le Trust Barometer 2021 révèle que la peur de contracter le virus n’est pas la première et seule crainte des Français (« seulement » 65%). L’inquiétude majeure reste économique et liée à l’employabilité : 82% des Français affirment être inquiets de perdre leur emploi suite à la crise sanitaire, 59% craignent que la pandémie n’accélère le remplacement des travailleurs par l’IA et les robots et ils sont d’ailleurs 44% à avoir déjà été exposés dans leurs entreprises à des réductions de temps de travail ou à des suppressions d’emplois depuis le début de la pandémie. Les préoccupations des Français ont évolué par rapport à 2020 : ils sont 65% à penser qu’il est désormais plus important d’améliorer le système de santé, 56% à vouloir davantage lutter contre le changement climatique et 55% à accorder une plus grande importance à la transformation du système éducatif.

Les Français attendent des actions collectives

De plus, l’activisme est en progression chez les consommateurs comme chez les employés. 6 consommateurs sur 10 estiment avoir aujourd’hui le pouvoir de faire évoluer les grandes entreprises et marques et 47% des employés déclarent être plus susceptibles d’exprimer leur désaccord avec la direction qu’ils ne l’étaient il y a un an. L’employeur devient la seule valeur refuge face à la crise sanitaire. 70% des Français déclarent avoir confiance en leur employeur (+3 points) et 43% déclarent que leur employeur a su créer un environnement propice pour retourner au travail en sécurité : l’employeur est devenu une figure stable face à l’incertitude générée par la crise sanitaire. Dans un paysage médiatique envahi par la défiance, cette figure émerge comme un filtre à l’accès à l’information et joue un rôle clé dans la préservation de la qualité de l’information. 66% des Français affirment croire les informations qui émanent de leur employeur. Cependant, les attentes des Français deviennent également plus élevées envers la sphère business : 75% estiment que les leaders économiques ont une responsabilité envers le grand public, 67% attendent des dirigeants d’entreprise qu’ils s’impliquent publiquement dans la gestion des problèmes de société lorsque le gouvernement ne les résout pas et 66% souhaitent que les dirigeants, et particulièrement les CEO, deviennent leaders du changement.

Selon l’agence Elan Edelman, cette crise de l’information et de la confiance provoque des opportunités et les Français attendent : un leadership plus fort de la part des entreprises, un leadership factuel et empathique, un leadership qui repose sur des informations fiables, et une approche collaborative entre entreprises, pouvoirs publics, ONG et grand public. Les Français attendent des actions collectives pour adresser les enjeux sociétaux et économiques.

Pour lire les résultats de l’étude dans leur intégralité, c’est par ici.

À lire aussi

Filtrer par