+38% : la course folle de la grande conso

Course

C'est du jamais vu en France. Entre le 9 et le 15 mars, les ventes des produits de grande consommation ont progressé de 38% par rapport à l'année dernière.  Dans nos sociétés repues, la séquence, certes inédite, n'est pas facilement compréhensible tant les messages des distributeurs et de la filière agroalimentaires sont rassurants et audibles par tous. Lors de cette semaine atypique, le chiffre d’affaires a dépassé 2,7 milliards d’euros alors qu’en  moyenne le chiffre d’affaires hebdomadaire est de l’ordre de 2 milliards d’euros. "Si le mois de février a vu le marché français fluctuer plus fortement que  d’habitude, c’est vraiment à partir du passage au stade 2 de la pandémie (le 28 février) que les ventes  en magasin ont connu des hausses atypiques de façon récurrente" précise l'institut d'étude Nielsen, "les déclarations successives d’Emmanuel Macron (le jeudi 12 mars, annonce de la fermeture de tous  les établissements scolaires à partir du 16 mars), puis d’Edouard Philippe le 14 mars (passage au  stade 3 avec la fermeture des bars et restaurants), ont enclenché des achats de panique en prévision  du prochain confinement".

Stockage

Cette semaine, trois rayons se distinguent avec une croissance du chiffre d’affaires supérieure à 65% : l’hygiène-beauté (+85%), l’épicerie salée (+71%), et le rayon papier (toilette) avec+69%. Dans le détail, les consommateurs ont en effet privilégié les produits alimentaires non périssables, pouvant être stockés, ainsi que les produits d’hygiène. Les semaines précédentes avaient vu les foyers français acheter par précaution et stocker chez eux dans l’incertitude la plus totale des semaines à venir, le montant des tickets de caisse augmentant significativement et dépassant parfois 500 voire 600 euros. L’ensemble des rayons en a profité, même les alcools (+7%) et les glaces (+9%) qui avaient jusqu’ici peu profité des achats de précaution.

Covid-19 Nielsen

Et après ?

Pour Daniel Ducrocq, directeur des services à la ​distribution, “jusqu’ici, malgré les craintes et rumeurs  qui ont circulé, la France n’a pas eu à souffrir de pénurie ni même de ruptures significatives, à l’exception  de quelques catégories de produits, en particulier sur les sites des drives, difficilement accessibles et avec  un assortiment réduit.”  Au-delà de cette saturation de certains sites de drives, l’incertitude aura "rarement été aussi forte pour le futur proche de la grande consommation. La semaine qui vient de s’écouler devrait montrer  des temps forts très différents - avec un avant et un après mardi 17 mars à midi - entre la frénésie du  début de semaine et l’entrée des Français dans la période de confinement".  Les récentes observations ​dans d’autres pays comme la Chine  et l’Italie​ "nous donnent des clés pour anticiper les phénomènes à venir". Nielsen a identifié six étapes  dans l’évolution des comportements d'achat face au Covid-19, et la vie en confinement correspond à  la cinquième étape. Elle se caractérise par une réduction drastique de la fréquence d'achat, un réassort du garde-manger qui devient compliqué (même en ligne), des préoccupations  grandissantes sur les prix pratiqués alors que la pénurie affecte certaines catégories de produits  selon les pays. Dans certains pays, le panier a eu tendance à continuer à augmenter, avec des  consommateurs prêts à dépenser plus pour ses achats d'hygiène et santé. "Si en France, les foyers se sont déjà bien stockés ces dernières semaines, le confinement national  crée un environnement totalement nouveau, avec notamment la substitution des déjeuners pris à  l’extérieur (cantines, restaurants d’entreprise, fast-foods, brasseries…) par la prise de repas à  domicile. C’est ce besoin mécanique de davantage de produits alimentaires qui va nourrir la  croissances des semaines à venir - malgré de nouvelles contraintes pour faire les courses".   Comme observé en Italie, les hypermarchés devraient logiquement souffrir de cette période de  confinement, les Français étaient incités à privilégier les courts déplacements autour de leur  domicile. "Les commerces de proximité vont mécaniquement en profiter, tout comme le e-commerce,  sur sa lancée des dernières semaines​".    

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