Nestlé adopte le Nutri-Score

Nestlé

Le géant agroalimentaire Nestlé va adopter l'étiquetage nutritionnel simplifié Nutri-Score pour tous ses produits vendus en Europe. Une décision qui marque un tournant dans l'information du consommateur, alors que l'Union européenne planche sur un système commun. Le géant suisse, qui commercialise notamment les marques Nestea, KitKat, Buitoni ou Nesquik, détaillera à la rentrée l'agenda du déploiement, qui devrait durer deux ans, et débutera dans les pays qui soutiennent déjà le Nutri-Score et en Suisse. Déjà en place en France depuis l'automne 2017, de façon facultative en raison de la réglementation européenne actuelle, ainsi qu'en Belgique et en Espagne, ce système d'étiquetage est basé sur cinq lettres (A, B, C, D et E) et un code couleurs, du vert au rouge, selon la qualité nutritionnelle de l'aliment. "On va être très clair, ce n'est pas possible d'avoir des A partout" précise à l'AFP, le directeur général de Nestlé France Pierre-Alexandre Teulié "par contre être le meilleur dans chaque catégorie, c'est l'objectif qu'on peut raisonnablement viser".  "Nestlé joue la transparence et c'est très bien, mais quid des autres groupes ? Notamment ceux qui ont des portefeuilles de produits moins favorables du point de vue nutritionnel: qu'attendent-ils pour jouer la transparence ?", s'est interrogé Olivier Andrault, chargé de mission alimentation à l'UFC-Que Choisir.

Cacophonie

Nestlé a fait partie, en 2017, d'un groupe de six multinationales (avec Coca-Cola, PepsiCo, Mars, Mondelez et Unilever) qui refusaient le Nutri-Score et appelaient à utiliser un autre système baptisé Evolved Nutrition Label (ENL), basé sur une approche par portions. Il avait ensuite quitté cette alliance. Contactés par l'AFP, la totalité de ces groupes assurent aujourd'hui qu'ils soutiennent la mise en place d'un processus d'étiquetage uniforme à l'échelle européenne, mais dans le même temps, certains poussent des systèmes d'étiquetage nutritionnel différents. Ainsi, Mars utilise depuis 2009 l'étiquetage Apports Quotidiens de Référence (AQR) sur ses produits, et cela dans le monde entier. PepsiCo et Coca-Cola ont pour leur part indiqué qu'ils testaient en Europe le système Nutri-Couleurs, basé sur la méthode dite "feux tricolores" en vigueur au Royaume-Uni. D'autres, comme Unilever, attendent la publication d'un rapport de la Commission européenne sur l'étiquetage nutritionnel "avec l'espoir qu'il amènera plus de clarté dans le choix d'un système harmonisé et les critères nécessaires". Face aux différents systèmes concurrents, des associations de consommateurs européens de sept pays, dont l'association française UFC-Que Choisir, ont fait leur choix en lançant il y a un mois une pétition pour demander à la Commission européenne de rendre obligatoire le Nutri-Score. Pour le directeur général de Nestlé également, il est "important qu'il n'y ait qu'un seul système au niveau européen", et c'est le Nutri-Score qui "semble émerger". De plus, "en tant que leader mondial et européen de l'agroalimentaire, on sait que notre position risque de faire bouger quelques lignes et avoir un effet domino", ajoute-t-il. L'association Foodwatch, qui s'est félicitée de "cette victoire contre la désinformation menée jusqu'alors par le géant agroalimentaire", a également reconnu que "la décision de Nestlé augmentait les chances de voir le Nutri-Score devenir le logo officiel plébiscité par toute l'Europe".

  

 

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