483 millions € supplémentaires pour la presse sur deux ans

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C’est dans la soirée de jeudi que le ministère de la Culture a annoncé, via un communiqué, la mise en place d’un plan de soutien à la filière presse d’un montant global de 483 millions €. Le gouvernement met ainsi au pot 106 millions € en 2020 qui devraient permettre de garantir « la continuité » de la distribution de la presse et soutenir les acteurs les plus impactés (marchands de journaux, titres ultramarins, éditeurs), mesure qui s’ajoutent aux mesures transversales à l’ensemble de l’économie auxquelles les acteurs de la filière ont également eu recours, souligne le ministère : 76 millions € pour assurer la poursuite de l’activité de la messagerie Presstalis (aujourd’hui France Messagerie) jusqu’au 1er juillet 2020, 19 millions € d’aide pour soutenir les marchands de journaux, 8 millions € pour les éditeurs d’information politique et générale (IPG) et 3 millions € pour les titres d’IPG d’outre-mer.

Mais pour « consolider l’avenir de la presse » confrontée à la crise, l’État met parallèlement en place un plan de filière, doté de 377 M€ sur les deux années à venir, jusqu’en 2022. Un plan de relance qui vise à « accompagner les transitions écologique et numérique du secteur », relève le ministère de la Culture, structuré en 5 axes. D’abord, la volonté d’encourager la souscription d’abonnement à la presse d’information politique et générale via la mise en place d’un crédit d’impôt d’un coût annuel estimé pour l’heure à 60 millions €. De même, en complément des aides au pluralisme existantes, réservées aux titres papier, une aide qualifiée de « pérenne » sera instaurée en faveur des services de presse en ligne d’information politique et générale, à hauteur de 4 millions par an, ainsi que pour les titres de presse ultramarins, à hauteur de 2 millions € par an, à compter de 2021. Le 2ème axe prend la forme d’un fonds de transformation des imprimeries de la presse régionale qui sera doté de 18 millions € par an, afin de permettre aux « structures industrielles de s’adapter à la baisse continue des flux ». 5 millions € ont d’ores et déjà été votés en lois de finances rectificative pour l’amorcer, pointe le communiqué. Un fonds pour la transition écologique (8 M€ par an) est en outre mis en place pour financer « des projets d’investissements multi-acteurs afin de réduire l’empreinte carbone du secteur et pour accompagner la fin de l’éco-contribution en nature dont bénéficient aujourd’hui les éditeurs ».

Un 3ème axe accompagnera la réforme « en profondeur » de la filière de la distribution. Si l’État a apporté un financement de 80 millions € pour faire démarrer France Messagerie, celui-ci s’attend maintenant à ce que éditeurs assurent « la viabilité de leur outil de distribution ». Le ministère de la Culture entend par ailleurs reformer le transport postal de la presse « devenu non soutenable du fait de l’érosion des volumes » pour une « meilleure articulation entre portage et postage ». Parallèlement, le montant de l’aide à la modernisation des diffuseurs de presse sera doublé (+ 6 millions €/an). Afin d’aussi accompagner la « transformation » des modèles économiques et pour « encourager l’innovation », le Fonds stratégique pour le développement de la presse du ministère de la Culture (initialement doté de 16,5 millions €) voit ses crédits abondés à hauteur de 25 millions € par an, alors qu’une « démarche de simplification des procédures a été entamée et concertée avec le secteur ». 5 M€ ont d’ores et déjà été votés en loi de finances rectificative pour l’année 2020, rappelle le communiqué. De même, un Fonds de lutte contre la précarité, doté de 18 millions € par an, sera également mis en place afin d’accompagner les acteurs les plus fragiles de la profession (pigistes, photojournalistes, dessinateurs de presse…).

Une mission interministérielle sur l’impact des évolutions de la pub numérique 

Enfin, 5ème axe, le souhait du gouvernement de rendre « plus équitables les conditions de concurrence avec les plateformes numériques, dont dépend la sauvegarde des recettes publicitaires de la presse », via la « bonne application » de la nouvelle législation sur le droit voisin et la refonte de la régulation publicitaire à l’ère du numérique. Dans ce cadre, le ministère de la Culture annonce le lancement d’une mission chargée « d’analyser et de mettre en lumière les impacts des évolutions majeures en cours dans le secteur de la publicité numérique ». Cette mission, dont le rapport est attendu « à l’automne 2020 », proposera également au gouvernement « des pistes pour revoir la régulation de ce secteur, tant au niveau national qu’au niveau européen », ambitionne le ministère.

Mais le gouvernent prévient : « en contrepartie de ce soutien conséquent » il dit s’attendre de la part des éditeurs de presse à ce qu’ils se montrent « exemplaires en matière de transition écologique, de parité et diversité, mais aussi de lutte contre la précarité des professions les plus fragiles du secteur (pigistes, photojournalistes, correspondants locaux de presse, vendeurs-colporteurs, etc.) ». Quoi qu’il en soit, toutes ces subventions s'ajouteront aux 840 millions annuels d'aides à la presse, rappelle le ministère.

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