De Arnaud Lagardère à Arnault-Lagardère

Arnaud Lagardère

La société holding de Bernard Arnault, actionnaire majoritaire du groupe de luxe LVMH, va se porter au secours de la holding personnelle très endettée d'Arnaud Lagardère, dont il va prendre "environ un quart" du capital de façon à "renforcer" sa solidité financière. Après le soutien du financier Marc Ladreit de Lacharrière (holding Fimalac) et du groupe Vivendi de Vincent Bolloré, montés au capital de Lagardère SCA, Arnaud Lagardère voit désormais Groupe Arnault, la holding de Bernard Arnault, venir à la rescousse de ses finances personnelles. "Les familles Arnault et Lagardère sont convenues de se rapprocher au sein de Lagardère Capital & Management (LC&M)", la société holding d'Arnaud Lagardère qui porte sa participation dans le groupe Lagardère, ont indiqué les deux parties dans un communiqué lundi. "À l'issue d'une augmentation de capital et de l'achat de titres, Groupe Arnault détiendra une participation d'environ un quart du capital de LC&M", ont-ils ajouté, sans préciser les détails financiers. Selon des informations des Échos, le montant de la transaction "serait inférieur à 100 millions d'euros".

LC&M regroupera alors la société Arjil Commanditée-Arco, gérant commandité du groupe Lagardère SCA, ainsi que l'actuelle participation de 7,26% d'Arnaud Lagardère dans le groupe d'édition, distribution et médias qui porte son nom. Le statut atypique du groupe en commandite par actions permet à Arnaud Lagardère (associé-commandité) de conserver le contrôle du groupe Lagardère avec seulement quelque 7% des parts. "Ce rapprochement va permettre de renforcer la structure et les capacités financières de LC&M. Les groupes familiaux de Bernard Arnault et Arnaud Lagardère agiront de concert vis-à-vis de Lagardère SCA", précise le communiqué.

Les comptes de la holding personnelle d'Arnaud Lagardère font l'objet de spéculations diverses depuis l'arrêt de leur publication en 2009. Le fonds d'investissement Amber Capital, aujourd'hui premier actionnaire du groupe Lagardère avec 18% du capital, avait obtenu en octobre du tribunal de commerce de Paris la publication des comptes de LC&M. Il souhaitait notamment vérifier son niveau d'endettement : un associé commandité est responsable indéfiniment des dettes de l'entreprise sur ses biens propres ; or, la participation d'Arnaud Lagardère dans le groupe sert de garantie pour le remboursement des dettes contractées par sa holding. Amber s'interrogeait également sur l'utilisation et la destination des fonds versés par Lagardère à LC&M. Arnaud Lagardère n'avait pas obtempéré, mais le groupe Lagardère avait indiqué mi-janvier à l'AFP, confirmant des informations du Point, que LC&M était endetté à hauteur de 164 millions d'euros en 2019 - soit une dette inférieure de 22 millions d'euros à la valeur des actions d'Arnaud Lagardère dans le groupe à la même date et divisée par près de trois depuis 2008.

Une arrivée "amicale" accueillie "très positivement"

Fondé par Jean-Luc Lagardère, le père d'Arnaud, le groupe est aujourd'hui recentré sur l'édition (Hachette) et la distribution (Relay), et reste la maison mère d'Europe 1, du Journal du Dimanche et de Paris Match. Arnaud Lagardère a récemment remporté en assemblée générale le bras de fer qui l'opposait à Amber Capital, qui souhaitait renouveler la quasi-totalité du conseil de surveillance puis écarter son gérant. Pour déjouer ce projet, M. Lagardère a obtenu l'appui du fonds souverain du Qatar, troisième actionnaire avec environ 13% du capital mais 20% des droits de vote. Surtout, il s'est entouré de poids lourds de la Bourse : Marc Ladreit de Lacharrière, dont la holding Fimalac est cependant restée sous la barre des 5% du capital de Lagardère SCA, et Vincent Bolloré, dont le groupe de médias et d'édition Vivendi a acquis quelque 10% de Lagardère avant l'assemblée générale, devenant le deuxième actionnaire. Depuis, Vivendi a continué de se renforcer, jusqu'à dépasser 16,48% du capital au 21 mai, selon une déclaration à l'Autorité des marchés financiers publiée lundi. A ces soutiens, s'ajoute désormais, via la holding LC&M, l'appui de Bernard Arnault.

L'arrivée "amicale" de Bernard Arnault est accueillie "très positivement" par Vivendi, et démontre "qu'il croit (comme le groupe de Vincent Bolloré) en l'avenir des activités du groupe Lagardère", a indiqué une source proche de Vivendi à l'AFP. "J'ai reçu favorablement la proposition d'Arnaud Lagardère de nous associer à lui. Mon amitié avec Jean-Luc Lagardère a lié nos familles et j'ai le plus grand respect pour le groupe qu'il a construit", a commenté de son côté M. Arnault lundi, tandis que M. Lagardère prédit "une collaboration durable et féconde". Bernard Arnault a siégé de 2004 à 2012 au conseil de surveillance de Lagardère, avant d'y être ensuite brièvement remplacé par son fils Antoine. Arnaud Lagardère a lui siégé au conseil d'administration de LVMH, numéro un mondial du luxe contrôlé par M. Arnault.

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