Audiovisuel public : Rachida Dati ambitionne une plus grande visibilité pour attirer de nouveaux publics

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Rachida Dati, ministre de la Culture

Avec son projet de fusion de l'audiovisuel public, qui est contesté, la ministre de la Culture Rachida Dati affirme vouloir "attirer de nouveaux publics, en particulier les jeunes" vers des contenus "plus innovants" et de "nouveaux canaux de diffusion". Dans les rangs macronistes, le député et ex ministre Clément Beaune en profite pour faire part de ses réserves.

La "réforme proposée par le président de la République, que je porte, ne vise pas à tirer un trait sur ce qui existe et fonctionne", assure la ministre à La Tribune Dimanche, au sortir d'une grève qui a touché l'ensemble du secteur jeudi et vendredi. Le projet "vise à renforcer les capacités de l'audiovisuel public à accomplir sa mission essentielle : créer du commun en s'adressant à tous, en faisant en sorte que chacun puisse se construire librement, par-delà les déterminismes et les assignations", soutient Mme Dati.

Une stratégie plus dynamique

La fusion doit concerner France Télévisions, Radio France, l'Ina (Institut national de l'audiovisuel) et France Médias Monde (RFI, France 24). L'intégration de ce dernier groupe provoque cependant un débat jusque dans le camp présidentiel. Mme Dati prévoit une phase transitoire avec une holding commune au 1er janvier 2025, puis la fusion un an après. Quelque 16.000 salariés sont concernés. L'entreprise unique doit permettre de "réduire substantiellement les lourdeurs" des coopérations et de "mettre en œuvre une stratégie plus dynamique et coordonnée sur les investissements prioritaires", défend Mme Dati. "La réforme aidera à une plus grande visibilité afin d'attirer de nouveaux publics, en particulier les jeunes", insiste-t-elle. Car "il est devenu vital de leur proposer des contenus éditoriaux plus innovants, d'être davantage présents sur les nouveaux canaux de diffusion où de plus en plus de jeunes - mais aussi de moins jeunes - s'informent et, parfois, subissent de la désinformation". La ministre souligne la hausse de l'âge moyen des téléspectateurs et auditeurs, qui "touche encore plus nos médias publics". "C'est un fait qui est aussi un enjeu démocratique", estime-t-elle.

Quand un macroniste se dit "pas convaincu" par l'état actuel de la réforme

Le député Renaissance et ancien ministre, Clément Beaune a réagi vendredi sur l’antenne de Sud Radio au projet de réforme de l’audiovisuel. "Je comprends l'inquiétude (...) Je vais être honnête, je ne suis pas convaincu par l'état actuel de la réforme" visant la fusion des différentes composantes de l'audiovisuel public au sein d'une seule entité, a déclaré M. Beaune, ancien ministre délégué chargé de l'Europe (2020-22), puis aux Transports (2022-24). Membre de l'aile gauche du camp présidentiel, le député de Paris a "deux interrogations" : "Est-ce que la radio sera bien protégée par une entreprise unique ? Il faut qu'on ait des garanties là-dessus, aujourd'hui, ce n'est pas encore suffisamment le cas", a-t-il estimé. Et "est-ce qu'on intègre (dans la nouvelle structure) France Médias Monde, l'audiovisuel extérieur, France 24 et RFI, qui sont des télé et radio essentielles à l'influence française dans le monde ? Moi, je pense qu'il ne faut pas les inclure dans cet audiovisuel rassemblé", a-t-il dit. "Ce n'est pas fini, ce n'est pas abouti. Sur un sujet comme ça, je pense qu'il ne faut pas aller trop vite", a souligné Clément Beaune, en plaidant pour le "dialogue social" et un "temps nécessaire à l'écoute". Le projet a pour l’heure pris du retard : son examen à l'Assemblée nationale, qui devait avoir lieu jeudi et vendredi, a été repoussé face à l'encombrement de l'ordre du jour. Le texte pourrait n'être examiné qu'en juin.

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